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Commentaire d'un passage de Pierre et Jean, Guy de Maupassant, 1888

Par   •  10 Juin 2018  •  1 858 Mots (8 Pages)  •  782 Vues

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La description du port telle qu’elle apparaît dans ce passage nous fait ainsi entrevoir les pensées et émotions qui agitent Pierre.

Le thème du double est omniprésent. On observe une redondance du mot « deux « : « les deux phares » (l 2), les « deux cyclopes » (l2), « deux foyers voisins » (l3), « les deux rayons parallèles » (l3), « de deux comètes » (l 4), « deux jetées « (l5), « deux autres feux « (l5). Cela renvoie aux destins des deux frères, qui auraient dû être parallèles, voire identiques, comme le suggère l’adjectif « jumeaux » (l3). L’héritage de Jean introduit un déséquilibre, leurs destins seront radicalement différents, et la rivalité fraternelle devient d’autant plus vive. Par ailleurs, le thème du double peut aussi se rapporter à la personnalité de Pierre. Il ressent des émotions contradictoires, qui le dépassent. Ces émotions sont d’ailleurs décrites dans le début du chapitre 2, Pierre n’arrive pas trouver un équilibre entre sa raison et ses émotions, il y a en lui un être double, l’un dominé par ses sens et ses émotions, l’autre par la raison. Ce contraste est mis en évidence par les courtes parties de discours direct, au présent, et ponctuées par un point d’exclamation : « Voilà, et nous nous faisons de la bile pour quatre sous ! » (l21, « Si on pouvait vivre là-dessus, comme on serait tranquille, peut-être ! «(l 26). Le fait qu’il parle de lui au pluriel rappelle encore la dualité de sa personnalité. On perçoit bien que Pierre essaie à toute force de se raisonner, de se persuader qu’il peut être heureux sans avoir autant d’argent que son frère, mais qu’il peine à y arriver (le passage se termine par « peut-être »).

Ses angoisses quant à son avenir et à la jalousie qui le ronge sont perceptibles à travers la description du paysage : les phares sont comparés à des « cyclopes » qui sont « monstrueux »(l2), la pente « démesurée » (l5), le phare « énorme ». Pierre semble minuscule et faible face à des géants, écrasé par le poids du destin, qui, comme les « paupières » suit un « mouvement mécanique invariable et régulier » (l 9),sur lequel Pierre n’a pas de prise. Pierre est désorienté, il cherche ce qui pourrait le guider, comme la lune-phare guiderait « la flotte infinie des vraies étoiles » (l19).

Un événement « soudain » vient perturber sa contemplation (l22). C’est une barque de pêche mais son apparition est décrite de façon angoissante : « une ombre, une grande ombre fantastique, glissa » (23). On insiste par la redondance du mot « ombre », auquel sont ajoutés des adjectifs qui renforcent l’aspect inquiétant que peut prendre une ombre.

Cette ombre menaçante préfigure le doute qui va naître dans l’esprit de Pierre concernant la véritable signification de l’héritage de Jean, doute qui va mettre en péril l’équilibre familial mais aussi l’équilibre de Pierre lui-même.

Ce passage essentiellement descriptif remplit donc plusieurs fonctions dans le récit. Par son aspect réaliste, cette description a une fonction référentielle, qui permet au lecteur de se projeter dans un temps et un lieu précis. Par son aspect suggestif à la façon des peintres impressionnistes, elle a également une fonction esthétique et aide le lecteur à s’identifier au personnage, à voir avec ses yeux. Enfin, à l’aide notamment de comparaisons et métaphores créant une atmosphère singulière, elle assure une fonction symbolique qui amène le lecteur à percevoir les états d’âme du personnage. Face à la mer, Pierre est pris dans des émotions contradictoires : il cherche à se raisonner, à contrôler sa jalousie envers son frère. Le paysage pourtant familier revêt un caractère étrange et un peu inquiétant, à l’image des angoisses qu’éprouve Pierre quant son avenir et surtout du pressentiment qu’il éprouve d’une menace qui plane, liée à l’héritage. Cette menace sur la famille, c’est le doute puis la certitude qui vont progressivement se dévoiler dans le récit concernant la paternité de Jean et la conduite de la mère. Et tout comme Pierre se sent minuscule face au panorama nocturne qui s’offre à son regard, il va être dépassé par le poids de son destin et ses émotions incontrôlables.

- Une description réaliste

- Description : temps de l’imparfait/ les noms précis de lieux/champ lexical

- Focalisation interne : on découvre le paysage en même temps que Pierre

- Description un peu floue : lumières, couleurs

Impressionnisme. Donc reflet états d’âme

- Une vision fantastique

- Comparaisons et métaphores avec mythologie, dieux, ciel

- Registre fantastique, angoissant : géants, immense,

- Une description qui reflète les états d’âme de Pierre

- La rivalité avec thème de la gemellité

- Les angoisses quant à l’avenir et le sentiment d’impuissance

- L’ombre de l’infidélité de la mère

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