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Camus, Meursault

Par   •  29 Novembre 2017  •  2 623 Mots (11 Pages)  •  466 Vues

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être dotés d’une puissance, d’une volonté maléfique, d’une pensée propre.

Par sa présence doublement hostile, le soleil exerce une emprise à laquelle il est impossible d’échapper. Meursault le dit clairement :

« je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d’un pas ». Il ne peut que ressentir ses terribles effets. Pour Meursault, qui est un personnage extrêmement sensoriel, il ne peut que ressentir de façon extrêmement intense cette force qui pèse sur lui.

Le soleil est aussi une source de souffrance

Meursault exprime son malaise par les termes tels que « Me faisait mal », « je ne pouvais plus supporter », « m’atteignait », « douloureux ». Ce malaise va d’ailleurs jusqu’à l’idée d’une agression avec trois images qui assimilent l’éclat de la lumière à une « lame », « un glaive » et à « une épée ». Ce caractère agressif de la lumière est renforcé par des verbes qui expriment une action instantanée et brutale : « giclé », « jaillit ».

De plus, il y a la souffrance que produit la sueur : elle est évoquée deux fois directement : « la sueur amassée dans mes sourcils », « J’ai secoué la sueur » et une fois pas le biais d’une métaphore « ce rideau de larme et de sel » : elle est ressentie comme une gêne

« J’ai secoué la sueur et le soleil » = Allitération en [s] ; Bourdonnement qui traverse les oreilles de Meursault en pleine confusion.

Le soleil est une présence douloureuse pour Meursault, qui ne cesse d’exprimer son mal, sa douleur. Ce soleil est la cause d’un aveuglement de Meursault, au sens propre et figuré.

Le soleil, ennemi épique : personnifications et hyperboles. Le soleil est le troisième personnage de l’extrait : il domine tout.

Le soleil devient une agression, avec toutes les métaphores qui assimilent l’éclat de la lumière à une "lame", un "glaive" et enfin une "épée" : gradation. Ces métaphores associées à des verbes exprimant une action brutale et instantanée, comme : "gicle" et "jailli" : la souffrance devient une torture : "rongeait", "fouillait".

Les effets principaux de la chaleur et du soleil se concentrent sur le visage de Meursault. Il sent "les veines" de son "front" battant "ensemble sous la peau". Il est également question des "yeux", des "sourcils", des "cils" et des "paupières". Une sensation auditive aussi pénible vient rejoindre les sensations visuelles et tactiles : "je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front".

Ton et temps : le ton employé par l’auteur est froid, neutre. Ce qui montre ce que Meursault ressent réellement. Et ce ton dépouillé empêche le lecteur de s’attacher aux personnages et le force à considérer les événements avec une certaine distance. Il n’y a pas de temporalité aussi, ou du moins elle est déconstruite. Au début on a l’impression que c’est une sorte de journal quotidien (marqueurs temporels comme « aujourd’hui », « maintenant », « hier », « cette semaine » qui sont nombreux. Puis dans un deuxième temps, cette perspective temporelle change, on n’arrive pas à dire quand Meursault a écrit cette histoire. Des indices temporels flous et divergents ne nous permettent pas de nous faire une idée bien précise. L’utilisation aussi du passé composé au lieu du passé simple permet de donner au récit une valeur de témoignage, une valeur d’existence qui ne serait pas rendue avec le passé simple.

Avec l’utilisation de ce temps, Meursault exprime une série d’actions autonomes et ponctuelles qui montre l’absence d’une pensée structurée. Ces marques temporelles font bien apparaître l’absurdité de son comportement et la vision floue qu’il a du monde.

Ce passé composé caractérise le récit vécu par Meursault (« j’ai fait le chemin à pieds », j’ai voulu voir maman tout de suite, mais le concierge m’a dit qu’il fallait que je rencontre le directeur. Comme il était occupé, j’attendis un peu ».

Ou

Une scène tragique : le meurtre

Le retour du personnage est présenté comme une banale promenade. Il se retrouve face à l’Arabe qui devient alors son adversaire, alors même qu’il est surpris de le voir à cet endroit. ("j’ai été surpris un temps").

C’est bien à cause du soleil que Meursault accomplit le geste qui va précipiter les choses : "A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j’ai fait un mouvement en avant". En réalité, ce "pas en avant" fait pénétrer le personnage dans le domaine de la tragédie : alors qu’il l’accomplit, Meursault sait en effet qu’il est inadéquat à la situation : "Je savais [ … ] que je ne me débarrasserais pas du soleil"; il sait même qu’il est en train de commettre une erreur: "Je savais que c’était stupide". Et c’est justement cette erreur qui déclenche inéluctablement le mécanisme tragique.

Le fait que Meursault, comme tout héros tragique, est dominé tout au long de cette scène par le destin, est clairement symbolisé par son aveuglement. Cet aveuglement a une double origine : il est le résultat de la lumière éblouissante : "Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux".

Cette cécité de Meursault se prolonge jusqu’au moment fatidique du meurtre puisque c’est seulement après avoir tiré qu’il retrouve la vue : "J’ai secoué la sueur et le soleil". Une telle coïncidence est, elle aussi, très symbolique car il semble que son geste, commis pourtant dans l’aveuglement, débouche sur une prise de conscience finale. Avec cet acte qui constitue une cassure irrémédiable dans sa vie, s’amorce la transformation progressive du personnage

Conclusion.

Dans cette œuvre, nous sommes appelés à réfléchir et s’interroger sur le sens de notre existence. Camus a voulu montrer que l’indifférence est punissable dans notre société. Meursault n’a pas menti, est resté honnête, libre et sincère : tout ceci a causé sa perte, sa condamnation. Anti héros et non conforme aux normes de la société, Camus a voulu que ce personnage soit absurde, déraciné et indifférent pour véhiculer sa pensée philosophique.

Les trois idées philosophiques de cet écrivain, d’abord l’Absurde qui est un courant littéraire mais le mot absurde veut dire ce qui est contradictoire

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