Le personnage de Meursault
Par Christopher • 25 Décembre 2017 • 3 423 Mots (14 Pages) • 627 Vues
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en [a], les
allitérations en [p] et des liquides font résonner la phrase. On retrouve ces sonorités dans les termes
évoquant le caractère agressif de la lumière : « pureté blessante pour les yeux » (l.6 : alliance d’un
terme abstrait et d’un terme plus concret qui suggère la souffrance physique), « lumière
aveuglante » (l. 10). Impossibilité de se soustraire à la lumière. Tout le premier paragraphe est ainsi
consacré à ces impressions visuelles
Mais ce qui étonne est que ces perceptions visuelles ne sont jamais associées à des
sensations auditives : « ils se sont assis sans qu’aucune chaise grinçât. » ; Je les voyais mais je
ne les entendais pas ».
2 Or le deuxième paragraphe est presque l’inverse : c’est au tour de la sensation auditive
d’envahir tout l’espace, celle de la page comme l’espace de la perception de Meursault : un
paragraphe entier est ainsi consacré aux pleurs de la femme dont la régularité est souligné
par la répétition régulière du verbe « pleurer » : « elle pleurait », « la femme pleurait
toujours », « s’est mise à pleurer », « elle pleurait », « et à continuer à pleurer » « une femme
s’est mise à pleurer ». Comme plus haut la lumière, le bruit répétitif devient source
d’agression.
Or cette femme se situe « au deuxième rang, cachée et je la voyais mal » nous dit Meursault.
C’est cette dissociation des sensations qui rend la scène étrange voire fantastique : cf le
phénomène de la vitre dont parle Camus et Sartre : transparence totale mais opaque aux
significations.
C Or les vieillards prennent un aspect fantomatique pour Meursault et font basculer la scène dans
une perception irréelle : « j’avais peine à croire à leur réalité »
- « Ils se sont assis sans qu’aucune chaise grinçât ». : concessive au subjectif imparfait (temps
rare dans cette première partie) implique l’impossibilité d’un tel acte
- Des personnages presque immatériels : « ils glissaient », « c’est un frôlement qui m’a
réveillé»
- Des personnages déshumanisés: les femmes ne sont réduites qu’à des ventres, à un tablier et
à un cordon qui les déforme. Les hommes sont tous maigres et ont des cannes : des êtres
sans individualité et qui se ressemblent tous.
- Des personnages raides et mécaniques : « Je ne voyais pas leurs yeux mais seulement une
lueur sans éclat au milieu d’un nid de ride » ; « les lèvres toutes mangées par leur bouche sans
dents » , il sont « assis à dodeliner de la tête » et quelques-uns produisent des « clappement
bizarres » en suçant l’intérieurs de leur joue « de temps en temps ». Ils donnent ainsi l’image
d’une humanité laide et condamnée au vieillissement qui nie les particularités de chacun et
les réduit à de simples mécaniques, des marionnettes. Même les cris de la femme par leur
régularité ressemblent à une mécanique : « et a continué à pleurer avec la même
régularité » ; « elle pleurait à petits cris régulièrement ».
- Des personnages qui semblent privés de sensations : ils ne réagissent pas à la femme qui
pleure : « Les autres avaient l’air de ne pas l’entendre », « ils étaient affaissées, mornes et
silencieux ». « Ils ne regardaient que cela » ; « une lueur sans éclat au milieu d’un nid de
rides » : absence de lumière dans leurs yeux, des bouches qui semblent disparaître. Cette
absence de sensations les prive de leur humanité et les transforme en sorte de morts
vivants: Ils sont ainsi l’image aussi d’une humanité condamnée à mourir comme semble
l’annoncer la bière (le cercueil) posé au milieu d ‘eux.
« Dans certaines heures de lucidité, l’aspect mécanique des gestes, leur pantomime rend stupide
tout ce qui les entoure. Un homme parle derrière une cloison vitrée. On ne l’entend pas. Mais on
voit sa mimique sans portée. » (Le mythe de Sisyphe)
II La solitude de Meursault et son absence de sentiment : une scène à portée symbolique : le
sentiment de l’absurde :
A Un étranger au monde, aux émotions, un être seul face aux autres :
Le fait que nous percevions la scène à travers la conscience de Meursault renforce cette
impression de solitude. Le passage se heurte à l’opposition des pronoms personnels et
déterminants de la première personne du singulier et ceux de la troisième personne du
pluriel : « lorsqu’ils se sont assis la plupart m’ont
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