Préface d'anthologie sur la mort et la liberté

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L'épisode de la mort du Père Goriot est bien représentatif d'un texte réaliste, et nous rappelle notre finitude, nous sollicitant sur le sens de la vie, l'éducation des enfants, et ce que signifie devenir adulte et mourir pour sa descendance. Il montre que recourir à des arguments touchant le cœur et pas seulement la raison est efficace pour interpeller le lecteur.

Pour illustrer la condition de l'homme face à l'absurdité de l'existence, nous avons inséré un extrait du Mythe de Sisyphe de Camus. Celui-ci argumente sans recourir ni au rire ni à la pitié afin d’inciter le lecteur à méditer et à réfléchir, sans subir ses émotions. Il a aussi une approche particulière de la mort. Camus nous rappelle qu'une des causes du châtiment de Sisyphe est « sa haine de la mort et sa passion de la vie ». De plus, on peut reconnaître à son personnage une certaine universalité : Camus fait de Sisyphe un représentant des Hommes, des « prolétaires », par son travail sans fin.

Le thème de la liberté

La Fontaine tout d'abord, car il a fréquenté la cour de Louis XIV, et y a vu et observé les courtisans, jugeant une liberté misérable préférable à des richesses asservissantes. Il présente les courtisans du roi comme des chiens flattant leur maître dans l'attente de récompenses, qui ne rachètent pas la liberté perdue.

Ensuite, nous avons ajouté ce texte de Victor Hugo car, ayant combattu Napoléon III et choisi de vivre exilé durant vingt ans pour défendre ses idées, Les Chatîments rendent compte de ce combat, mais aussi de sentiments plus personnels, comme la nostalgie de la patrie. Il place la liberté de pensée et d'expression si haut qu'il préfère être banni que d'approuver le pouvoir tyrannique de Napoléon III.

Rousseau expose, lui, son mode de vie : il vécut chez des amis fortunés, mais préféra une errance libre et source de réflexion. Il a encore une vision différente de la liberté ou de l'absence de liberté. Par exemple, pour lui la richesse force l'homme à se « fuir toujours », l'empêchant de s'épanouir librement, étant prisonnier de ses biens.

Un extrait de Germinal de Zola était indispensable, car il fait réfléchir le lecteur en utilisant son expérience personnelle. Zola s'est rendu dans le nord de la France où il a vécu parmi les mineurs, dans les corons. Il y a donc de Zola dans le personnage d’Étienne Lantier, même si le héros n'est pas l'auteur. Il associe les puissants, non aux nobles ou au tyran, mais aux patrons exploitant les ouvriers. La seule façon, pour eux, de commencer à être réellement égaux en droits est « l'instruction ». Là est la condition de toute véritable « réflexion » permettant à l'homme d'être libre.

Une liberté sans limite, c’est ce que prône Rabelais dans Gargantua. Le personnage, sujet d'une abbaye utopique, représente l'exacte inverse de la vie religieuse de son époque. Rien n’est soumis à la moindre contrainte : l'alimentation, les heures de lever et de coucher, les activités, les traditions, la spiritualité ou encore les rituels et les cérémonies. La devise dans cette abbaye est d'ailleurs : « Fais ce que voudras. »

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Regarder le visage si laid de la mort et expérimenter les limites de notre liberté sans en souffrir dans notre corps, c’est bien ce à quoi nous invitent ces grandes figures de notre littérature. Ainsi ces thèmes traversent-ils les siècles et, telle la déesse Métis, prennent des formes diverses pour mieux se faire entendre.

Comme dit Montaigne : « La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a appris à mourir, a désappris à servir. » Si notre anthologie autour de la liberté et de la mort ne nous permet pas d’aborder toute les questions soulevées par ces deux thèmes existentiels majeurs, cela serait vanité, cher lecteur, nous espérons néanmoins que ce regroupement de textes, forcément imparfait, te donnera envie de poursuivre ton cheminement.