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Platon et Pétrarque: au sujet de l'amour.

Par   •  31 Octobre 2017  •  4 378 Mots (18 Pages)  •  759 Vues

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était un rejeton de la lune puisque celle-ci se situe à une position intermédiaire entre la terre et le soleil.

Un jour, ces êtres humains se révoltèrent contre les dieux et en guise de punition, Zeus décida de les scinder en deux.

« Il me semble, dit-il, que je tiens un moyen pour que, tout à la fois, les êtres humains continuer d’exister et que, devenus plus faibles, ils mettent un terme à leur conduite déplorable. En effet, dit-il, je vais sur-le-champ les couper chacun en deux ; en même temps qu’ils seront plus faibles, ils nous rapporteront davantage, puisque leur nombre sera plus grand. Et ils marcheront en position verticale sur deux jambes; mais, s’ils font encore preuve d’impudence, et s’ils ne veulent pas rester tranquilles, alors, poursuivit-il, je les couperai en deux encore une fois, de sorte qu’ils déambuleront sur une seule jambe à cloche-pied.» Cela dit, il coupa les hommes en deux, ou comme on coupe les œufs avec un crin.

Apollon fut chargé de soigner la blessure. Ce châtiment mena toutefois l’espèce humaine à sa perte, chacun se mettant à la recherche de sa moitié jusqu’à en mourrir d’épuisement.

Mais, pris de pitié, Zeus s’avise d’un autre expédient : il transporte les organes sexuels sur le devant du corps de ces êtres humains. Jusqu’alors en effet, ils avaient ces organes eux aussi sur la face extérieure de leur corps (…) et ce faisant il rendit possible un engendrement mutuel, l’organe mâle pouvant pénétrer dans l’organe femelle. Le but de Zeus était le suivant. Si, dans l’accouplement, un homme rencontrait une femme, il y aurait génération et l’espèce se perpétuerait ; en revanche, si un homme tombait sur un homme, les deux êtres trouveraient de toute façon la satiété dans leur rapport, ils se calmeraient, ils se tourneraient vers l’action et ils se préoccuperaient d’autre chose dans l’existence.

Eros apparaît donc ici comme l’unique dieu capable de soigner ce mal en permettant cette antique union.

La discussion qui suit est un échange entre Socrate et Agathon dont découlent de leur réflexion trois constats fondamentaux:

L’amour est toujours amour de quelque chose. (200a)

Eros est amour de la beauté: « les choses bonnes sont belles » (201c). Par conséquent l’objet de l’amour c’est le beau que l’on ne peut séparer du bon.

« Eros porte sur quelque chose et (…) porte sur quelque chose dont on est dépourvu dans le moment présent » (201a). Ainsi, si l’amour présuppose le désir et que le désir implique l’absence de son objet, Socrate en conclut que l’amour manque de ce qui est beau et bon.

Ces trois remarques définissent selon Socrate la nature d’Eros. Il continue son discours en retraçant l’enseignement qu’il a reçu par Diotime. Eros ne peut être qualifié de dieu dans la mesure où les dieux sont heureux et beaux, « comment dés lors pourrait-il être un dieu si effectivement il est dépourvu de choses belles et des choses bonnes? ». Diotime place donc Eros dans une position intermédiaire entre le mortel et l’immortel, entre la terre et le ciel et lui assigne le nom de démon.

Le dieu n’entre pas en contact direct avec l’homme; mais c’est par l’intermédiaire de ce démon, que de toutes les manières possibles les dieux entrent en rapport avec les hommes et communiquent avec eux, à l’état de veille ou dans le sommeil.

Socrate s’interroge alors sur l’origine de ce démon. Sa mère est nommée Penia (Pauvreté) et le père Poros (Expédient). Eros a hérité de sa mère le manque du beau et du bien. En revanche, « à l’exemple de son père, il est à l’affût de ce qui est beau et de ce qui est bon ».

Quels sont les effets d’Eros et son rôle dans la vie humaine?

Par définition, nous l’avons vu, l’amour se définit comme le désir des choses belles et bonnes. Le bonheur de l’Homme réside en la possession de ces choses belles et bonnes. « On définira donc l’amour dans son sens le plus large en disant que c’est le désir, commun à tous les hommes de la possession éventuelle du bon ».

Qu’en est-il de sa fonction?

La nature de l’homme appelle à la procréation. Or, la procréation ne peut se faire que dans la beauté puisqu’elle a en elle-même quelque chose de divin: elle apporte à l’être mortel l’éternité et l’immortalité.

L’amour dans son sens plus étroit se définit alors non pas comme l’amour de la beauté mais l’amour de la génération dans la beauté.

Pour un être mortel, la génération équivaut à la perpétuation dans l’existence, c’est-à-dire à l’immortalité. Or le désir d’immortalité accompagne nécessairement celui du bien, d’après ce que nous sommes convenus, s’il est vrai que l’amour a pour objet la possession éternelle du bien. De cette argumentation, il ressort que l’amour a nécessairement pour objet aussi l’immortalité.

Ceci ne constitue toutefois qu’une étape vers la contemplation suprême de l’amour dont voici le chemin:

Recherche des beaux corps. Constat que la beauté corporelle est la même dans tous les corps.

Prédominance de la beauté de l’âme sur celle du corps.

Beauté dans les actions, les lois et les sciences. Beauté de la sagesse.

Etape suprême: « Celui qui a contemplé les choses belles dans leur succession et leur ordre correct (…) est désormais arrivé au terme suprême des mystères d’Eros (et) apercevra soudain quelque chose de merveilleusement beau par nature. (…) Une réalité qui tout d’abord n’est pas soumise au changement (…) elle lui apparaîtra en elle-même et pour elle-même ».

Le discours de Diotime ouvre ici une perspective nouvelle: celle de l’intelligible. Au terme des étapes énoncées ci-dessus s’opère un passage du sensible à l’intelligible, qui n’est possible qu’uniquement grâce à Eros. Si pour Aristophane, le pouvoir d’Eros se déploie dans l’union des êtres au niveau sensible, selon Diotime et Socrate, Eros assure ce passage entre le sensible et l’intelligible, la véritable immortalité se trouvant au niveau de ce dernier.

La doctrine philosophique de l’amour dans Le Banquet prend la forme d’un mythe. L’amour est présenté comme un être situé dans une position intermédiaire, ni bon ni mauvais, ni beau ni laid, qui participe de l’immortel

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