Pierre Melandri, Géopolitique la forme de puissance des Etats-Unis
Par Félix Dubé • 22 Mars 2023 • Commentaire de texte • 2 476 Mots (10 Pages) • 406 Vues
“L’Amérique se tient comme la seule nation indispensable du monde”. Cette affirmation prononcée par Bill Clinton un an avant son élection en 1991 est aujourd’hui remise en cause par la situation actuelle. En effet aujourd’hui le monde n’est plus seulement gouverné sous l'hégémonie américaine, on peut voir cela dans le document, un extrait de texte provenant d’un livre “Le siècle américain, une histoire”, publié en 2016 et écrit par Pierre Melandri, un ancien conseiller du président Carter et un spécialiste de l’histoire des États-Unis et des relations internationales. Ce document met en exergue, la fin d’un monde unipolaire et le leadership Américain qui s'affaiblit et qui de plus en plus remis en question dans un monde qui devient apolaire, le document explique aussi que malgré la fin d’une suprématie les États-Unis continueront de jouer un rôle clé dans ce nouveau monde.
En effet Pierre Melandri, expose directement l’idée que les États-Unis ont perdu leur hégémonie: “ Contraints de se consacrer davantage à leurs problèmes internes, et confrontés à un monde complexe et tourmenté” cette phrase est lourde de sens, la partie “confrontés à un monde complexe et tourmenté” nous indique un changement dans le monde, dans ses dirigeants et une remise en question du leadership Américain dans ce siècle. En effet de nouvelles puissances apparaissent au grand jour, telle que la Chine, qui s’est cachée derrière son rôle “d’atelier du monde” pour s’afficher sur la scène internationale comme étant la première puissance économique du monde. Une réelle guerre économique se créer entre la Chine et l’Amérique, Donald Trump renforce les taxes sur les produits chinois allant jusqu’à 25% de taxe, toutefois l’Amérique reste largement déficitaire dans ses échanges avec la Chine, une exportation vers les Etats-Unis de la part de la chine de 400 milliards de dollars pour 120 milliards dollars d’exportation vers la Chine pour les États-Unis, l’industrialisation chinoise dépasse largement celle Américaine depuis 2014. Cette domination économique chinoise s’explique en particulier avec le contrôle des voies maritimes qui représente près de 80 % des échanges commerciaux. Les infrastructures maritimes chinoises dominent les mers et les océans, les 7 ports les plus importants sont chinois et des bases navales sécurisent les routes commerciales, leur assurant ainsi un accès illimité sur la Mer Méditerranée, l’océan Pacifique et Indien. De plus, le projet des nouvelles routes de la soie BRI qui relierait la Chine à l'Europe par l’Asie centrale, le Moyen-Orient et l’océan Arctique, si réaliser, représenterait plus de 60% du PIB mondial. Cette ambition chinoise inquiète énormément les États-Unis qui n’y auraient pas accès et qui serait ainsi complètement écrasé sous l’hégémonie économique chinoise. Ainsi l’économie Américaine et son modèle est largement dépassée par la Chine qui remplace les États-Unis dans le contrôle des voies de communications maritimes.
Ce n’est pas seulement le modèle économique qui est remis en question mais aussi la diplomatie étrangère américaine qui est contestée. En effet l’unilatéralisme de Trump dans les relations avec les autres pays ou les organisations fragilise considérablement la diplomatie Américaine, il annonce en 2017 le retrait des États-Unis des accords de Paris pour l’écologie, le retrait américain de l'Accord de Vienne sur le nucléaire iranien le 8 mai 2018, il quitte le Conseil des droits de l’homme, l’Unesco fin 2018 et exprime sa volonté de quitter l’Otan qu’il considère comme inutile pour les États-Unis. Le multilatéralisme Américain est affaibli et les alliances remises en question, en effet nombreux sont les pays d’Europe, pourtant allié historique, à critiquer la politique américaine pro-israélienne et son rejet des accord sur le climat ou encore à s’opposer à sa manière de traiter les tensions avec l’Iran et la Corée du Nord. De plus, de nombreux gouvernements sud-américain, tels que le Pérou, la Bolivie, le Brésil ou le Vénézuela, rejettent la domination américaine. Ainsi la politique étrangère américaine est mal au point et très fragile et le leadership des États-Unis est remis en question.
La principale puissance des États-Unis subit elle aussi des échecs cuisants, en effet malgré la domination américaine sur le militaire, les débâcles militaires en Irak ou en Afghanistan, font souffrir les États-Unis avec des résultats très éloignés de l’instauration de la démocratie promise à leur commencement. Les guerres en Irak et en Afghanistan sont autant un désastre par le bilan humain et matériel, les deux conflits font au total plus de 6800 militaires américain morts et de nombreux blessés mentalement et physiquement, le coût économique est lui aussi énorme 6000 milliards pour la guerre d’Irak: 1700 milliards pour le coût budgétaire de la guerre, 490 milliards de pensions aux anciens combattants et 4 000 milliards pour les intérêts cumulés sur les emprunts pour l'Irak. Pour l'Afghanistan le coût total serait estimé à 642 milliards de dollars. Ces deux guerres, sont de profonds échecs qui laissent une trace dans la politique américaine. Ainsi les problèmes externes sont multiples et met en danger le leadership américain, toutefois les menaces sont aussi internes.
En effet, si les conséquences des combats sont profondes sur le terrain, elles le sont encore plus dans le pays. Dès le début du document l’auteur nous indique que ses échecs répétés signent la fin d’un siècle de multilatéralisme américain et le début d’un unilatéralisme américain: “Contraints de se consacrer davantage à leurs problèmes internes”. La fin du multilatéralisme américain s’explique par l'opinion publique américaine qui s’est lassée de cette décennie d'engagements extérieurs en Afghanistan et en Irak. Cette « war fatigue » justifie l'élection du candidat Obama dans la campagne présidentielle de 2008 qui promit de mettre fin à ces deux conflits. Elle explique sa prudence dans la gestion des crises et sa retenue et sa volonté d'éviter tout engagement des troupes américaines. En effet les États-Unis refuse de participer dans les opérations en Libye, et ce n’est qu'avec l'insistance de la France et de l'Angleterre qu’ils participeront donc dans cette guerre mais de façon minime et purement économique, Obama refuse de rentrer en guerre avec la Syrie alors même que la France leur demanda d’y participer. Et les États-Unis ne réagiront à peine à la prise de la Crimée par la Russie en 2014.
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