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La revue Détective - Joseph Kessel, Georges Kessel, Gaston Gallimard

Par   •  17 Avril 2018  •  4 541 Mots (19 Pages)  •  686 Vues

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« Un classement de l’inclassable, il serait le rebut inorganisé des nouvelles informes ; son essence serait privative, il ne commencerait d’exister que là où le monde cesse d’être nommé (…). »[2]

Le terme « fait divers » apparaît en 1838, cependant, le genre est attesté dès le XVIe siècle. Ces récits se trouvaient principalement dans les « canards », gazettes et feuilles d’informations de l’époque.

Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que le fait divers prendra une vraie place dans les journaux avec l’apparition de la grande presse.

De façon positive, ce genre journalistique est un large éventail de petits faits étonnants, tragiques, extraordinaires ou insignifiants qui concernent plutôt la population en tant que personne privées et qui n’ont pas d’effet central sur le fonctionnement de la société.

Ces récits, visant les classes populaires, sont écrits de façon à ce que le lecteur n’ai besoin d’aucune compétence particulière ni de connaissance spécifique pour pouvoir lire et comprendre l’article.

« Le fait divers cherche bien moins (à) renseigner le public qu’ (à) le tenir en haleine. »[3]

Le fait divers fonctionne en vase-clos, c’est-à-dire qu’il n’implique aucune connaissance et son action se déroule sur un temps court avec un résultat immédiat. Peu importe la façon dont l’histoire est relatée, la conclusion de celle-ci est directe et sans détour.

La structure du fait divers est donc fermée sur elle-même.

Appelé communément « la rubrique des chiens écrasés », le fait divers n’est pas considéré comme un vrai travail journalistique dû à la banalité de l’événement et à son manque d’effet sur la société. Il se verra donc mis au dernier plan des journaux, la plus part du temps en dernières pages.

Lors de la création de la revue Détective, l’enjeu était de mettre en avant ce genre journalistique et de faire du fait divers un genre médiatique à part entière.

Pour cela, la structure a été totalement revue. Entre information, roman policier et film d’horreur, la revue Détective a réussi, à son époque, à mettre en avant ces histoires banales, la plus part du temps mises de côtés.

Nous allons voir dans la sous-partie suivante, les moyens utilisés pour faire du fait divers des histoires « célèbres » et aimées de la population.

B : Le fait divers : une nouvelle « vie » avec Détective

« Le fait divers est avant tout une mise en scène sémiotique. En d’autres termes, on ne rencontre pas un fait divers ailleurs que dans les médias, c’est sa mise en scène qui le constitue. »[4]

Comme dit précédemment, la revue Détective est, depuis sa création, spécialisée dans les faits divers et lui offre une nouvelle organisation et hiérarchisation.

Nous allons découvrir dans cette partie quelles techniques ont été utilisées pour faire de ces évènements, qui étaient autrefois insignifiants, des articles à succès.

a. Une écriture narrative

« Le journalisme narratif (…) une pratique d’écriture journalistique qui utilise consciemment et à dessein les ressources de la fiction pour analyser et interpréter des faits et les retransmettre dans un second temps à un public. »[5]

« Certains énoncés extraits du discours journalistique pourraient prendre la forme d’un type narratif lorsque les six critères suivants sont réunis : une succession d’événements, une unité thématique, des prédicats transformés (...), un procès (c’est-à-dire une action qui forme un tout, comprenant un début, un nœud et un dénouement), une causalité narrative qui excède l’enchaînement chronologique, une évaluation finale configurante» [6]

Depuis son apparition, le journalisme a évolué au sein de notre société. Aujourd’hui, il ne se limite plus à une simple retranscription de faits et d’évènements authentiques, mais devient un moyen de « raconter une histoire » afin de captiver davantage son lectorat.

Avec ce nouveau style journalistique, nous ferons face à une forme d’hybridation du récit qui se placera entre journalisme et littérature. Il reposera essentiellement sur un travail d’utilisation de la langue.

Détective se caractérise par son parti pris pour le fait divers, son goût pour l’information anecdotique, triviale, sensationnelle et surtout criminelle.

La majorité des articles racontent, de façon très narrative, les destins tragiques de personnes et la monstruosité des actions commises.

Les crimes sont décrits et racontés dans les moindres détails afin de répondre aux attentes des lecteurs car le fait divers fascine ces derniers.

Le narrateur devient un acteur du récit, comprenant et interprétant les moindres pensées et faits et gestes des protagonistes ce qui permet une véritable immersion pour le lecteur.

Ces évènements créent chez le lecteur un sentiment d’exaltation porté par la peur et l’angoisse car ces faits, ces crimes, sont réalisés dans un monde qu’ils côtoient tous les jours. A la fin de la lecture, le constat est unanime : cela aurait pu arriver à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où.

C’est sur ce sentiment de terreur que les écrits de Détective jouent. Ils s’emparent d’un événement tragique et lui applique une rhétorique littéraire et un contenu imagé, rendant cela davantage spectaculaire.

Selon Catherine Dessinges et Elisabeth Cossalter, trois registres sont présents dans les articles de la revue Détective :

- Le registre journalistique du fait divers avec les caractéristiques structurelles en répondant aux questions : qui ?quoi ? où ? comment ? pourquoi ? et en utilisant des caractéristiques de mise en forme comme les descriptions et les dialogues.

- Le registre de la littérature populaire : le romanesque. Ce registre est mis en œuvres par deux principes au sein de la revue :

- Une identification d’un décor, d’un lieu commun pour le lecteur notamment par l’utilisation d’un langage du quotidien.

- Un « effet de réel », terme utilisé par Barthes en 1982, en donnant des descriptions du quotidien grâce à l’hypotypose, qui n’ont en fait qu’un lien indirect

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