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La mythologie grecque

Par   •  15 Mars 2018  •  3 468 Mots (14 Pages)  •  495 Vues

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Phèdre est donc sans arrêt tiraillée entre cette passion destructrice et cette volonté de pureté, de grandeur d’âme. Elle lutte pour cacher cet amour, mais ensuite, une fois dévoilé, une fois rejetée par Hipollyte, elle continue à osciller entre passion et fureur et volonté de sérénité et d’honnêteté. Après le rejet d’Hippolyte, Phèdre veut dans un premier temps se venger, elle cède à la passion, à la vengeance. Elle veut faire souffrir Hippolyte comme il l’a fait souffrir. Elle veut qu’il paye. Pour cela, chez Garnier, elle va utiliser l’épée de ce dernier pour l’accuser de l’avoir agressé. Racine, quant à lui fait le choix d’utiliser, Oenome, pour assouvir cette vengeance. Cherchant à nous montrer une Phèdre « moins odieuse qu'elle n'est dans les tragédies des Anciens, où elle se résout d'elle−même à accuser Hippolyte. J'ai cru que la calomnie avait quelque chose de trop bas et de trop noir pour la mettre dans la bouche d'une princesse qui a d'ailleurs des sentiments si nobles et si vertueux ». Et si Phèdre succombe à l’envie de vengeance, c’est par jalousie vis-à-vis d’Aracie : « Il soutient qu’Aricie a son cœur, a sa foi, / Qu’il l’aime » (IV, 4, v1187-1188). Ce sentiment se développe en elle rapidement et accentue sa destruction. Elle ne peut plus se dire qu’Hippolyte est indifférent aux femmes. Cette révélation montre à Phèdre que c’est elle-même qu’Hippolyte fuit et non l’amour. Elle pense au pire, et même à tuer Aricie pour faire souffrir Hippolyte : « Il faut perdre Aricie » (Phèdre, IV, 4, v1259). La jalousie aggrave ses souffrances. Mais dans un deuxième temps, Phèdre est prise de remords, elle culpabilise. La candeur prend alors la place de la passion. Elle veut retrouver une certaine quiétude.Phèdre a tout tenté pour sortir de ce piège infernal, jusqu’à l’exil d’Hippolyte. Elle parvient même, à force de volonté, à retrouver parfois une certaine paix : « Je respirais, Oenome ; et depuis son absence, / Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence » (Phèdre, I, 3, v297-298).». Phèdre culpabilise car elle se sent coupable en particulier dans Phèdre de Racine. Dès sa première apparition, elle s’accuse de trop prolonger la « coupable durée » (II, 1, v217) de son existence, elle conçoit sa passion comme un « crime » pour lequel elle ressent une « juste terreur » (II, 1, v307). Dans Hippolyte de Garnier, Phèdre ressens ce même sentiment car elle qualifie la situation de « maudite » à plusieurs reprises. La honte l’habite en permanence dans les deux œuvres ; elle supplie Hippolyte de la tuer : « Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t’échapper/ Voilà mon cœur. C’est là que ta main doit frapper » (Phèdre, II, 5, v704-705), « Piteux, mettrez-vous fin à ma douleur despite / Hippolyte, il ne peut m’arriver plus grand heur / Que mourant par vos mains conserver mon honneur » (Hippolyte, II, v1482-1484). Après le retour de Thésée et la calomnie d’Oenome, le sentiment de culpabilité de Phèdre s’accroit encore. Chez Racine, elle n’a pas de mots assez durs et assez violents pour se condamner : « Mes crimes désormais ont comblé la mesure / Je respire à la fois l’inceste et l’imposture. / Mes homicides mains, promptes à me venger, / Dans le sang innocent brûlent de se plonger, / Misérable ! Et je vis » (IV, 6, v1269-1273). Chez Garnier, elle se compare à un monstre lorsque ses faux aveux à Thésée conduisent à la mort d’Hippolythe. C’est ce sentiment qui conduit Phèdre à se suicider. Ce n’est pas seulement sa passion qui la tue mais bien l’horreur de ne pas avoir pu respecter ce rêve impossible de candeur.

Mais si Phèdre n’a pas toujours mesuré la monstruosité de cet amour, ce n‘est pas seulement car elle est aveuglée par la passion mais c’est aussi, justement à cause de ce « rêve de candeur ». Phèdre tombe amoureuse d’Hippolyte car il est l’archétype du héros pur et droit. Phèdre à travers Hyppolite aime un Thésée encore pur, non souillé par ses multiples aventures amoureuses ou des comportements non héroïques. Par exemple, dans l’aveu que Phèdre fait à Hippolyte, elle remplace Thésée, supposé mort, par Hippolyte, surtout chez Racine. Ce n’est plus le fils qui ressemble au père mais le père qui ressemble au fils. De plus, elle essaye de reconstruire le passé en pensant qu’Hippolyte pourrait tomber amoureux d’elle. Elle imagine qu’il a pris la place de Thésée pour tuer le Minotaure et qu’elle a pris la place d’Ariane qui aida Thésée à sortir du Labyrinthe.

En effet, que ce soit chez Racine ou chez Garnier, Thésée est présenté comme un héros séducteur. Selon la légende, Thésée est un don juan. Il eut de nombreuses aventures dans sa jeunesse comme en témoigne Racine : « Hélène à ses parents dans Sparte dérobée, / Salamine témoin des pleurs de Péribée, / Tant d’autres, dont les noms lui sont échappés » (I, 1, v85-87) et Garnier : « Voila mon beau Thesé qui, suivant sa coustume / D’estre instable en amours, d’un nouveau feu s’allume » (II, v431-432). Il a séduit, puis abandonné Hélène, Péribée, Ariane et « tant d’autres » selon Racine. Dans Phèdre, en vieillissant, Thésée, devenu mari de Phèdre, est certes revenu de ses « jeunes erreurs » (I, 1, v23) mais selon Ismène, qui rapporte les rumeurs qui circulent, Thésée aurait eu de nouvelles amantes comme dans les vers 381 et 382 de la scène 1 de l’acte II : « On dit que ravisseur d’une amante nouvelle / Les flots ont englouti cet époux infidèle ». Chez Garnier, Thésée n’hésite pas à faire souffrir ses conquêtes comme Ariane qu’il a abandonnée. Phèdre le qualifie d’ « ingrat », d’ « inhumain » dans son monologue : « O pauvre Ariadne, ô ma chetive sœur, / Tu pleus à cet ingrat ravisseur, / Qui pour le bon loyer de l’avoir, pitoyable, / Sauvé du Mi-taureau, ce monstre abominable, / Sur le bord Naxean te laissa l’inhumain, / Pour estre devoree, ou pour mourir de faim ». Thésé apparait également comme un immense héros mais un héros fatigué : « Thesé, qui compagnon du grand Tirynthien / A presque tous couru ce globe terrien, / Qui a faict, indomté, tant de brave conquestes, / Qui a tant combatuu d’espouvantables bestes, / Tant domté d’ennemis, tant de monstres desfaits, / Tant meurtri de Tyrans pour leurs injustes faicts » (Hippolyte, II, v561-566).

Hippolyte, au contraire, est le stéréotype de l’homme pur, le héros en devenir. En effet, chez Racine, il témoigne d’un sens aigu de la justice quand il propose à Aricie un partage politique équitable car elle est dans le droit d’être au pouvoir : « Je vous cède, ou plutôt je vous rends une place, / Un sceptre,

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