DISTINCTION ENTRE TOURISME ET VILLÉGIATURE, CIRCULATION ET TRANSPLANTATION

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prétendre à l’exhaustivité, on se propose ici d’en distinguer quatre; quatre sortes de voyage impliquant de manière différente l’idée de fiction : le voyage par procuration, le voyage dans un espace de simulation, le voyage inventé et le pseudo-voyage.

1. Le voyage par procuration

Bien plus que la littérature de voyage, c’est aujourd’hui la télévision qui permet au plus grand nombre d’expérimenter le voyage par procuration, sa virtualisation. On peut bien se moquer – « plus besoin de quitter son salon pour remonter l’Orénoque, escalader le pic Petermann au Groenland, aller capturer des serpents venimeux comme des mambas ou des Lachesis mutus, affronter les quarantièmes rugissants : branchez-vous sur CVA, canal 747, votre canal voyage/aventure » -, c’est au nom d’un appauvrissement de l’Idée de voyage, c’est confondre le voyage avec un de ses éléments constitutifs, crucial certes, mais pas unique : le déplacement. Au lieu de se retenir que ce qu’un tel voyage n’est pas, pensez au type d’expérience qu’il permet.

Pour ce faire, remémorez-vous le travail de préparation et les rêveries précédant une croisière, des vacances à Bornéo ou dans les Rocheuses; remémorez-vous les narrations faites, après, au bureau ; remémorez-vous les séances de diapositives présentées à la famille et aux amis; l’expérience du voyage

ne comprend-elle pas aussi tous ces éléments qui, pourtant échappent au déplacement? Ces plaisirs de l’anticipation et de la remémoration ne permettent-ils pas d’entrevoir pourquoi le voyage par procuration devant un écran de télévision peut d’avérer une expérience de voyage?

2. Le voyage dans un espace de simulation

Dans le cas du voyage dans un espace de simulation, il y a bien pu y avoir réel déplacement, de chez vous à Orlando par exemple; mais l’essentiel est ailleurs : la destination est elle-même une fiction, une sorte de voyage dans le voyage, un voyage au carré. Parcs thématiques et autres Disney World, quelle que soit la fiction proposée, vous voici comme Alice, transporté dans un autre niveau de réalité. Non plus virtuelle comme celle du voyage par procuration mais simulée : ces lieux sont effectivement des simulacres et ils se donnent comme tels. Pas difficile pour le vaisseau du capitaine Crochet; mais songez au cas franchement paradoxal du « Village d’Émilie » au Québec, produit dérivé d’une série télévisée tirée elle-même du roman d’Arlette Cousture, Les filles de Caleb (1985), village construit de toute pièce a posteriori, malgré le coefficient de réalité que la romancière injectait dans son texte, directement et dans le discours d’accompagnent, malgré le traitement réaliste de la série (d’ailleurs même pas tournée au « Village d’Émilie » !

3. Le voyage inventé

Le voyage inventé est un autre cas de figure dans lequel la fiction n’est plus proposée – par l’émission de télé ou le parc thématique -, mais créée par le voyageur lui-même. En ce cas, la voyageuse ou le voyageur invente un des aspects de son voyage, par goût du mystère, par goût du jeu, par volonté de se valoriser. Cette invention peut porter sur les modalités : comme un aventurier, assumer un autre rôle, une autre personnalité pendant le temps ou le voyageur n’est plus dans son contexte familier; jouer sur la destination pour les dates pour faire disparaitre ses traces comme un espion : se prendre pour … mais le faire consciencieusement, systématiquement et en tirer un grand plaisir.

4. Le pseudo-voyage

Voire, quatrième vas, le pseudo-voyage, l’invention peut porter sur la réalité même du voyage. Un numéro de l’émission Bas les masques (France 2/TV5) racontait l’histoire de cette jeune femme qui, trop bonne fabulatrice, avait fait croire à son entourage qu’elle allait partir pour un long voyage en Afrique pour quelque mission humanitaire (ç’aurait pu être pour une passionnante mais secrète mission, pour une autre direction, pour un temps plus long, plus cours…, peu importe) : elle désirait en fait qu’on la

rappelle, qu’on manifeste de l’intérêt pour elle. Or, non seulement n’a-t-elle rencontré qu’une certaine indifférence, mais en plus elle s’est vue piégée par son mensonge. Triste conclusion à cette histoire, comme s’il était inéluctable que le menteur ou l’inventeuse soient punis par là où ils ont péché; alors même que l’histoire de la littérature de voyage est pleine de pseudo-voyages devenus vraies fictions, vrais romans : ce que veut le pseudo-voyageur, c’est échapper au carcan de sa vie quotidienne par un saut dan l’imaginaire, s’il s’invente une vie alternative.

Exercice 2.2 : Posez des questions au texte

Le dernier jour me parut incroyablement long. Le dernier jour de quoi? Pourquoi vous paraît-il si long? Êtes-vous enthousiaste vis-à-vis l’attente d’une excitation qui va subvenir le lendemain ou ce que vous vivez ou entreprenez depuis quelques jour est si pénible que vous avez hâte qu’il se termine? Ce n’était pas le trac; je n’avais pas peur. Vous n’aviez pas peur de quoi? D’ailleurs il n’y avait rien à craindre. Je me sentais constamment seul dans cette foule où l’on parlait plusieurs langues. Où étiez-vous? Pourquoi y’avait-il une foule avec des personnes de diverses nationalités? Étiez-vous capable de comprendre ce qu’il se disait? Personne ne faisait attention à moi. Pourquoi devraient-ils vous remarquer? Mes protecteurs ne se montraient guère. Pourquoi vous fallait-il des protecteurs? Étiez-vous en danger? Êtes-vous une nouvelle célébrité encore peu connue ? Au demeurant, je ne les connaissais même pas. Vous ne connaissiez pas qui? Je ne croyais pas non plus attirer sur moi une malédiction en dormant dans le pyjama d’Adams, en me rasant avec son appareil ou en marchant sur les traces le long de la baie. Où êtes-vous rendu? N’étiez-vous pas dans une foule? Pourquoi parlez-vous de pyjama et d’Adams? Qui est Adams? De quelle baie parlez-vous? Où se trouve-t-elle? C’est pourquoi j’aurais dû me sentir soulagé à la pensée d’abandonner dès le lendemain cette mascarade. Pourquoi êtes-vous soulagé? De quelle mascarade s’agit-il? Pourquoi voulez-vous abandonner ? . Êtes-vous un imposteur qui se promène vêtu des vêtements de ce présumé Adams? Êtes-vous déçu d’avoir passé inaperçu sous votre déguisement de charlatan? Je ne redoutais pas d’embuscade sur le chemin du retour : sur l’autoroute,