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Caligula, Camus

Par   •  8 Octobre 2018  •  2 779 Mots (12 Pages)  •  757 Vues

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On voit bien qu'une harmonie apparente ressort de cette scène entre Scipion et Caligula . Ce dernier montrant encore ses talents de poète a travers a duo lyrique avec son ami d'enfance , avec en plus des marques d'affections pour celui-ci .

Alors qu'une harmonie ressort entre les deux personnages , il faut tout de même souligner que ces derniers appartiennent à des univers largement séparés . D'un côté on a un Caligula déchiré, souffrant qui semble avoir joué , il se montre complexe et largement ambigu par ces gestes et paroles . Et d'un autre coté le jeune Scipion naïf et manipulé par l'empereur , mais qui se montre tout de même courageux .

Sans changement , comme depuis le début de la pièce Caligula se montre souffrant , et cruel envers quiconque . La mort de Drusilla aillant un grand impact sur lui , puisque pour lui désormais « les homme meurent parce qu'ils ne sont pas heureux » , paroles prononcées par Caligula lui même à l'acte un . Caligula « a joué » comme il l'avoue lui même dans cette scène « Il y a du vrai dans ce que j'ai dit . J'ai joué » . Son jeu consistant a éveiller les consciences tout en essayant de mettre le maximum de personnes à ses cotés , éveiller les Hommes à la lucidité : Son ambition de changer le monde par le meurtre . Voulant le pouvoir absolu , s’égaliser au niveaux des dieux voir plus encore « Ce que je désire de toutes mes forces aujourd’hui, est au dessus des dieux », désirant aussi la richesse « Toutes les personnes de l'Empire [...]doivent obligatoirement déshériter leurs enfants et tester sur l'heure en faveur de l’État » Cependant Caligula est lucide , il avoue « avoir joué » avec tristesse comme l'indique les didascalies . Cette tristesse va rapidement se transformer en agressivité « avec colère » lorsque Scipion rétorque « Oh ! Comme tant de mal et de haine doivent te torturer ! » ; »Comme je te plains et comme je te hais ! » . Scipion à en effet touché les points faibles de son supérieur provoquant sa colère , Caligula vexé dévoile ses angoisses tout en étant au summum de sa colère comme l’indique les gradations présentes dans les didascalies « Doucement » ; « avec colère » ; « éclatant , se jette sur lui et le prend au collet ; il le secoue » . On a affaire à un personne détestable , instable . Lui qui semblait éprouver de la sympathie envers son compagnon comme dit précédemment par une gestuelle et des paroles très tendre est en fait un monstre , il est malheureux et fatigué « Il a l'air exténue » , malheureux par la disparition de Drusilla encore « Ma solitude entière s’emplit de l'aigre odeur du plaisir aux aisselles de la femme qui sombre encore à mes cotés » . L'adjectif péjoratif « aigre » annonce le dernier mot de la scène « le mépris » . cette authenticité du personnage se retrouve dans une affirmation « tu es pur dans le bien comme je suis pur dans le mal » .

Face a un Caligula joueur , Scipion se voit manipulé , naïf mais tout de même courageux . Caligula obtient ce qu'il veut de celui-ci . Alors que Scipion ne voulait pas réciter son poème devant Caligula , il n'a finalement pas mis longtemps avant de se soumettre à ses ordres au vu de l'insistance de son empereur . Il en devient pathétique « je t’en pris César , non » et ses excuses sont très légères lorsque Caligula lui demande de se justifier « je ne l'ai pas su moi » . Scipion fait aussi preuve de naïveté , puisqu’il se comporte comme un enfant face aux réponses de Caligula dans leur duo lyrique . Comme un enfant obtenant un nouveau jouet , il « frémit » . cet enthousiasme se retrouve aussi avec une ponctuation expressive « Oui , oui c'est tout cela ! » ; « Oh ! Qu'importe puisque tout prend en moi le visage de l'amour ! » et un Scipion plein d'élan « tout entier » . Un malentendu se crée entre les deux personnages avec la réplique « Nous aimons les mêmes vérités » prononcée par Caligula . Scipion pensait que la création poétique qu'ils avaient mis en œuvre provenait d'une valeur affective qu'éprouvait Caligula envers lui , alors que chez Caligula les répliques proviennent d'un manque de lucidité . En lisant de « Comment l'as-tu appris, » jusqu'à « mais si tu veux mon avis... » on s’aperçoit d'un état affectif mais en réalité le manipulateur mesure la distance qui s'établit avec son ami . Cette distance est encore plus net avec l'affirmation « Tu es pur dans le bien comme je suis pur dans le mal » Cependant Scipion se montre courageux , notamment en fin de scène après la rupture volontaire crée par Caligula , rupture pressentit par Scipion grâce aux didascalies « Scipion se rejette brusquement en arrière et regardant Caligula avec horreur. Toujours reculant , il parle d'une voix sourde , devant Caligula qu'il regarde avec intensité » . Scipion n'a pas peur d'évoquer les points faibles de Caligula à savoir sa solitude , provoquant la colère de Caligula . Et ce n'est pas non plus cette colère qui va impressionner Scipion qui brise la distance que Caligula avait établit avec lui « Le jeune Scipion passe derrière Caligula et s'approche , hésitant . Il tend une main vers Caligula et la pose sur son épaule [...] » et continu le dialogue comme si rien n’était .

C'est bel et bien un personnage ambigu et soufrant qui ressort de cette scène . Un empereur qui souffre de sa solitude qui est au final son unique problème mais qui en est devenu une véritable obsession pour lui . L'évocation de cette faiblesse entraîne une froideur , créant une fracture en plein milieu d'une réplique même « Changeant brusquement de ton » amenant la réplique « Tout cela manque de sang » . Tout ceci le faisant redevenir le monstre qu'il est , reprenant conscience de l'absurde . Il évoque a nouveaux des éléments macabres , lugubres « lac de silence » ; des herbes pourries » . Alors que Scipion essaie de le réconforter ( il pose la main sur son épaule , de lui faire voir le bon côté des choses « Tous les hommes ont une douceur […] quand ils se sentent trop usés ») , celui ci évoque son point de vu : sa seule source de douceur est le mépris .

La scène constitue ainsi un point clef pour la connaissance des personnages , Scipion qui malgré sa naïveté peut se montrer courageux et Caligula un personnage ambigu et souffrant de sa solitude . Un personnage absurde comme dans l’Étranger , autre roman de Camus où un personnage Meursault incarne lui aussi l’absurde.

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