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Anti-héros, héros tout de même ?

Par   •  6 Octobre 2018  •  1 788 Mots (8 Pages)  •  564 Vues

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Elle est notamment due aux rêves de jeune fille d’Emma qui sont difficilement réalisables au sein du morne quotidien d’épouse et de mère que la jeune femme mène. Le personnage est alors une vraie force agissante qui assume sa vie et trace sa route dans la société en suivant ses règles et en s’en jouant. Un autre exemple serai celui de Bel Ami de Guy de Maupassant. C’est ici aussi l’ambition, incarnée par Bel-ami qui domine dans l’œuvre. Elle se définit comme un appétit de pouvoir, d’argent et aussi de reconnaissance sociale. Ainsi, les rêves du jeune homme, Georges Duroy, dictent ses actes. Et plus il agit dans le but de réussir, plus ses aspirations sont satisfaites, plus d’autres désirs naissent faisant appel à de nouvelles manipulations... Il semble bien que l’ascension de Bel-Ami soit incontournable.

Le roman réaliste peut servir également de support pour un analyse de la société. Dans Le rouge et le noir, Julien Sorel est un jeune plébéien ambitieux, admirateur de Napoléon, intelligent et calculateur. Ses appartenances sociales l’incitent à faire de tout une question d’orgueil. Toujours en conflit entre sa volonté de réussir, qui est dictée par ses origines modestes, et une nature sensible, son parcours dans la société fait du roman de Stendhal un roman d’apprentissage. De même, les personnages de Zola reflètent toutes les franges de la société. Dans l’Assommoir, la blanchisseuse Gervaise, entreprenante et ambitieuse, est boiteuse de naissance. Elle gagne Paris mais gaspille son argent et ne monte pas à temps l’affaire qui l’aurait définitivement sauvé de la misère. Elle finit par mourir ruinée dans une cage d’escalier.

Le personnage ordinaire peut aussi servir de personnage psychologique. L’œuvre psychologique est un œuvre qui met l’accent sur la caractérisation intérieure de ses personnages, ses motivations, circonstances et actions internes qui naissent ou se développent à partir des actions ; ce type de romans met généralement en scène des personnages ordinaires, semblable au lecteur. Ainsi, dans Crime et Châtiments, Dostoïevsky présente un personnage, Raskolnikov, témoin de la misère, de l’alcoolisme et de la prostitution. Il vivra finalement un long cheminement vers la vérité, et la renonciation à la mélancolie brutale. Également dans le dernier tome de A la recherche du temps perdu de Proust, le narrateur (qui est aussi le héros) découvre après de nombreuses aventures et révélations, le sens de la vie et de la littérature.

Bien que les héros de romans soient souvent associés à l’extraordinaire ou le simple ordinaire ; certains écrivains remettent en cause le personnage.

Enfin, on peut trouver dans la littérature romanesque une remise en cause du héros. En effet, le héros est un homme « exceptionnel » ou d’une « force agissante » qui dynamise le récit par ses actions. Cependant, certains romanciers rejettent ces définitions du « personnage principal » de leur roman et remettent en cause la notion même du héros : leur personnage n’est parfois pas un être exceptionnel ni une force agissante : il devient alors une illusion, une ombre.

De nombreuses œuvres modernes sont construites autour de figures d’anti-héros » ordinaires – dépourvus de qualités exceptionnelles » - qui reflètent une vision trop caricaturale ou trop noire de l’homme et du monde pour être celle du héros. Tandis que certains sont odieux et dépourvus de courtoisie, comme le chevalier Keu dans Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de Troyes, d’autres encore sont honnêtes et naïfs, comme le personnage éponyme de Candide de Voltaire. Enfin, certains personnages comme Don Quichotte de L’ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche de Cervantès sont des imposteurs, ayant tant rêver de devenir quelqu’un d’autre qu’ils y sont persuadés ; d’autres comme Bardamu dans Voyages au bout de la nuit de Céline sont simplement apeurés et lâches.

Ensuite, certains auteurs refusent même à leur héros le rôle de « force agissante ». Les personnages n’agissent plus, ils attendent, ils se replient sur eux-mêmes, comme dans Un Homme qui dort de Perec. Dans ce livre plus ou moins autobiographique, le personnage principal, un jeune étudiant, est dans sa chambre et pense tout au long de l’histoire.

Mais certains romanciers vont encore plus loin, remettant en cause des représentation traditionnelles du personnage et de son importance au sein du roman. Dans Pour un Nouveau Roman, Alain Robbe-Grillet réunit les essais sur la nature et le futur du roman. Il y rejette l’idée, dépassée pour lui, d’intrigue, de portrait psychologique et même de la nécessité des personnages.

La notion du héros ne cesse donc d’évoluer à travers l’histoire du roman qui est constitué d’une série de ruptures qui affectent presque toujours en premier lieu le personnage. Le héros garde parfois les caractéristiques héroïques et idéales des origines, mais nombre d’œuvres semblent pourtant donner raison à Zola, renouvelant ainsi la conception du héros. D’autres expériences littéraires vont encore plus loin, remettant en cause l’existence du héros ou prônant purement et simplement sa suppression. Si l’évolution du personnage traduit les changements du regard de l’écrivain sur l’homme et le monde, elle reflète aussi ses propres interrogations sur le genre romanesque. Le personnage de roman, aujourd’hui, qu’il puisse être identifié au lecteur ou qu’il soit plus individualisé, partage les inquiétudes et les angoisses que suscite le monde contemporain.

Nous pouvons à présent nous demander, si le personnage de théâtre doit nécessairement être un personnage

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