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Analyse et comparaison de poèmes polonais à travers trois siècles : La mort à travers le Moyen-Âge, la Renaissance et le Baroque

Par   •  10 Octobre 2017  •  4 756 Mots (20 Pages)  •  857 Vues

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Selon l'Eglise, la mort reste essentiellement un passage vers le paradis ou l'enfer, où l'existence est alors éternelle car, les quelques années terrestres ne sont rien face à l'éternité dans l'un des deux lieux.

Cette-même Eglise, souligne le fait que : les portes du paradis sont tout de même accessibles plus facilement, grâce à un don à celle-ci. A l'époque, du « profit » se réalisait grâce aux mourants qui, dans leur ignorance, voulaient assurer à tout prix leur place dans l'au-delà. Par ailleurs, l'argent ne leur servirait plus à rien une fois « arrivés ».

Dans la Complainte du mourant, c'est exactement ce côté du mourant ignorant, qui a peur de la mort et qui est prêt à tout au dernier moment qui est mise en avant. Il dépeint également, une mort en tant qu'un passage et non en tant que fin.

3. La Renaissance :

3.1. Analyse de l'extrait -Tren IV :

L'extrait analysé ici fut écrit par le plus grand poète de la Renaissance polonaise (seconde moitié du seizième siècle) ; Jan Kochanowski (1530-1584).

Il a écrit de nombreuses oeuvres telles que : les Fraszki ([...] petits poèmes satiriques de forme parfaite, souvent pittoresques et amusants, [...][8]), Le renvoi des messagers grecs (1578 - tragédie), Le Psautier (1578) et enfin son chef-d'oeuvre : les Thrènes (Treny, 1580).

Les Thrènes dévoilent un narrateur qui ne pleure pas une personne illustre mais son enfant mort, Ursule, à travers dix-neuf poèmes. Seul le Thrène IV sera analysé ici.

C'est avant tout un poème où la logique du sentiment l'emporte sur les règles poétiques : un langage nouveau, purifié, codifié et né en Pologne.

Il est composé de dix-huit versets et de vers syllabiques ainsi que de rimes suivies : AA, BB, CC, AA, BB, DD, EE, CC, FF.

Le narrateur est omniscient et les formes grammaticales comme : « je », « moi », « ma », soulignent son individualité dans cette épreuve.

De plus, il n'y a aucune présence d'autres voix ou dialogues, ce qui est différent du poème : la Complainte du mourant.

L'utilisation des apostrophes ainsi que les adjectifs de couleur sont une caractéristique des Thrènes.

Pour accentuer la situation dramatique de la perte de son enfant, Kochanowski utilisé une métaphore très expressive dans le verset 1 où les yeux de son père ont été violés en voyant la mort de sa fille. On les a forcés à regarder ce qu'ils n'auraient jamais dû voir.

L'écrivais sous-entend dans ce verset qu'il n'est pas naturel pour un parent de voir son enfant mourir avant lui. C'est ici que Kochanowski place l'une des caractéristiques de la Renaissance où un ordre naturel dans le monde est nécessaire. Cet ordre est composé, selon lui, de plusieurs étapes, que tout être humain devrait connaître et qui sont : la naissance, la croissance, la maturité, la vieillesse et finalement la mort.

Le décès d'Ursule a interrompu le cours naturel de sa vie et il trouve cela injuste de la part de Dieu de vouloir la lui reprendre.Une paire de rimes est intéressante ici dans les versets 1 et 2 : oczy moje - dziecię swoje qui reflètent le lien étroit entre le père et son enfant.

Les versets 3 et 4, contiennent une image de fruits verts qui est une métaphore liée au départ inattendu d'Ursule et qui symbolise, avant tout, l'innocence et le jeune âge de cette dernière.

Le fruit vert qui décrit à la perfection la jeune fille, tente de mettre au grand jour le fait que celle-ci n'a pas encore eu le temps de mûrir comme il se doit et vivre sa vie pleinement en profitant de chaque jour qui lui était offert.

Le père admet ici que la mort d'un enfant est toujours une profonde souffrance, mais qu'il reste toujours attaché à son enfant.

Dans les versets 5 à 10, on peut voir les états émotionnels par lesquels Kochanowski passe : la douleur (deux fois), la lourdeur, la tristesse (deux fois) ainsi que la nostalgie. Ce sont des sentiments tout à fait courants que tout le monde a déjà connu au cours de sa vie. Par conséquent, on peut tous comprendre ce que l'auteur ressent et nous imaginer à sa place, ressentir sa douleur et sa peine.

Son oeuvre est très chargée émotionnellement mais elle atteint son point culminant dans les versets 11 à 16.

Dans le verset 11 et 12, le père attire l'attention sur le fait que Dieu lui a repris sa fille et qu'il n'est pas d'accord avec cette décision.

L'élément mythologique du verset 14, rappelle l'histoire de la reine Persephone. Enlevée par sa mère Déméter, elle fut enlevée par Hadès dans le but d'en faire sa reine. Déméter veut absolument revoir sa fille et va même descendre aux enfers pour elle. Zeus accorde alors la Permission à Persephone de passer six mois sur terre, auprès de sa mère, et les six autres aux enfers avec son mari.[9]

L'auteur semble croire que, seul un voyage vers le royaume de cette reine pourrait apaiser sa douleur.

Kochanowski sait désormais ce que signifie la souffrance et la douleur après la perte d'un être aussi cher qu'une enfant. Dans le verset 17, il introduit à nouveau un élément mythologique très triste, et qui est Niobé.

C'est une reine qui a eu quatorze enfants et qui, lors d'un jour de fête, a osé se vanter du nombre de sa progéniture tout en contrariant d'autres invités qui en avaient beaucoup moins. Niobé voit alors ses enfants changés en pierre d'où jaillissait une source d'eau alimentée par les larmes de leur mère[10].

Cette reine est un symbole de souffrance et de désespoir car elle voit les tombeaux de ses enfants. Le narrateur se reconnaît tout simplement dans cette mère pleine de chagrin et éprouve un véritable sentiment d’amathie à son égard.

Ainsi, la mort dans ce poème, contrairement au Moyen-Âge, n'est plus un passage inconnu vers le paradis ou l'enfer. C'est un ordre naturel qui a été rompu et qui a envoyé un enfant de deux ans et demi tout droit dans un cercueil.[11]

Tout comme ce fut expliqué plus haut, l'extrait analysé ici a été écrit pendant la période

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