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Zadig de Voltaire, chapitre V

Par   •  22 Mai 2018  •  1 456 Mots (6 Pages)  •  800 Vues

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plaisante d’un épisode dont « la mémoire s’en conserve encore dans l’Asie » l’auteur utilise l’aspect du conte pour servir son argumentation. Voltaire se livre ici à une véritable satire de la cour et de l’exercice du pouvoir royal.

A – Un titre à interroger : qui est généreux ?

Le titre interpelle le lecteur. Au pluriel, il laisse entendre qu’il y a plusieurs généreux cependant la fête vise à élire un seul généreux. La question est alors de savoir qui est généreux : les trois prétendants sans Zadig ? Ou bien Zadig moins les trois prétendants ? Ce dernier en tant que sage se méfie et reste très prudent. Il prononce le jugement final : c’est le roi qui est le plus généreux parmi tous. Pourtant ce « généreux » est fortement mis en doute aux yeux du lecteur : Voltaire nous fait remarquer ironiquement « qu’il ne garda pas longtemps » « sa réputation d’un bon prince » ligne 43. En effet une des principales critiques de ce texte est celle de l’absolutisme royal. Le roi est finalement le seul arbitre, ses sujets n’ont pas de pouvoir et semblent soumis à leur monarque comme à une puissance divine. A ce sujet le monarque déclare « et puissent les dieux me donner beaucoup de sujets... » lignes 7 et 8. Ce roi est en plus colérique, il disgracie son « ministre et favori » de qui il se plaint « avec violence » ligne 29 et 30.

B – La critique des courtisans.

Le texte nous délivre également une critique de la haute société. Les courtisans sont montrés, d’un ton ironique à travers la théâtralisation du discours du rois lignes 27 à 39, comme étant très hypocrites. « C’étéait à qui me dirais le plus de mal de Coreb » lignes 30 et 31 mais également « je n’ai jamais lu qu’un courtisan ait parlé avantageusement d’un ministre disgracié contre qui son souverain était en colère » lignes 33 et 34 constituent une véritable satire de l’hypocrisie des courtisans de la cour de Louis XV. Le ton ironique employé lors de la description de la fête aux lignes 3 à 8 montre toute la raillerie de l’auteur envers les cérémonies de l’époque. L’emploi d’hyperbole : « la plus » ligne 3 ; « les plus » ligne 4 ; « les extrémités de la terre », ainsi que l ’accumulation d’adjectifs mélioratifs : « belles actions » ligne 4 ; généreuse » ligne 2 ; « mémorable » ligne 9 montre bien que la description de la cérémonie fait par de moquerie de l’auteur. La gradation, lignes 9 et 10, « le roi parut sur son trône, environné des grands, des mages, et des députés de toutes les nations » est une véritable parodie des audiences royales à Versailles. Pour finir on peut percevoir une légère critique de la justice, système corrompu et injuste puisque seuls « les grands et les mages étaient juges » nous indique la ligne 3.

C – La place de Zadig.

Ces différentes critiques de la société et du comportement des hommes s’opposent avec la notion de vertu apporté par le titre « Les généreux ». Cette vertu est plus ou moins illustrée dans les différentes actions des généreux mais le mélange des domaines publics et privés les discréditent aux yeux du lecteur. La vertu est en fait concentrée principalement sur le personnage de Zadig. Il est en retrait à l’écoute et ne prononce pratiquement aucune parole. Pourtant son éloquence est bien perceptible dans la seule phrase qu’il prononce aux lignes 37 et 39. Il joue en effet sur la modestie et la prudence. Devant le roi tout puissant il revendique sa place de sujet et même d’ « esclave » indiquant sa soumission totale. Il fait attention au poids des mots. Par exemple il désigne la « colère » du roi par le mot « passion », ligne 39, et insiste sur la clémence du roi. Zadig se présente alors comme le parfait courtisan, qui maîtrise l’art de la parole. Cependant cela ne suffira pas à son bonheur. La dernière phrase « Mais il se trompait » renverse l’idée de fin heureuse et montre bien au lecteur qu’il n’a pas à faire à un simple conte divertissant.

La subtilité de l’argumentation dans ce texte réside dans l’utilisation du conte pour délivrer une critique mordante de la société du XVIII° siècle.

Conclusion :

Les interventions discrètes mais permanentes de l’auteur dans ce texte en font un terrain miné. L’ironie voltairienne ne permet pas au lecteur de lire ce conte au premier degré mais sollicite son intelligence pour découvrir le sens caché sous les habits du conte.

Le conte philosophique réussit, tout comme la fable la synthèse de la littérature de distraction et de la littérature d’idée.

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