"Vous faîtes voir des os...", Paul Scarron
Par Plum05 • 11 Février 2018 • 951 Mots (4 Pages) • 2 018 Vues
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»), signifiant irrégulier, bizarre.
Bien qu’ils soient inversés, « les codes formels du sonnet amoureux sont parfaitement respectés par Scarron : jeu du blanc et du noir, description physique d’une femme, multiples effets hyperboliques, expression d’un sentiment profond, pointe finale du sonnet » (www.eclairement.com) C’est le renversements de ces codes qui donne au poème toute sa force et sa puissance. D’autant que Scarron excelle dans l’art «de « délecter dans la mise en scène du détestable ».
II. Violence du poème
A. Une victime désignée
Poème adressé à la victime, nommée (Hélène), et interpellée huit fois (par le pronom personnel « vous).
Victime désignée, comme montrée du doigt, par la position en apostrophe de son nom à la fin du premier vers.
Violence des injonctions : « Fréquentez les convois », « riez », « riez, vilaine bête : / Pourvu que vous creviez de rire »...
B. Violence d’une description extrêmement naturaliste
1. Terme naturalistes
Loin du registre habituel de l’idéalisation et de la sublimation de la poésie amoureuse ou de l’éloge, les termes utilisés sont d’un grand réalisme : « os », « cariés », « gencive », « flancs », « toux », « haleine », « pieds », « sanglants », « creviez ».
2. Termes dépréciatifs :
Champs lexicaux du sombre (« guère blancs », « fragments noirs comme de l’ébène »), du délabrement et de la destruction (« cariés et tremblants », « éclatez », « rompre », « déchaussés ») et de la mort (« os », « sanglants », « creviez »). Auxquels s’ajoute les champs lexicaux du monstrueux et de la bestialité : « que vous éclatez à vous rompre les flancs » — terme défini par Le Dictionnaire de l’Académie française de 1694 comme « la partie de l’animal, qui est depuis le défaut des costes jusqu’aux hanches. » — et le très méprisant « vilaine bête » du dernier tercet.
Adverbes restrictifs et accumulatifs: « ne… guère, non, ne… qu’à peine, non seulement… mais, ne… plus… »
3. Cadrage dépréciatif
Insistance sur la décrépitude, et le délabrement le pourrissement par l’énumération et la progression du premier quatrain : « les uns…, les autres… / Et tous… » + la comparaison à la tournure redondante : « noirs comme de l’ébène ».
Elargissement de la perspective au corps entier dans le second quatrain : des « os » (dents) du 1er q. et de la « gencive » du 1er vers du 2 q., on passe aux « flancs » puis aux « pieds ».
4. Ton grinçant
Ton grinçant dès le premier vers et dans toute le premier quatrain: allitération des « r » («vous faites voir des os quand vous riez », « fragments noirs », « cariés et tremblants »…). Repris avec plus d’insistance dans le dernier tercet plein de rage où l’auteur atteint les sommets du sarcasme (en souhaitant la mort par le rire…): « riez », « branlez », « riez », «tout vôtre », « riez », « pourvu que que vous creviez ».
C. Violence des sentiments
Le poète va jusqu’à injurier la femme qu’il abomine, de « vilaine bête », dans l’avant dernier vers, et à souhaiter, dans le dernier vers, sa mort : « Pourvu que vous creviez de rire
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