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Totalitarisme cas

Par   •  17 Mai 2018  •  1 951 Mots (8 Pages)  •  763 Vues

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Au niveau du mouvement ouvrier, la deuxième gauche syndicale va apparaître lors de la déconfessionnalisation de la CFTC. Ce sont des chrétiens de gauche autour du courantReconstruction représenté notamment par Eugène Descamps qui, dans leur rejet du monopole de la CGT sur le syndicalisme et dans leur volonté de faire un nouveau syndicat laïc, donnent naissance à la CFDT en 1964.

L'action (1964-1974)[modifier | modifier le code]

Le PSU, la deuxième gauche politique donc, va se rapprocher de la CFDT puisque le parti, lui aussi, adopte l’autogestion comme principe économique. En outre, les syndicalistes de la CFDT se trouvent dans l’analyse sociologique de Serge Mallet dans son ouvrage La nouvelle classe ouvrière. Néanmoins, le PSU, qui a une base ouvrière réunissant 19 % des adhérents, a, certes en majorité des travailleurs cédétistes, mais aussi des travailleurs adhérents à FO et certains à la CGT.

Le PSU qui, au milieu des années 1960, est un laboratoire d'idées pour la gauche politique française et est alors à la pointe du progressisme sur de nombreux sujets qui seront repris plus tard par le futur PS de François Mitterrand (la décentralisation, par exemple). Le PSU refuse le gaullisme, et décide de rester un parti contestataire qui participera toutefois aux élections législatives et présidentielles. Le PSU a la particularité de réunir en son sein des sensibilités de toutes sortes. Ainsi à la veille de Mai 68 le PSU comprend 53 % d’adhérents se réclamant du marxisme dont 3 % se réclame du marxisme-léninisme (maoïsme), 1 % du trotskisme, 1 % du luxemburgisme (conseillisme), 1 % du marxisme libertaire ; 20 % des adhérents se réclament de l’humanisme laïque ; 18 % du socialisme démocratique ; 7 % du christianisme et 2 % ne se rattachent à aucune idéologie. La droite du parti est représentée par les communistes traditionnels, le centre par les sociaux-démocrates, les modernistes et les catholiques sociaux (Michel Rocard) et la gauche par les groupes d’obédience trotskistes ou marxistes-léninistes (Marc Heurgon). Pierre Mendès France est la figure médiatique du PSU qui joue le rôle de tampon entre le parti et la Cinquième République.

L’avènement de la deuxième gauche se situe en Mai 68. La deuxième gauche concentre de nombreux atouts entre ces mains : la tolérance idéologique en son sein ; une centrale syndicale en pleine croissance, la CFDT ; la sympathie de nombreux clubs de réflexion proche de ses idées (club Jean Moulin) ; des journaux qui la soutienne commeL'Express et France Observateur (ancêtre de l'Observateur et du Nouvel Observateur) ; le contrôle de l’UNEF, donc de la principale centrale syndicale étudiante (Jacques Sauvageot, vice-président de l’UNEF, est membre des ESU -Etudiants Socialistes Unifiés- et du PSU). De Mai 68 au milieu des années 1970 c’est donc l’âge d’or de la deuxième gauche. Ainsi, lors des évènements de Mai 68, la deuxième gauche participe à plein à l’extraordinaire mouvement social que connaît la France pendant quelques mois.

Le rôle joué par la deuxième gauche pendant Mai 68 n’a pas été étudié dans des publications historiques sérieuses selon Jean-Pierre Le Goff (dans son ouvrage Mai 68, l’héritage impossible). Néanmoins, à côté du courant libertaire et des courants d'extrême gauche qui sont les acteurs principaux des évènements de Mai 68, le courant de la deuxième gauche contribue pleinement au mouvement. En Mai 68, le service d’ordre des manifestations est tenu à côté de la JCR par l’UNEF et le PSU ; les grèves sont en partie amorcée dans des usines tenues par la CFDT où des tentatives d’autogestion aboutiront partiellement ; la deuxième gauche politique et syndicale est celle qui porte le plus loin la revendication en soutenant toutes les initiatives du courant libertaire (l’UNEF soutient Daniel Cohn-Bendit et exige sa présence aux manifestations en dépit des protestations du PCF) ; la CFDT réussit à arracher, lors de la négociation des Accords de Grenelle, la création des sections syndicales d’entreprise tout en constatant que lesAccords de Grenelle sont modestes et qu’ils signent la mort de la contestation de Mai ; enfin la deuxième gauche organise un meeting gigantesque regroupant tous les progressistes de Mai 68 au stade Charléty, sont notamment présent Edmond Maire, Jacques Chérèque, Pierre Mendès France, Marc Heurgon et Michel Rocard. La tentative de la deuxième gauche de propulser Mendès France au pouvoir n’aboutira pas à cause du refus de celui-ci.

Après Mai 68, la deuxième gauche est à l’heure du bilan. Même si elle rallie à elle des penseurs brillants (Cornelius Castoriadis et Claude Lefort, François Furet et Pierre Rosanvallon) et des sociologues reconnus (Serge Mallet, Alain Touraine). Il est clair qu’à présent il y a deux courants opposés dans la deuxième gauche politique, un courant réformiste modernisateur et un courant révolutionnaire proche de l’extrême-gauche. Avant la perte de puissance du PSU, deux évènements qui marquent l’histoire de la deuxième gauche ont lieu. En 1971, les manifestations sur le Larzac sont menées et organisées par le PSU contre l’extension du camp militaire. Cette mobilisation rassemble pendant quelques jours toute la gauche progressiste. En 1973, l’usine Lip où la CFDT est majoritaire se met en grève et signe la plus grande réussite du mouvement ouvrier français en pratiquant une autogestion complète.

Avec la montée en puissance du Nouveau Parti Socialiste puis du Parti socialiste et après la défaite de Savary (celui-ci a quitté le PSU au début des années 1960) face àMitterrand, le PSU s'effrite et même si les courants d’extrême-gauche sont marginalisés au congrès de Toulouse de 1972, le parti est conduit petit à petit vers une impasse politique. Michel Rocard quitte le PSU et rejoint le PS aux Assises pour le Socialisme en octobre 1974. Des syndicalistes de la CFDT, notamment Jacques Chérèque et Jacques Delors, mais aussi les clubs et les associations (Témoignage chrétien) proches de la deuxième gauche sont aussi présents.

La deuxième gauche politique a disparu en tant que telle et existe à présent au sein du Parti socialiste de François Mitterrand où Michel Rocard anime un courant social-démocrate réformiste avec les chrétiens de gauche dans la majorité mitterrandienne. L’histoire du PSU qui avait été une part de l’histoire de la deuxième gauche se poursuit,Huguette Bouchardeau est candidate du PSU à la présidentielle de 1981. La CFDT envisage son recentrage à partir de cette même époque, recentrage qu’elle appliquera réellement dès 1978.

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