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Thérèse Desqueroux : L'incipit

Par   •  13 Janvier 2018  •  1 087 Mots (5 Pages)  •  497 Vues

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petit homme aux jambes arquées qui pas une fois ne se retourna vers sa fille » (l. 26 et 27). Ces éléments montrent qu’il est plus intéressé par les répercussions de l’affaire que par le destin de sa fille. Pas une fois, il ne s’adresse pas à elle. Larroque et Duros traitent Thérèse avec mépris : « comme si elle n’eût pas été présente » (l. 13) ; « gênés par ce corps de femme, ils la poussaient du coude » (l. 14). Aux yeux des deux hommes, elle n’est plus qu’un « corps », un obstacle, et non une personne. Thérèse occupe une place à part, à l’écart des deux hommes : ils ne forment pas un trio et font comme si elle n’existait pas, à moins que ce ne soit elle qui prenne ses distances : « elle aurait pu choir au bord de ce chemin, ni lui ni Duros ne s’en fussent aperçus » (l. 38 et 39). - Les pronoms personnels opposent les personnages : il y a d’un côté « elle » , et de l’autre les deux hommes, « ils » . Ce passage annonce l’opposition, dans la suite du livre, entre Thérèse et les autres membres de la famille Desqueyroux.

3. Un incipit déceptif

a) Des informations essentielles sont cachées par le narrateur

Le lecteur doit comprendre seul dans quel cadre spatio-temporel l’action se déroule. Les lieux ne sont pas très précis. Seule est nommée la commune voisine de Budos , en Gironde. Le lieu de départ de l’action du roman est un palais de justice : le lecteur est obligé de se poser des questions (Que s’est-il passé ? De quoi l’accuse-t-on ? Etc.) Quelques indices disséminés çà et là dans le texte permettent par exemple de situer l’action en automne, en fin de journée : « des feuilles de platane étaient collées aux bancs trempés de pluie », « les jours avaient bien diminué » (l. 7 et 8). Tout cela renforce la tristesse du passage.

b) Les dialogues ont un but informatif

L’auteur délègue aux dialogues le passage d’informations : c’est par l’avocat et le père que le lecteur obtient les informations qui lui manquent. Mais pour le moment, il est difficile de comprendre toutes les allusions ; certaines ne prendront du sens que bien plus tard dans le roman. - Le lecteur comprend que le témoignage de Thérèse est mensonger : « Tout de même, l’explication qu’elle a donnée » (l. 35), « Je le lui ai assez dit : “Mais malheureuse trouve autre chose“ » (l. 41 et 42) et que des documents ont été falsifiés : « Mais il y avait cette ordonnance : en somme, il s’agissait d’un faux… » (l. 32). - Larroque et Duros sont donc complices.

Conclusion

L’incipit laisse volontairement de côté un nombre important d’informations, notamment le mobile et les circonstances de la tentative de meurtre. Thérèse, femme frêle et écrasée par les circonstances qui l’entourent, apparaît peu capable d’avoir fait ce dont on l’accuse. Dès lors, le lecteur se trouve en position d’attente et, incité à échafauder des hypothèses, attend de découvrir les détails du sordide fait divers. Le roman répondra à ces interrogations dans les chapitres suivants au moyen d’analepses. - Il est intéressant de comparer comment la description de Thérèse évoluera entre ce texte et l’explicit (= la fin) du roman, où elle est pour de bon délivrée de l’oppression

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