Rencontre Piarcci Soleiman analyse
Par Junecooper • 16 Mai 2018 • 1 553 Mots (7 Pages) • 949 Vues
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Le dilemme de Piracci lui permet de résoudre le conflit intérieur qui le ronge depuis le début du roman, son incapacité à trouver l'Eldorado.
III ) La transfiguration de Piracci : devenir Massambalo
A ) Le caractère sacré du rituel
- importance du regard :
Très peu de paroles sont prononcées lors de cette rencontre ; Soleiman réitère 3 fois uen question, portant sur l'identité de Piracci « Massambalo », et se nomme « Soleiman ». Ce sont ici moins les mots, qui importent, que l'échange de regards.
Il s'agit du regard de S que le commandant sent peser sur lui dès le début de la rencontre : « l'observait avec insistance ; sentir son regard peser sur lui, n'avait pas détourné les yeux, qu'avait-il vu, continuait à le regarder » ; répétition x6 du mot « regard » ; « il regarda S P une dernière fois ».
Piracci échange aussi des regards avec Soleiman : « il le contempla à son tour ; le regarda disparaître ».
- un rite : (expliqué par l'ivoirien au chap précédent)
- le regard, l'observation
- l'apostrophe au dieu
- l'attente (= acceptation pour Piraci d'endosser le rôle que Soleiman lui attribue)
- l'acquiescement
- le don
- solennité de l'instant :
expressions qui marquent l'intensité du rite : « avec politesse ; avec déférence ; une sérénité majestueuse ».
importance du don : « comme on tend un présent à un souverain que l'on craint d'offenser » : seul souvenir de son frère, sorte de porte-bonheur qui le rattache encore au Soudan, d'où il vient ; sa couleur, verte, est symbole d'espoir.
Le caractère sacré de l'instant est aussi marqué par l'absence de parole « sans dire un mot », si ce n'est le caractère magique du nom de la divinité, répété à trois reprises, comme pour l'invoquer. La divinité ne répond pas.
Lenteur de l'instant : « Lentement, lentement, avec la même lenteur ».
B ) La révélation (prise de conscience)
Cet instant, où Soleiman confond la divinité avec Piracci, agit comme un révélateur pour le commandant : il comprend que son Eldorado à lui ne se trouve nulle part géographiquement : « il ne trouverait aucune terre à sa convenance », mais qu'il le trouvera dans « un évanouissement au monde », c'est-à-dire un dépouillement progressif de son identité, un effacement.
Il comprend le but de son errance, et que d'aider les migrants est ce qu'il doit faire : « Il avait besoin de cela ; il n'était parti de Sicile que pour cet instant » : donner espoir devient une nécessité.
C ) L'espoir accordé
Piracci se trouve face à un dilemme : accepter le rôle de l'envoyé de Massambalo, et l'encourager dans son désir de parvenir en Europe : « rendre à cet homme la force qu'il n'avait plus » ; ou brise son rêve comme il le faisait avec tous les émigrés lors de sa « vie sicilienne ».
Peu à peu se dégagent des certitudes : cf répétition du verbe savoir : « il savait bien x2 ; il savait que ».
Il lui est enfin possible d'agir comme il le veut : le verbe « pouvoir » est utilisé plusieurs fois ; il n'est plus obligé d'obéir aux ordres, il peut faire ce qui lui semble juste : « Il lui était donné de pouvoir souffler sur le désir des hommes pour qu'il grandisse » (sorte de métaphore du feu qu'on attise) ; « il était en son pouvoir de faire en sorte qu'ils ne doutent pas de leur chance » ; « La fièvre de l'Eldorado, c'est cela qu'il pouvait transmettre ».
Cette certitude et ce pouvoir font de lui un porteur d'espoir : « l'Eldorado existait pour les autres ; leur chance ; la fièvre de l'Eldorado », qui transforme les migrants : « Le visage du jeune homme s'illumina d'une lumière qu'il n'aurait jamais crue possible chez un être humain », leur donne confiance et les protège : « Plus rien ne l'effraierait, sûr de lui, courageux ; Le dieu des émigrés veillait sur lui ».
Piracci prend conscience de sa destinée, et est enfin en paix avec lui-même à l'issue de cette rencontre : « Il était bien » : sérénité trouvée au bout du chemin. Accomplissement.
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