Lecture analytique, les âmes grises Claudel
Par Christopher • 2 Septembre 2018 • 1 303 Mots (6 Pages) • 611 Vues
...
Enfin , cette rencontre apparaît comme un bouleversement total pour Destinat, ce qui est exprimé par le narrateur par l’utilisation d’un zeugme : « redessinaient..l’échiquier de marbre et l’univers » et une comparaison « comme si la marche du monde s’était arrêtée »
Le récit de la rencontre est pris en charge par le maire, en discours direct avec des paroles simples avec des phrases maladroitement construites « et ses yeux vous les auriez vus, ce n’étaient plus les siens, et même ses lèvres… » ou des expressions orales comme « pensez donc » ou du langage familier »je savais plus où me mettre » ou encore « le couillon dans l’ histoire.. »
- La signification de cette rencontre
Le maire explique avoir regardé le portrait de Clélis pour ne pas se sentir trop bête « je me suis réfugié dans le grand portrait de sa femme »
La symbolique du gris accompagne cette rencontre « les petits souliers qui redessinaient l’échiquier » et surtout un jeu de noir et blanc : les souliers de L. sont noirs et salis ils sont recouverts de « cette boue plus grise que brune avait déposé sa suie grasse sur le pavement, teignant de blanc les damiers noirs et de sombres les carreaux blancs »
Ce qu’on apprend sur Destinat : sa peur de la « souillure » « Destinat détestait les souillures » +Comparaison qui souligne son amour de la pureté « comme un crâne de chauve..ou bien une croûte de terre, une poussière..un éclat de pluie..déposés sur un cuir dur et creux » comparaison simple empruntés à la nature
Lysia apparaît comme celle qui joue avec le blanc et le noir, qui fait croire à Destinat qu’il a de nouveau croisé la pureté. Il croit aussi reconnaître en elle, une nouvelle image de sa femme disparue.
- Les rapports sociaux
Souligne l’humilité du maire face au juge par une comparaison « sonné comme un bête qui aurait cogné…
Jeu de regard : le maire « Les yeux baissés sur les carreaux » ///Destinat » regarda au travers de la porte d’entrée » + silence du procureur : peu de propos sauf le « oui » de la fin.
Différence sociale soulignée par la description des lieux « dix mètres de plafond » carreaux de marbre », verre cathédrale
Différence sociale soulignée par des détails : les chaussures : celles de Destinat « taillée dans un veau de premier choix »
Les chaussures vont devenir dans le texte le symbole de ces oppositions : les « petits souliers » de Lysia, celles du procureur « ses guêtres »et le soin qu’il leur porte : « des chaussures plus brillantes.. » superlatif + comparaison « un cirage parfait »; et surtout, son jugement définitif sur les hommes en fonction de leurs chaussures, anecdotes rapportées par le narrateur : « à la vue de vos chaussures, vous étiez jugés dignes d’être regardés dans les yeux ou pas »
Attitude méprisante de Destinat « un haut le cœur… » « un peu de dédain mêlé d’horreur »Obsession pour la propreté de ses chaussures que souligne le narrateur en la mettant en relation avec son métier de juge « je l’ai vu se les épousseter un jour dans les couloirs du palais » « tandis que …douze jurés soupesaient le poids de la tête d’un homme » : souligne la distance de Destinat avec le monde des hommes, particulièrement des hommes ordinaires.
Le thème des chaussures rejoint celui du jugement.
Interprétation du narrateur à partir du sol de damiers dans un longue phrase qui traduit la permanence du jeu de pouvoir entre les hommes : « un jeu commencé depuis la nuit des temps » « où il y a les riches, les puissants et les guerriers, tandis que de loin, toujours en tombant, les regardent les valets et les crève la faim »
...