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Lecture analytique Paris vu par Gervaise

Par   •  7 Novembre 2017  •  2 012 Mots (9 Pages)  •  531 Vues

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L'attitude, le comportement de Gervaise est aussi à interpréter. Au début, elle est accoudée à la fenêtre (l 6), puis elle se hausse car la lumière la gène (l 16), et le narrateur insiste à la fin en écrivant « quand elle croyait reconnaître Lantier, elle se penchait davantage au risque de tomber » (l 46). Ici, c'est le thème du déséquilibre qui apparaît, symbolisant la fragilité extrême de cette femme qui est dans une situation précaire. Elle est entre l’intérieur et l’extérieur, dans un faubourg, milieu intermédiaire entre banlieue et ville, entre la nuit et le jour. Tous le passage est à lire à l'aune, sous le jour de ses déséquilibres, qui symbolise pour Zola la condition même de l'ouvrier, déséquilibré, en danger permanent (Gervaise boite, Coupeau tombe du toit, père Coupeau tombe d'un toit, et l'histoire entière de l'Assommoir est la déchéance, une chute). L'emploi de l'imparfait indique (dans tous le passage), que l'action c'est répétée et suggère que Gervaise est restée ainsi longtemps à sa fenêtre. La description saisit un moment parmi d'autres, en produisant une impression de ralenti, qui permet d'accentuer l'angoisse de Gervaise dont il est dit qu'elle observe le quartier (« avec la peur d'y découvrir le corps de Lantier le ventre troué de coup de couteau » (le ton du passage emploi une allitération, avec des consonnes comme le T et le C, qui donnent, reproduisent le bruit du couteau, et accentue l'effet d'angoisse).

2) La dimension symbolique du quartier

Quand on connaît les principes du naturalisme selon Zola, on sait que deux facteurs sont importants : l'hérédité et le milieu dans lequel les personnages évoluent. En conséquence, le décors présenté est à interpréter, et bien sûr, il contient une foule d'éléments qui n'augurent pas un avenir facile : le mur, la barrière, l'hôpital, le cimetière, le désert... Voilà le quartier dont Gervaise va subir l'influence. Ce quartier est par ailleurs chargé de signes morbides et mortifères (=qui portent la mort). Les « bouchers » devant les « abattoirs », les « bêtes massacrées », les « cris d’assassinés » développent un thème, un champ lexical du sacrifice de l'Holocauste (= sacrifice de bête pour les Dieux). Le terme « massacrées » est connoté et renvoi à l'idée de sacrifices subit. Par là, il faut y voir celui de la condition ouvrière et celui de Gervaise sacrifiée sur l'autel de la fatalité et de l'injustice sociale. L'hôpital aussi est plus négatif en 1850 que de nos jours, puisque c'était le lieu où l'on mourrait, les pauvres mourraient. Gervaise refusera d'y mettre Coupeau après sa chute, et Coupeau mourra dans un hôpital (St Anne). Le quartier porte donc les signes prémonitoires de la maladie, de la mort, de la détresse, et de l'angoisse.

Pourtant un élément de ce décors semble apporter de l'espérance, un adoucissement. C'est le soleil (l 33) « grande lueur », « poussière de soleil », plane malgré tous au dessus de cet univers fermé. Et là c'est déjà, une autre dimension importante de l'écriture zolienne, c'est la pratique d'une description à la manière des impressionnistes (mouvement artistique né en 1872 (5 ans avant la publication de l'Assommoir)) avec le tableau de Claude Monet, Impression, soleil levant. Ce tableau représente un levé de soleil, une aurore, une aube, sur le port du Havre, port lui même symbole de la révolution industrielle du XIX ème siècle. Ce tableau est révolutionnaire en ceci qu'il cherche moins à rendre compte de la réalité dans ses détails qu'à exprimer les impressions que cette réalité produit sur le peintre, autrement dit, c'est cette idée que la réalité n'existe qu'à travers des yeux de celui qu'il la perçoit.

Conclusion

Ainsi, ce texte descriptif permet de découvrir le cadre de l'action et le personnage principale dans un même mouvement, élan. Au delà de son aspect réaliste, la narration comporte un travail d'artiste qui joue des sens, des symboles et plante les graines d'une esthétique impressionniste, qui germeront de ci delà dans le récit. Zola ne propose pas un portrait figé, mais plutôt la peinture dynamique d'une femme doublement fragilisée par son hérédité, et par son milieu, et qu'un avenir incertain tourmente.

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