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Le style dans No et Moi

Par   •  6 Décembre 2018  •  1 347 Mots (6 Pages)  •  613 Vues

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No et Moi est aussi un roman d’apprentissage où la narratrice va vivre des expériences qui vont la faire grandir. Au début du roman, elle est pleine de certitudes, notamment sur la langue et son organisation. Elle pense que l’écriture va l’aider à voir plus clair dans sa vie. Pour elle, « la grammaire est un formidable moyen d’organiser le monde comme on voudrait qu’il soit ». Cependant, à la fin, elle s’aperçoit de l’impuissance du langage pour faire changer les choses : « c’est une illusion de penser qu’il y a des raisons bonnes ou mauvaises, et en cela la grammaire est un mensonge ». Le ton du livre évolue donc et abandonne petit à petit la légèreté pour basculer vers la gravité, voir le désespoir. «Je sais maintenant que la vie n’est qu’une succession de repos et de déséquilibres dont l’ordre n’obéit à aucune nécessité ». Il est aussi bon de noter que l’expression « et tout »disparait dans la deuxième partie du roman, ce qui symbolise son développement intérieur. L’évolution dans le langage de Lou témoigne donc du fait qu’elle grandit, qu’elle perd son innocence de Lou et quitte définitivement le monde de l’enfance à la fin du roman.

No et Moi est également un roman réaliste. Le message fort que veut faire passer De Vigan est le sort injuste des SDF dans nos sociétés notamment les femmes. Elle transmet cela efficacement en opposant la subjectivité du point de vue de Lou avec l’objectivité des chiffres sur les sans-abri. « Selon les estimations il y a entre 200 000 et 300 000 personnes sans domicile fixe, 40 % sont des femmes» A travers ces chiffres qui donnent des renseignements bruts indéniables, l’auteur veut s’insurger contre cette situation.

Par ailleurs, l’écriture avec des dialogues et des phrases courtes permet aussi un ton léger, familier qui interpelle le lecteur. « Je cherche quelqu’un qui vous connaissez peut-être. Elle s’appelle No.- Nolwenn ?- Oui.- Qu’est – ce que tu lui veux ? » Ces dialogues réalistes rendent l’histoire plus vraisemblable et fait participer le lecteur à l’histoire.

En plus, l’auteure utilise des registres de langue différents entre Lou et No ce qui souligne l’écart de classe qui sépare les deux jeunes filles, qui vivent dans deux mondes opposés. Même s’il lui arrive d’utiliser un registre familier, Lou s’exprime avant tout avec un registre standard voir soutenu, alors que No a souvent recours à un langage plus familier, voire injurieux : « Barre- toi, Lou, je te dis. Tu me fais chier » ou « Comment tu crois qu’on peut sortir de cette merde ». Cette différence de registre entre les deux protagonistes souligne aussi leur incompréhension, et vise à montrer que l’entreprise de sauvetage tentée par Lou était vouée à l’échec, comme si ces deux personnes ne pouvaient pas se comprendre du fait de leur parcours différent.

De Vigan a recours à l’utilisation ponctuelle de retour en arrière pour mieux comprendre les traumatismes que Lou et No ont subi au cours de leurs vies, que ce soit la mort de Thais «elle s’est recroquevillée sur le bébé, à genoux, elle pleurait en disant non non non » ou l’histoire de No « Sa mère s’est fait violer dans une grange ». Cette technique vise à mieux apprécier la trajectoire des deux personnages principaux et ainsi à attirer la sympathie du lecteur. Celui-ci devient le témoin de l’émancipation de Lou par l’amour et l’amitié.

En conclusion, il est clair que le récit à la première personne contribue à l’empathie qu’on ressent pour Lou et à la représentation du contraste entre la vision innocente de Lou et la dure réalité vécue par No.

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