Le roman de Tristan chapitre VII
Par Junecooper • 30 Septembre 2018 • 1 532 Mots (7 Pages) • 612 Vues
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Le sang dans ce passage a également un aspect symbolique que nous allons observer. L’opposition de la couleur blanche des draps et de la farine à la couleur vermeil du sang représente le contraste entre le bien et le mal, le sacré et le profane. Ce sang qui souille les draps blanc et qui entache la farine est comparé au mariage d’Iseut et Marc, profané et souillé par l’amour entre Tristan et Iseut. Un aspect symbolique et même sacré est donc mis en évidence par ces taches de sang qui salissent le blanc représentant la pureté du mariage d’Iseut et sa sacralité.
Des éléments également symboliques rattachent cet épisode au suivant notamment grâce à l’intervention du narrateur : « Mais Dieu à qui il plut de les protéger commit par la suite un grand miracle. », Dieu est mentionné aussi plusieurs fois par Tristan, cela annonce le miracle de la scène suivante (« pour l’amour de Dieu », « au nom de Dieu »). Tristan se repose même sur l’intervention de Dieu (« il avait une telle foi en Dieu »). Dans cet extrait de nombreuses allusions divines nous indique donc une intervention de Dieu en faveur de ces deux amants.
Comment le peuple, Tristan et le conteur expriment leur désespoir et mettent en avant une scène tragique ?
Etudions les caractéristiques du discours de Tristan lors de son arrestation par les Roi et les barons. Dans son discours, Tristan est suppliant (« Tristan se prosterne », « ayez pitié »), il sait sa mort inévitable mais supplie pour la reine, subissant une force supérieur à lui venant de son Roi cela met en avant le registre tragique de cet extrait. Mais le registre épique est également mis en avant, puisqu’il reste digne, il serait prêt à se sacrifier pour son amante (« Pitié pour elle, sire, au nom de Dieu ») et même accusé par son Roi il reste un serviteur loyal envers son Roi (« vous ferez ce que vous voudrez de ma personne »). Le discours de Tristan est donc tragique et même pathétique, les deux amants sont pris en pitié par le lecteur, mais aussi épique, Tristan se comporte en héros.
Le conteur intervient dans ce discours en faveur de Tristan, comme le lecteur, il compatit et voudrait aider ces amants que tout sépare (« pourquoi ne les a-t-il pas tués ? L’affaire aurait pris une meilleure tournure. »). Le point de vue du narrateur est subjectif puisqu’il prend le parti de Tristan et Iseut et également omniscient puisqu’il sait à l’avance ce qu’il va se passer. L’intervention du conteur permet non seulement de nous annoncer subtilement la suite mais aussi d’accentuer encore ce registre tragique, le lecteur, le narrateur et, comme nous le verrons ensuite, le peuple, prennent en pitié ces amants.
Le peuple lui aussi aime et prend en pitié Tristan et Iseut, nous allons voir de quelle manière ils se manifestent et le rôle qu’ils jouent. La voix est représentée comme étant celle de tout le peuple (« Petits et grands s’affligent »), celle des habitants de la cité qui parlent entre eux. Le peuple dans cet extrait sert à convaincre le lecteur et à essayer de convaincre le Roi de la bonté des deux amants. L’auteur souhaite que le lecteur continu à soutenir et aimer les deux amants, pour rester dans le registre tragique où nous les plaignons. Pour le lecteur cette voix nous confirme que le Roi ne devrait pas les tuer, elle nous permet de nous attacher à ces deux personnages et de susciter chez le lecteur encore plus d’émotion lors de leur mort dans la scène finale.
Pour conclure nous pouvons donc dire que cet extrait met en avant une scène dramatique, avec le piège tendu par le Roi, une scène et un aspect symbolique et divin, avec l’impure qui entache le sacré et une scène tragique avec les supplications de Tristan pour son amante.
Cette scène est un tournant décisif de l’histoire en premier lieu par l’action qui se déroule lors de cette scène, le fait que Tristan et Iseut soient découverts mais également par l’attachement grandissant, grâce à cette scène, du lecteur pour les deux amants.
Ce thème de l’amour impossible est par la suite beaucoup repris notamment par des auteurs comme William Shakespeare dans Roméo et Juliette, comme dans Tristan et Iseut, leur amour est sans limite mais impossible, ils doivent braver les interdits et contre la société et contre le sacré sans pouvoir à la fin être réunis puisque dans ces deux œuvres, la fin tragique montre la mort des deux amants. Pourrions-nous alors comparer ces deux œuvres d’un temps très différent ?
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