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Le Loup et Le Chien, Jean de la Fontaine

Par   •  20 Juin 2018  •  1 441 Mots (6 Pages)  •  883 Vues

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Transition

A la mise en scène des 2 personnages portée par le discours unilatéral du chien qui vante les avantages d’une vie au service d’un maître qui le lui rend plus ou moins bien, nous est offert aussi son coup de théâtre et un retour à la réalité désanchantée. Le récit qui montre une rencontre en apparence consolatrice pour le loup, précise sa visée morale.

II - LA VISEE MORALE DE LA FABLE

- Une servitude dénoncée…

On observe une accélération du récit annoncée par l’ellipse temporelle v.32 « chemin faisant » et la coupe irrégulière de l’alexandrin 4+ 8 ainsi que l’alexandrin suivant découpé comme suit 3+3/ 1+2+3. Cette accélération inscrit l’urgence de démêler une situation ambigüe : « le col du chien pelé » v.32

La stichomythie au v.33 (procédé théâtral qui vise à confronter 2 adversaires par la parole) permet au loup de reprendre le dessus en acculant le chien à justifier la marque sur son cou. Marque aussitôt éludée par la négative « rien » v.33 qui rappelle le discours atténué et trompeur du chien au v.23 « presque rien ».

Le déni de la servitude se poursuit d’ailleurs par les modalisateurs « presque, peut-être, pas toujours » v.23, 35, 37

- …qui affermit la position du loup

A partir de cette découverte, le loup reprend du « poil de la bête » au sens propre ici car son statut de loup d’abord diminué reprend du galon. Par les interrogatives nombreuses et ramassées aux vers 33-34 ; la répétition du verbe « courir », associé au volitif décliné au présent et au conditionnel affirment son refus de se soumettre à cette vie privée de liberté. Ainsi, le discours dilettante du chien se trouve confronté au discours franc du loup : l’interrogative totale prononcée par le loup aux vers 36-37 et le verbe « voulez » en enjambement valorisent le principe sacré du libre arbitre pour l’animal non domestiqué et s’oppose à la réponse affaiblie du chien qui avoue ne pas être libre « toujours » et dévoile sa lâcheté par « qu’importe ? », v.37

Le refus du loup un effet de chute : il crée une rupture entre les 2 personnages qui au départ se différenciaient par leur condition, leur mode d’existence et qui s’opposent maintenant dans leur conception de la vie : la structure de la fable nous précisait également implicitement cette différence : en effet, les dénominations successives du loup le font passer de « loup » à « Sire loup » puis à « maître loup » v.41 tandis que la caractérisation du chien baisse en importance et passe du « mâtin » au « chien » puis au « chien pelé » v.32 . Par l’épithète, La Fontaine attache à l’animal la réalité de sa servitude tandis qu’il affranchit le loup et le libère même de sa condition d’affamé en lui redonnant légèreté dans sa dernière action de « cour[ir] encor», v.41. métaphore de la liberté.

CONCLUSION

Ainsi, « Le loup et le chien » rappelle la vérité universelle qui est celle de la faim en même temps que la dure réalité du règne animal. Si les rencontres ne sont pas toujours promesses de festin, elles permettent de confirmer son rapport à la vie et de vivre selon son éthique. La fable ne présente pas de morale explicite mais elle aura été travaillée souterrainement par elle. Le récit aura retardé le message moral pour le plaisir du lecteur et son absence constitue le libre droit de la formuler dans le chemin tracé par le loup. En effet, la liberté est ce qui fait encore courir les hommes et plus précisément La Fontaine qui ne la négligera pas, au détriment d’un confort matériel. Mais, dans une société où il est bon d’être courtisan, l’absence de morale peut contribuer à choisir son camp et à nuancer comme le chien, sa conception de la liberté selon que l’on doit allégeance à un Puissant ou qu’on l’a perdue.

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