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La tragédie classique cas

Par   •  23 Février 2018  •  2 999 Mots (12 Pages)  •  439 Vues

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Les spectateurs sont à la grande majorité des citoyens, mais femmes métèques et esclaves peuvent dans certaines mesures assister aux représentations. Ils doivent s’acquitter, pour les plus capables, d'une modique somme pour voir le spectacle, mais le théâtre étant une institution nationale et religieuse, les moins aisés des citoyens sont payés pour assister aux représentations, ce qui montre le rôle politique du théâtre d'alors. À ce titre, le rapport à l'art a toujours fait débat à Athènes. Aristote et Platon nous livrent sur ce sujet un débat passionné.

Pour Platon, le théâtre est futile, inutile et pernicieux, voire dangereux pour la république. Il qualifie d'ailleurs l'acteur « d’illusionniste, faisant tenir pour vrai ce qui est faux, et pouvant ainsi renverser, dans l'apparence qu’il construit, l'ordre des valeurs »[1]. Il poursuit et affirme que l’art en général est bien inférieur à la Nature qu’il tente sans succès d’imiter, de copier. Quand aux acteurs ils « suscitent le ravissement des âmes, les empêche de s’élever »[2], raison pour laquelle Platon propose de bannir l’art de la Cité.

Nous allons voir qu'Aristote avait une toute autre vue. Dans l’un des deux seuls écrits qui nous est parvenu du savant, la Poétique, il analyse et compare la tragédie et l'épopée dans le même temps où il explique leurs effets sur le public, et donc souligne leur utilité. (Une seconde partie de ce livre devait concerner la comédie mais ces écrits n’ont jamais été retrouvés et de nombreuses thèses circulent à ce sujet. Cf. « Le nom de la Rose » d' Umberto Eco, pour connaître l’une d’entre elles).

Nous nous permettons une dernière digression et allons vous lire les premières phrases de cet ouvrage :

[pic 2]

Mais revenons à la tragédie. Pour l'auteur, la tragédie est « une imitation noble, accomplie jusqu'à sa fin et ayant une certaine étendue, en un langage relevé d’assaisonnements (ce sont les rythmes, la mélodie, les chants), c'est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen de la narration, (…) et qui, par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation (purification ?) des émotions de ce genre [ … ] ».[3]

Il faut rappeler que jusqu’alors, l’espace théâtral était destiné à accueillir des dithyrambes, des processions, des danses et des chants. C’est au VIe siècle av. JC, que Thespis introduit le premier acteur sur scène : le protagoniste. Pendant qu’un narrateur (le coryphée) déclame l’histoire et qu’un chœur assure le décor sonore, le protagoniste mime l’histoire (on ne dit pas encore « jouer ») en restant le plus souvent muet. Cette forme initiale de théâtre est appelée épopée. On y raconte Ulysse, Homère est la source d’inspiration première.

Les représentations sont d’autant plus importantes qu’Athènes se relève à peine des guerres médiques (contre les Perses), ce qui confère un caractère sacré aux moments de partage collectif comme le théâtre.

Dans ce contexte la tragédie va donc bouleverser le genre en introduisant d’abord un second acteur avec Eschyle, puis un troisième avec Sophocle. C’est la naissance du théâtre moderne : la narration et le chœur s’effacent au profit de l’action mise en scène et des dialogues entre les acteurs. Cette mise en avant amènera un nouveau concours, celui du meilleur acteur ! (L’ancêtre de nos « Molières »)

Mettre en place ce qui peut se jouer comme dialogue n’est pas une mince affaire à l’époque. Les règles de l’écriture n’ont rien à voir avec celles que nous connaissons : les conventions littéraires n’existent pas encore. Cela implique que les mots ne sont pas encore séparés par un espace (c’est une longue suite de lettres qui « va à la ligne » en fonction de la largeur du papier). Pas de ponctuation, pas d’accent… : lire est encore un acte rare et éprouvant !

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L’analyse de la tragédie

Selon Aristote, toute tragédie est composée de six éléments qui sont :

- L'histoire ou la fable

- Le caractère ou les mœurs

- La pensée

- L'expression

- Le chant

- La mise en scène.

Il distingue deux types d'histoires, les histoires simples ayant une action qui se développe de manière cohérente tel que le « changement du sort se réalise sans péripétie »[4], ou au contraire les histoires complexes, dont les péripéties constituent la qualité première.

Les mœurs doivent être « bonnes, (…) convenables »[5] (Et Aristote précise « La bravoure est un caractère de mœurs mais elle ne convient pas à une femme. ») et « ressemblantes et égales ». Il faut que le spectateur se dise que tel personnage est vraisemblable et plausible.

La pensée est « tout ce qui s’exprime dans le discours, où il s’agit de prouver de réfuter, d’émouvoir les passions, la pitié, la crainte, d’amplifier ou de diminuer »[6].

L'expression s’apparente à la création de la linguistique. Ainsi il s'interroge sur les sons, les syllabes, sur la place du verbe, sur la rime... , et sur l'effet que cela produit. Ainsi, la mise en valeur de la parole tragique est obtenue entre autres selon Aristote par « l’alternance de la parole expressive et du lyrisme, chantée et rythmée du chœur ».[7]

Le chant constitue l'ornement premier de la pièce. C’est le décor sonore, mais encore celui qui donne la réplique à l’acteur.

Enfin, la mise en scène est secondaire selon Aristote, pour qui le pouvoir de la tragédie subsiste même « sans concours ni sans acteur ». Concernant l'organisation scénique, il défend que « l'art du décorateur compte davantage que celui du poète ».

Ces éléments s’agencent dans structure commune à chaque tragédie comme nous l’explique Aristote et dont voici la trame :

La pièce s’ouvre par le prologue (ou exposition). L’auteur par la parole de l’acteur plante le décor. Ainsi après le prologue le spectateur

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