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La solitude dans la foule

Par   •  24 Mars 2018  •  1 423 Mots (6 Pages)  •  398 Vues

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et fumants » ; plus que la précision de la description de ces deux lumignons, le recours au registre familier, presque populaire de « bouts » (à la place de « morceau ») fait image ; tout cela, repris par le champ lexical en un véritable leitmotiv ; « cahute...chandelles...haillons » et surtout « la détresse », renforcée par l’hyperbole « la misère, la misère absolue ».

III/ Le pauvre saltimbanque : réalité et symbole

1/ Pauvreté et détresse morale

· Il faut considérer la totalité des sens du mot « pauvre ». Le vieux saltimbanque est pauvre, au sens financier, bien sûr, mais sa détresse est surtout morale : il est seul, vieux, pitoyable.

· La vie ne l’a pas épargné ; l’abondance des déterminants est éloquente : le « pauvre saltimbanque » est « voûté, caduc, décrépit », c’est une « ruine d’homme » ; les deux derniers déterminants, avec leur impropriété frappante (vocabulaire presque technique du bâtiment) font du vieux saltimbanque presque une chose, est-il encore un homme, ou fait-il presque partie de sa cahute ?

2/ Silence et immobilité

· Par contraste avec l’univers de la fête, il est « muet et immobile ». C’est ce qu’évoque admirablement la longue accumulation de formules négatives : « il ne riait pas... il ne dansait pas... ».

· Silence et immobilité, sorte de stupeur née du malheur, certes ; mais qui constituent aussi une évocation prémonitoire de la mort (déjà connotée par les expressions « voûté, caduc...une ruine d’home ») et quasiment exprimée dans son renoncement et son abdication suggérés par l’accumulation : « il avait renoncé, il avait abdiqué ».

· Dans sa solitude, sa misère, sa vieillesse, il n’appartient plus tout à fait au monde des vivants et il le sait.

3/ L’intention du poète

· Cependant, la fin du poème surprend. Alors que tout le texte a fonctionné sur un système de contrastes – abondance, misère, foule, solitude, joie, détresse- système fort évident, presque simpliste, il se dégage, dans les dernières lignes, une opposition nouvelle : celle qui tient à la différence entre l’attitude pitoyable, résignée du « pauvre saltimbanque » et ce qu’exprime son regard.

· Nous décelons à présent l’intention de Baudelaire. L’univers de la fête est aussi celui de la foule vulgaire (bien des mots qui l’évoquent ont une connotation dépréciative : « tumulte », « explosion frénétique », « débauche »).

· On sent le poète bien plus proche du vieux saltimbanque sur lequel son regard s’attarde longuement avec une pitié qu’il voudrait nous faire partager.

· Le « regard profond, inoubliable » que l’homme promène sur la foule nous invite à aller plus loin, à dépasser cette interprétation, juste sans doute, mais qui n’épuise pas le sens profond du texte.

· Seul, misérable, parvenu au terme de sa vie, le « pauvre saltimbanque » semble juger cette foule, la dominer, en discerner les appétits grossiers, l’ingratitude.

· Ne s’est-il pas « exilé lui-même » ; cet exil (l’un des mots les plus importants de la poétique baudelairienne) nous laisse deviner une sorte de fraternité entre le poète incompris (« exilé » lui aussi parmi les hommes et le vieux saltimbanque.

· La figure du vieil histrion prend alors toute sa signification : rebut de la foule, il en est aussi le juge et la conscience.

Conclusion

· Comme dans « L’Albatros », Le poète est donc celui qui, souvent rejeté par la société, conserve toujours une âme critique.

· « Le vieux saltimbanque » reprend un thème cher à Baudelaire, celui du poète maudit.

· On retrouve dans ce poème en prose les thèmes majeurs chers à Baudelaire : misère, solitude, détresse du poète exilé dans le monde de la médiocrité.

· Elargissement : on peut rapprocher ce texte du poème "Le joujou du pauvre": dans cet autre poème en prose on trouve également une opposition entre deux mondes, celui de la richesse et celui de la pauvreté.

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