Kessel l'équipage, lecture analytique

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le départ est un être à part, mais pas dans le même sens que Thélis : il fait naitre presque de la haine parce qu’il est maladroit, qu’il ne sait pas y faire (son arrivée et le passage sur le mess des officiers). Il ne rentre pas dans le moule, dans cette espèce de grande camaraderie générale. On peut penser aussi à quelqu’un comme Baudelaire. C’est un être épidermique, tourmenté (à cause d’une femme qu’il adore, mais il est vieux. (cf Comédie de Molière avec des hommes âgés qui épousent une femme jeune : personnage à la limite du ridicule). Il a des sentiments trop forts, qui débordent. On peut voir quand Herbillon accepte de partir avec lui en avion (promesse, long regard). C’est un écorché vif… (le héros romantique a une sensibilité exacerbée).

Mais c’est également un homme droit, qui n’est pas capable de bassesse, qui même quand il en aura la certitude ne trahira pas les amoureux.

(Nous avons une comparaison possible avec le Moyen-âge chez lui : c’est le roi Marc avec Tristan et Iseult, ou le roi Arthur avec Lancelot et Guenièvre.

Il a un coté assez suicidaire. Mais il se contrôle jusqu’au bout. Et arrive à sortir vivant d’une situation folle (le dernier combat). On a là un héros qui triomphe de la mort.

Herbillon.

Il tient du héros romantique ses aspirations à la grandeur (que l’on songe à « je serai Chateaubriand sinon rien » citation de Victor Hugo à 16 ans). Nous avons une sorte de bovarysme : ses aspirations, ses rêves… qui rencontrent la réalité.

Nous l’avons un peu vu avec la L2 : Il devient un peu héros par hasard. (qu’on songe à Meursaut qui lui devient assassin à cause du soleil). Il est très jeune. Il est gouverné bien plus que les autres par les appétits de la chair …

Sans le vouloir (parce qu’elle va lui mentir sur son identité), il va trahir l’équipage : ce frère de sang quasiment que la guerre va lui donner cf passage sur l’équipage. On retrouve là aussi une situation du Moyen-âge : Tristan, tombé amoureux à cause d’un philtre et surtout lancelot…. A partir de là, il va entrer dans un énorme dilemme moral et suivre les conseils d’hélène : Denise. : il va se taire, ne rien dire. Il va aller toujours plus loin dans la dissimulation. Il va faire un choix qui n’est pas le choix du héros : il va choisir de fuir. C’est l’intervention de Thélis, le fait de devoir devant son héros admettre sa lâcheté qui entrainera sa rédemption. Il ira jusqu’à avouer l’adultère..mais il se montrera assez lâche jusqu’au bout. (la mort d’Herbillon : il a peur de la colère. Il réclame juste la paix : les mains jointe du suppliant). Il meurt au combat. Dans un combat titanesque dont seul Maury sort vainqueur : l’équipage n’ a pas survécu. Mais bcp plus funeste :

Alors que Thélis entre dans la mort encore vivant, que Maury, comme les héros anciens, survit à une situation folle, Herbillon meurt sans rien de grandiose. Et l’épitaphe est terriblement cruelle : Hélène l’oubliera assez vite, en tout cas avant Maury.

Donc Herbillon qui rêvait d’être Thélis est peut être plus proche de Meursaut (anti héros.). On peut rapprocher de lui un personnage de Balzac : Lucien de Rubempré, qui pareillement aura des rêves de grandeur, mais dont le caractère, et les faiblesses vont conduire à une mort honteuse et déshonorante (suicide).

C’est aussi un être très humain, le plus moderne des héros de l’histoire.