Incendies scène d'exposition

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Cette scène est donc marquée par une dualité entre les jumeaux qui sont les personnages principaux mais qui restent dans un silence total face à un notaire qui est omniprésent. En effet, les jumeaux restent aux yeux du lecteur et du spectateur un mystère puisqu'on ne sait même pas s'ils finissent par rentrer en effet, aucune didascalie n'annonce ce fait. Leur silence a donc pour but d'intriguer le lecteur et le téléspectateur, et de le pousser à cerner les jumeaux.

Pour ce qui est du notaire, il est un personnage ridicule et qui peut faire rire : Il se répète «c'est sûr, c'est sûr, c'est sûr», emploie des expression fausses «c'était pas la mer à voir» ou ridicules «faut pas se raconter de racontars». De plus, il parle dans le vide, ce qu'il raconte ne fait avancer en rien l'intrigue, et s'avère complètement absurde. Il est également très maladroit et se sent parfois mal à l'aise avec «Oui. Bon. C'est sûr, c'est pas facile.», «c'est nécéssaire, je veux dire ça reste un mal nécéssaire». Il étouffe les personnages principaux et les enferme davantage dans leur silence, leur solitude. Cette dualité permet d'allonger l'attente du spectateur, ce qui va à l'encontre d'une scène d'exposition classique.

Afin d'intensifier cette intrigue, nous ne savons pas si la mère est un personnage ou non car bien qu'elle soit décédée, il s'agit de le personne sur qui nous apprenons le plus de faits, par exemple le notaire et elle étaient liés mais on ne sait par quoi «J'aimais votre mère, je vous dis ça comme ça. », elle «ne disait jamais rien à personne» et l'on peut déduire qu'elle est restée muette longtemps avant sa mort avec «avant qu'elle se soit mise à plus rien dire du tout», de plus, les enfants sont présents chez le notaire pour son décés ce qui fait d'elle un personnage imporant. Ainsi le lecteur se pose de nombreuses questions au sujet de cette femme, l'effet d'intrigue est total.

Parallèlement, des éléments de cette scène aident le lecteur à comprendre que nous avons affaire à une pièce dramatique. Ainsi nous pouvons citer les répliques d'Hermile lorsqu'il parle de la mort «La mort, ça ne se prévoit pas. La mort ça n'a pas de paroles...», le lecteur comprend que la mort sera un thème présent dans la pièce, thème récurrent dans les tragédies. La phrase «elle détruit toutes ses promesses», serait à mettre en relation avec le titre de la tétralogie «Le sang des promesses», nous allons donc sûrement être amener à parler de trahison : sujet également présent dans la tragédie classique. Nous avons affaire à une histoire de famille, typique des tragédies classique mettant en scène des personnages mythologiques. Le sujet du testament est récurrent dans cette scène de la ligne 56 à 61. La didascalie finale «il éclate en sanglots» est d'ailleurs la seule qui nous informe sur les émotions des personnages, on comprend que le notaire est dépassé par les évènements, ce qui pourrait expliquer son comportement étrange et ridicule, la mort de la mère le touche particulièrement et les pleure sont typiques du pathétique.

Pour finir, la première didascalie «jour d'été» peut nous présager une bonne journée, hors la mère est morte un jour de pluie, et le notaire explique «un testament, je ne vous raconte pas le mauvais temps que ça représente » : l'auteur nous livre ici un élément très important : le testament est la clef de l'intrigue et est l'objet qui s'apprête à lancer l'action et à bouleverser les personnages.

Pour conclure, nous avons face à nous une scène d'exposition pouvant paraître à première vue, classique puisqu'elle situe l'action, le contexte actuel. Cependant, cette scène est un tirade d'un personnage secondaire, elle ne présente pas les personnages priincipaux, ni le thème global de la pièce, cela montre que nous avons affaire à une scène d'exposition tout à fait originale. De plus, l'auteur n'a pas comme but premier d'informer le lecteur mais de le divertir mais en créant chez lui un sentiment d'intrigue total, rendant cette scène tout à fait originale. Pour se faire, Mouawad fait le parti-pris de brouiller les pistes dans les titres de l'acte et de la scène, il étouffe les personnages principaux dans leur silence face à un notaire omniprésent et ridicule, et nous donne des informations très subtiles sur une pièce qui pourrait s'avérer dramatique avec une mère qui semble porter un lourd passé et un testament qui pourrait être l'objet sur laquelle repose la pièce. On pourrait mettre cette scène d'exposition en relation avec la scène d'exposition de «Dom Juan» de Molière qui est elle très classique afin d'effectuer une comparaison.

I) Une présentation originale :

II) Une scène intriguante afin de divertir

a) Dualité jumeaux / notaire

b)