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Grand Siècle

Par   •  20 Février 2018  •  1 198 Mots (5 Pages)  •  419 Vues

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quand elle commence à se dévêtir, en «ôtant son mouchoir de col» (l.16) et en montrant ainsi sa

poitrine. Enfin, elle finit par demander au Destin de la gratter sous ses vêtements.

La Bouvillon fait preuve de ruse en prétendant qu’elle n’est pas responsable de la situation

dans laquelle les deux personnages se trouvent. Elle accuse d’abord la servante, qui est sa complice,

pour cacher ses intentions. En voulant protéger sa réputation , elle sous-entend qu’il pourrait se

passer quelque chose avec Le Destin, en employant des termes imprécis comme « ce qu’il leur

plaira» (l.6) ou «ce que l’on voudra» (l.6). Finalement, la porte fermée, qui aurait pu nuire à leur

réputation, est présentée par la Bouvillon comme une protection contre le regard des autres et la

possibilité d’une irruption inattendue (l. 14). La Bouvillon se fait donc passer pour une femme de

qualité tout en mettant en place ce dont elle a besoin pour séduire Le Destin.

Le Destin n’a rien d’héroïque dans cette scène, qu’il semble subir. Il est d’ailleurs, la plupart

du temps, complément des verbes et non sujet: « madame Bouvillon le fit asseoir » (l. 1), « elle

approcha du Destin son gros visage » (l. 14), « lui donna bien à penser » (l. 14), « elle lui allait

présenter» (l. 15.16). Lorsqu’il est sujet, les verbes n’expriment rien de glorieux : « Le Destin

rougissait» (l.20), «Le pauvre garçon le fit en tremblant» (l. 23). On peut ainsi qualifier Le Destin

d’«antihéros».

Scarron nous amène à penser que madame Bouvillon est prête a tout pour aboutir à ses fins et

satisfaire ses désirs que ce soit par la ruse ou par le soumission.

Le narrateur se moque de la Bouvillon par de nombreux termes péjoratifs. Elle est dotée d’un

«gros visage» (l.14) mais de «petits yeux» (l.14) ce qui nous donne un oxymore. Il s’en moque

également par une hyperbole peu flatteuse les «dix livres de tétons» (l.17) ne représentent qu’un

tiers du poids de ses seins. Enfin, la comparaison avec le «tapabor d’écarlate» (l.20) achève le

portrait ridicule de cette femme.

La complicité avec le lecteur est permise par le point de vue omniscient du narrateur, qui

dévoile les intentions de la Bouvillon avant que Le Destin ne prenne conscience du piège dans

lequel il est tombé ce qui rend le lecteur quelque peu complice. Le lecteur en sait donc plus que les

personnages, il comprend que la Bouvillon n’est en rien vertueuse et la faiblesse du Destin,

confronté à cette femme est comique. En effet, le lecteur sait que celui-ci est terrorisé par la

Bouvillon, mais cette dernière, aveuglée par son désir, n’en prend pas conscience. Ce décalage entre

ce que comprennent les personnages de la scène et ce que sait le lecteur, grâce au narrateur, permet

ainsi d’établir cette complicité.

La femme apparaît comme une prédatrice, guidée par son seul désir. La Bouvillon est

ridicule car son apparence physique ne lui permet pas de prétendre à la séduction. L’image de la

femme n’est pas valorisante. Mais celle de l’homme n’est pas meilleure: Le Destin est un être faible

et peureux, qui se laisse facilement piéger par le désir féminin. Scarron se moque ainsi des deux

sexes.

Tout au long de cet extrait Scarron nous montre la façon dont la Bouvillon s’y prend pour

manipuler Le Destin avec des jeux de séduction et une mise en scène théâtrale. Mais madame

Bouvillon fait tout cela seulement pour satisfaire ses désirs plutôt sexuel et Le destin ne fait que

subir ce que la Bouvillon lui inflige. Dans tout cela la narration joue un grand rôle puisque le

narrateur nous incite à penser du mal de la Bouvillon en se moquant d’elle et en utilisant des termes

péjoratifs mais aussi en faisant du lecteur son complice en lui annonçant les événement qui vont

suivre.

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