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François de Malherbe, Beaux et grands bâtiments

Par   •  9 Mai 2018  •  2 303 Mots (10 Pages)  •  1 652 Vues

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française est notable, particulièrement au XVIIème siècle: Boileau vente son talent dans son Art Poétique. Dans son Oeuvre, on note la présence d’un sonnet nommé « Un sonnet à Caliste » dans Délices de la poésie française qui s’approche du poème faisant l’objet de notre étude. Si les thèmes de la nature, de la femme (Caliste) et de sa beauté sont évoqués, les termes utilisés dans les deux textes se retrouvent très similaires. Nous étudierons le poème sous la composition suivante: les deux quatrains érigent deux éloges, puis un tercet fait naître le lyrisme pour enfin amener un discours sur l’importance d’une femme, Caliste. Nous nous demanderons comment, sous l’apparent éloge de la nature et de la culture, le poète en profite pour amplifier la grandeur de la femme dans un discours lyrique qui prend la forme d’un raisonnement. Nous procéderons par commentaire linéaire.

les deux premiers quatrains érigent en effet deux descriptions élogieuses : un éloge de la culture, du travail humain, mais aussi un éloge de la nature. Les bâtiments, constructions de l’homme sont vantées par l’usage de termes mélioratifs: comme « beaux » ou  « grands » au vers 1. L’ « éternelle structure » vient décrire la durabilité du travail humain en opposition avec l’éphémère de la nature. On note une allitération martelante en « t » qui nous laisse approcher la matière des constructions. Au vers 2: on note la qualité de leur matières (« superbes de matières ») mais aussi la multiplicité de leur apparence (d’ « ouvrages divers »). Les ouvrages peuvent aussi faire référence à un travail minutieux sur l’apparence réalisé par l’homme, une sorte de coquetterie des bâtiments, une activité d’ornementation d’éléments. Au vers 3: Le mot « Où » attribue bien aux bâtiments la qualité de lieu. Le poète couronne quelqu’un en mentionnant « le plus digne roi qui soit en l’univers », serait-ce l’Homme? La référence à l’« art » au vers 4 évoque la culture humaine, également l’artisanat (cf: ars) qui l’emporte sur la nature. L’art et ses haut-faits, ses « miracles » (actions délicates et bénéfiques) viendraient rompre l’ordre premier et faire disparaitre la nature sous le voile de la culture: la nature laisse place aux constructions humaines.

Au vers 5, on remarque une sorte d’anaphore avec l’adjectif « beau » pour qualifier le lieu, qui, du reste, est répété une fois de plus dans le même vers (« beaux ») : une insistance est crée sur la grâce qui émane des lieux. Cette répétition rapproche également les sujets des deux quatrains (les bâtiments et la nature) et vient, de cette façon, écraser la singularité des deux typographies de lieux. En outre, les mots « parc » et « jardins » nous évoquent la nature mais sous le travail de l’homme, sous le contrôle humain. Du reste, ils sont indiqués comme se trouvant dans une « clôture ».

le vers suivant (6) indique les propriétés de ces lieux: la présence de fleurs et d’ombrages verts. > la mention de ces éléments peut nous évoquer la fraicheur du printemps et peindre un lieu agréable (sorte de locus amoenus). L’opposition du printemps à l’hiver est marquée par les deux rimes embrassées « verts » (au vers 6) et « hivers» ( au vers 7 ) Puisqu’à l’hiver la végétation disparait. vers 7 : qui affronte l’hiver Le vers 8 vient placer la nature ou le paysage en parallèle avec la peinture. Le processus est amplifié par les échos que créent les rimes: « structure » répond à « clôture » et « nature » à « peinture ». Et la « nature » en vers 4 est coincée entre « structure » v1 et « clôture ». En outre la peinture est bien souvent une représentation du réel par le travail de l’homme. Elle est également représentée au sein des descriptions de ce poème, donc enfermée, une fois de plus dans la production humaine, le texte dans ce cas. On en vient à se poser des questions sur le côté artificiel de la nature. En observant les deux quatrains, leur composition semble répondre à une logique de description particulière: Le premier vers indique le ou les lieux dont il est question avec des termes mélioratifs, puis dans le vers qui suit leurs spécificités pour enfin parler d’un acteur (« roi » ou « démon » (vers 3) ) et son action sur ces lieux dans le dernier vers où il est question de l’art: « art » et « peinture ». « cro-faire céder-cro » et effacer mènent tout deux vers l’idée de la disparition de la nature. Si le poème semble être le fruit d’un travail rigoureux et d’une présentation logique, les deux quatrains fonctionnent comme des calques.

L’utilisation du terme « Lieux » vient synthétiser les sujets des deux quatrains au vers 9. Les lieux sont presque personnifiés, ce sont des êtres généreux qui offrent de quoi nourrir le coeur de plaisir. (vers 9) Ils donnent matière aux émotions et aux sentiments. le vers 10: met sur le même plan le naturel (« bois ») et les artifices créés par l’homme (« fontaines » et « canaux »), il les rappelle une seconde fois en quelques sorte. la maîtrise avec l’équilibre des hémistiches et le classicisme du poème montre la force de rigueur du poète qui ne se laisse pas dépassé par ses émotions. Le sonnet peut être vu comme une sorte de démonstration, propice, en tous les cas, au déploiement de la pensée.Une légère rupture est créée ici dans le rythme, on peut se demander si ce sont les émotions qui viendrait perturber le soucis d’équilibre du poète.

le 3 ème vers du tercet lance le lyrisme avec le je de l’auteur énoncé pour la première fois à travers « mon » . Lyrisme qui est de plus décrit sous le ton de la tristesse avec l’ « humeur chagrine » et « visage triste ». Le vers se termine par « : », ce qui annonce une explication dans le prochain tercet. En effet, le poète souligne que cela n’est pas du à un manque de grâce, de beauté ou de caractéristique: les lieux ne manquent pas d’ « appas ». Ils ont de quoi être attirants ou attractifs. Mais, il explique dans le vers suivant ce qui est à l’origine de son humeur: le manque de la femme (Caliste). « Calisto » se lie avec « triste » par la rime, sa liaison à l’état de tristesse est donc amplifiée d’une certaine façon. Calisto est une nymphe dans la mythologie grecque d’une grande beauté. Ce prénom venant du grec kallistos signifie « le plus beau » ou « la plus belle ».

Suite à la présence des « : », le deuxième tercet comme une sorte d’explication, c’est en effet la présence de la négation qui est au service du manque: il y a la présence

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