Fiche de lecture, La farce de Maître Pathelin (Anonyme)

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si honnête qu’il le prétend car il n’hésite pas à vendre son drap à Pathelin à un prix exagéré « Ce filou-là est bien naïf. Il a pris à vingt-quatre sous l’aune du drap qui n’en vaut pas vingt ! » Il est cupide : il aime par-dessus tout l’argent.

Il a d’ailleurs la réputation d’un homme dur en affaires comme l’exprime Guillemette :

« Comment a-t-il pu vous le vendre à crédit, lui qui est si dur en affaires ? »

Guillaume n’est pas vraiment naïf car il se rend compte assez vite qu’il s’est fait rouler par Pathelin : « Ce soiffard d’avocat au rabais, il tient les gens pour des imbéciles… Il mérite d’être pendu, aussi bien qu’un hérétique. Il a mon drap, jarnidieu ! Il m’a roulé. »

Par ailleurs, il est tenace, opiniâtre car il ne cesse pas de réclamer son argent pour le drap vendu à Maître Pathelin.

• THIBAULT AGNELET, berger travaillant pour Guillaume. Celui-ci l’a recueilli par charité quand il était enfant et l’a élevé, puis en a fait son berger. Mais Thibault, insatisfait de son salaire, trompe Guillaume en lui faisant croire que plusieurs bêtes de son troupeau étaient atteintes de maladie et qu’il a du les tuer. En réalité, il les a mangées.

Thibault reçoit donc une assignation à comparaître devant le tribunal pour répondre de ses actes.

Par ailleurs, Thibault est plutôt intelligent et rusé car il demande à Maître Pathelin de lui servir d’avocat mais s’arrange pour ne pas le payer… « Je vous en prie, Monsieur, je voudrais qu’à nous deux nous lui préparions un piège pour qu’il tombe dedans. Je sais bien que sa cause est bonne, mais vous trouverez bien un moyen de la rendre mauvaise. »

• LE JUGE, homme pressé et autoritaire. Il n’aime pas perdre son temps. Il semble en bons termes avec Maître Pathelin car il l’invite à venir souper avec lui après le procès.

Malgré tous les efforts de Guillaume pour se faire entendre au sujet de l’affaire du drap, le juge ne l’écoute pas et ne se préoccupe que de l’affaire des moutons d’où l’expression

« Revenons à nos moutons ».

THEMES ABORDES :

• LA DUPERIE

Elle intervient à différents niveaux :

- Pathelin essaie de duper Guillaume en tentant de se procurer son drap sans payer

- Guillaume croît rouler Pathelin en lui vendant le drap à un prix trop élevé pour sa vraie valeur

- Agnelet, insatisfait de son salaire de berger, trompe Guillaume en lui faisant croire que plusieurs de ses moutons étaient atteints de maladie et qu’il a été dans l’obligation de les tuer alors qu’il les a mangés tout simplement.

- Pathelin trompe le juge en demandant au berger Agnelet de ne répondre aux questions qu’en bêlant comme un mouton pour faire croire qu’il est fou.

- Le berger Agnelet trompe finalement Pathelin en continuant à bêler après le procès avant de s’enfuir sans le payer.

• LA JUSTICE

Cette farce est une caricature de la justice : Pathelin réussit à tromper le juge en faisant passer Agnelet pour un idiot, tandis que Guillaume ne réussit pas à se faire entendre et n’obtient pas jus-tice pour le drap qu’il a fourni à Maître Pathelin. Ainsi, la justice parait relative ou ne pas exister vraiment.

De plus, le juge est pressé d’en finir car il a d’autres affaires à entendre et ne prend pas le temps qu’il faut pour bien comprendre les plaintes de chacun et se contente d’un jugement élaboré sur les apparences. Ceci montre que la justice dépend de l’humeur du juge et de son emploi du temps.

• LE MARIAGE

Le couple de Guillemette et Maître Pathelin est plutôt uni. En effet, même si Guillemette ne respecte plus tellement son mari, qu’elle le traite de filou et qu’elle doute de ses capacités à les sortir de leur mauvaise situation financière, elle accepte cependant d’être complice de son époux pour tromper Guillaume.

PASSAGES PARTICULIEREMENT MARQUANTS :

« Je me croyais le maître des fourbes, le roi des faiseurs de discours, des payeurs en belles paroles… et un simple berger me surpasse ! »

« J’ai trompé des trompeurs le maître, Car tromperie est de tel être

Que qui trompe, trompé doit être. Prenez en gré la comédie ; Adieu toute la compagnie. »

(Derniers vers prononcés par le berger avant de s’enfuir.)