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Faut-il s’identifier à un personnage pour être captivé par un roman ?

Par   •  1 Novembre 2018  •  1 555 Mots (7 Pages)  •  671 Vues

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Ainsi, si certains personnages sont clairement des contre-modèles totalement immoraux que le lecteur ne voudrait suivre pour rien au monde, il n’en demeure pas moins qu’ils présentent à travers une réalité déformée du monde l’image que ces personnages s’en font et nous amènent à la conclusion dérangeante que la monstruosité fait partie de l’humanité. Ainsi, la fonction principale du personnage de roman (modèle ou contre-modèle) n’est-elle pas de présenter une vision du monde la plus proche possible de la réalité ?

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- Le personnage de roman en tant que révélateur d’une réalité ( modèle au sens de type).

- Personnages médiocres pour montrer la réalité du monde

- Mme Bovary, Flaubert (1857) : Emma est un personnage médiocre qui rêve d’une vie exaltante de conte de fées qu’elle lisait dans son enfance, mais qui se retrouve mariée à un homme qui ne la satisfait en aucun point, malgré sa situation aisée. Flaubert dénonce les « mœurs de province » par l’intermédiaire d’un personnage bien peu attachant. Emma Bovary es devenu le stéréotype féminin de la bourgeoisie de l’époque mais l’œuvre dépasse son siècle : aujourd’hui encore les mauvaises lectures (les illusions un peu sotte) existent.

- Personnage –cobaye (Zola) :

- naturalisme (zola place la médiocrité de ses héros au service de sa thèse sur l’incidence de l’hérédité et du milieu sur le destin de ses personnages). Dans L’Assommoir (1876), l’alcool précipite Gervaise dans la déchéance et sa fille Nana ne connaitra pas un meilleur sort. Tout au long de ses romans Zola met l’accent sur les défauts de ses héros.

- Ou mise en scène de la cruauté dans Thérèse Raquin (1867) où les deux amants assassinent le mari afin d’atteindre un hypothétique bonheur qui restera inaccessible. Ses personnages subissent leur destin plus qu'ils ne le maîtrisent, comme ils subissent le poids de la société et de la condition humaine.

- // le personnage-type (Balzac) :

- Réalisme (le roman doit restituer le réel, il a pour but de décrire la société et non tant plus la psychologie humaine. Balzac se définit comme un « observateur » : « la Société française allait être l’historien, je ne devais être que le secrétaire »). La Comédie humaine (95 romans et nouvelles à partir de 1830) a donc vocation de restituer un panorama complet de la société française du début de XIXe. Dès lors le personnage devient un archétype : Eugène de Rastignac dans le Père Goriot (1835) est devenu le modèle des ambitieux.

- Idem : Bel-Ami de Maupassant (1885) : Georges Duroy devient le modèle des hommes sans scrupules dont la réussite sociale n’est lié qu’à un physique avantageux et un peu d’habileté.

- Le personnage médiocre révélateur de l’absurdité du monde :

- Céline, Voyage au bout de la nuit (1932) : Ferdinand Bardamu que rien ne prépare à devenir un héros est précipité dans les bassesses humaines et avance de déception en déception. Antihéros, Bardamu n’a rien du courage ni des qualités des héros grecs. Sachant que son ouvrage est en partie autobiographique, son ouvrage n’en est que plus pessimiste sur la nature humaine et sur notre monde. Son défaitisme peut alors nous amener à être plus lucide et prendre du recul face à l’enrôlement. Et bien qu’aux antipodes des héros mythiques, Bardamu, en mage de la société, proteste, s’insurge et réclame d’autres droits que ceux donnés par la société. Le droit d’être et de vivre en homme libre.

Conclusion :

- Certes le personnage de roman doit être exemplaire en tout point afin d’illustrer et transmettre des qualités et des valeurs humaines.

- Cependant, le héros médiocre est utilisé par de nombreux auteurs et attirent le lecteur, car plus humain et permet de montrer un aspect de la réalité.

- Ainsi le personnage devient un modèle, non à suivre, mais en tant qu’il représente une part de l’humanité jusqu’à en incarner l’essence et à en devenir l’archétype.

- De plus, le personnage médiocre nous permet d’accepter nos propres failles et d’être plus tolérant envers nous et nos pairs. Et si, comme le disait Zola dans Deux définitions du roman, « le premier homme qui passe est un héros suffisant », le simple fait de vivre ne serait-il pas un acte d’héroïsme ?

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