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En quoi le procès de Flaubert a-t-il été salvateur?

Par   •  23 Juin 2018  •  2 505 Mots (11 Pages)  •  533 Vues

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D’autre part, Flaubert revendique le soutient d’autres auteurs en vogues, en effet maitre Sénard va faire appel pour sa défense a l’appuie de Lamartine (écrivain et poète lyrique qui était a l’époque bien vu de point de vue politique). Lamartine va donc écrire pour soutenir Flaubert, il déclare que les lecteurs n’ont, en vérité, pas bien compris le sens de Madame Bovary que cet ouvrage était en réalité un roman tout à fait moral car l’héroïne qui pèche par l’adultère et par des pensées non religieuses va être punie par un châtiment extrême a la fin du roman. Lamartine prend donc la parole pour soutenir Flaubert ce qui est également un argument inattendu car il n’est pas spécialement admirateur de Lamartine qui est pour lui en quelque sorte le représentant d’un romantisme basique et plat d’un lyrisme basé sur la nature, a tel point qu’il va dire de son héroïne Madame Bovary dans certains brouillons qu’elle a des « élans lamartiniens » pour évoquer sa médiocrité.

Enfin, l’argument le plus inattendu dans la défense par maître Sénard est celui où il plaide la moralité de l’œuvre en effet il va dire que Madame Bovary est une œuvre fondamentalement morale et non pas immorale comme le prétend l’accusation il va reprendre l’argument de Lamartine en disant que Emma Bovary est une pécheresse et que tout au long du roman ses péchés contre dieux, contre la société sont décrits pour mieux la voir punie à la fin du roman et ainsi produire une œuvre morale. Pourtant, on sait que Flaubert n’avait que faire de réaliser une œuvre morale il avait même l’ambition de faire un livre « sur rien » pour lui c’était vraiment un projet sur le style il n’a jamais voulu écrire pour montrer ce qu’il est bien de faire dans la vie ou non. Pourtant c’est vraiment sur cet argument de la moralité que va se baser en premier lieu de plaidoyer de maître Sénard a tel point que Flaubert va jusqu’à rédiger un mémoire pour les juges pour appuyer cet argument de la moralité « loin d’avoir fait un roman obscène et irréligieux, j’ai au contraire composé quelque chose d’un effet moral ».

Tout porte à croire que le romancier a été acquitté sur un malentendu. Il faut cependant garder à l’esprit que cet argument de « l’utilité morale » du roman était le seul possible. Selon Yvan Leclerc, il est « le seul horizon de réception socialement possible en 1857 pour une œuvre de fiction. »

Pour terminer nous allons nous pencher sur l’acquittement de l’œuvre et ses répercutions.

Premièrement, le verdict es rendu par les juges le 7 février 1857 soit une semaine après le procès. Les accusées c'est-à-dire Flaubert, l’éditeur et l’imprimeur sont acquittés par les juges mais avertis, le verdict viens comme suit : « la mission de la littérature doit être d’orner et de recréer l’esprit en élevant l’intelligence et en épurant les mœurs plus encore que d’imprimer le dégout du vice en offrant le tableau des désordres qui peuvent exister dans la société » . On voit donc que si Madame Bovary est acquitté le verdict rendu est plutôt injuste et démontre surtout d’une vison fort réductrice de la littérature qui était vue comme quelque chose d’absolument utilitaire, qui devait œuvrer à la moralité plus que comme une œuvre d’art. Le tribunal acquitte donc Flaubert le 7 févier 1857, sans que celui-ci n’exulte totalement. Il envisage même de ne plus rien publier. Il déclare : « Cette Bovary que vous aimez a été traînée comme la dernière des femmes perdues sur le banc des escrocs. On l’a acquittée, il est vrai […], mais je n’en reste pas moins à l’état d’auteur suspect, ce qui est une médiocre gloire. » dans une lettre du 19 février à Mlle Leroyer. Ainsi que cette phrase : « Ce tapage fait autour de mon premier livre me semble tellement étranger à l’Art qu’il me dégoûte et m’étourdit. » Le tribunal s’est finalement trouvé bien embarrassé devant cette œuvre. Sensible au talent et aux protestations de Flaubert, le juge rappelle avant de l’acquitter que le roman comporte des éléments relevant d’un réalisme vulgaire, ennemi du beau et du bon.

Cependant, ce procès est révèle salvateur pour Flaubert. En effet, le procès apporte une certaine renommée a l’auteur et Madame Bovary, son premier roman, connait grâce au scandale un véritable succès de librairie. Rien qu’en 1857, le roman qui connait sa première édition sous forme de livre est réimprimé deux fois c’est un assez grand succès pour l’époque. Par ailleurs, cette célébrité de Gustave Flaubert va le mettre à l’abri de nouvelles poursuites judiciaires pour les textes à venir. Le fait qu’il devienne un écrivain renommé lui permettra d’évoquer des thèmes que certains auraient dis amoraux sans ne plus être attaqué en justice. Cela lui permettra de publier plus tard Salammbô où le personnage est presque nu, couvert seulement de quelques voiles ou encore Félicité en proie à un mysticisme, le même que celui d’Emma Bovary.

On en conclut que le procès qui aurait pu nuire à la plus grande œuvre de Flaubert l’a au contraire fait atteindre des sommets, a élevé Flaubert à une renommée immense et l’a mis à l’abri pour ses futures œuvres.

En conclusion, grâce au réquisitoire qui dépeignait cette œuvre comme immorale, irréligieuse, profanatrice et décadente Flaubert a connu un énorme succès. Mais pour y parvenir il a du passer outre tous ses principes et user d’arguments contraires a ses idées en faisant appel a la respectabilité de sa famille alors que l’ouvrage entier de Madame Bovary est une satyre de la bourgeoisie. En usant également de la respectabilité littéraire de certains auteurs ayant abordé les mêmes thèmes que lui sans subir aucune répercutions, ainsi qu’en se servant de l’aide de Lamartine qu’il critique dans ses brouillons et en proclamant Madame Bovary comme un ouvrage moralisateur car les pêchers y sont a la fin punis alors qu’il clamait haut et fort le fait de n’écrire sur rien. Finalement ce procès est salvateur car il lui a permis de se faire connaitre et de faire de Madame Bovary sa plus grande œuvre qui deviendra un classique de la littérature et par-dessus tout de le mettre a l’abri de toute poursuite judiciaire pour ses prochaines œuvres. Nous pouvons désormais nous questionner sur la réception de ce roman de nos jours, aurai t’il été jugé immoral ?

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