Dissertation Castigat Ridendo mores
Par Stella0400 • 25 Mars 2018 • 1 625 Mots (7 Pages) • 1 376 Vues
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pourra alors de façon modeste, bien sûr, parvenir à une prise de conscience et peut-être même à une résolution du problème. Prenons pour exemple cette citation de Molière “Les plus beaux traits d’une sérieuse morale sont moins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire.... On veut bien être méchant ; mais on ne veut point être ridicule.” Cette citation est un extrait du préface du Tartuffe où Molière démontre l’importance du rire dans la correction des vices. Pour être plus précis, on veut bien être avare mais on ne veut pas être la risée de son entourage sur le sujet. Ainsi, on voit bien que la comédie à une efficacité importante pour corriger les mœurs et amener le spectateur à se remettre en question.
Mais la dimension morale de la comédie peut avoir des limites. Tout d’abord on va retrouver fréquemment une opposition entre le théâtre classique et le théâtre moderne. En effet les anachronismes sont les premières barrières à la correction des mœurs. Le théâtre classique reposait sur des règles définies par Boileau dans L’Art Poétique, celles-ci comme la règle de bienséance nuisent à une totale efficacité de la portée morale et s’opposent au théâtre moderne et plus particulièrement à celui de l’absurde car ce type de théâtre va mieux rendre compte de la réalité. La pièce est alors une version réécrite de façon à rentrer dans les règles de l’art. On retrouve cela dans l’Illusion comique de Corneille, une pièce dans laquelle on peut penser que les trois unités (temps, action et lieu) ne sont pas respectées. Cependant même avec cela, la dimension classique est finalement un peu artificielle, appauvrissant son efficacité moralisatrice auprès des lecteurs et/ou auditeur modernes.
De plus toutes les leçons morales des comédies ne survivent pas au temps, on remarquera alors que de nombreuses pièces perdent leurs effets moralisateurs pour cause de sujets caducs et révolus. Le sujets d’actualités évoluant au cour des époques, certaines choses se résolvent et n’ont donc plus besoin d’être corriger. Notamment la pièce de Molière L’école des femmes perd une partie de son but étant donné que le thème principal est le mariage forcé, qui est depuis longtemps interdit en France. De même Georges Dandin, autre comédie de Molière, traite du mépris de la noblesse envers ceux qui n’en font pas partie, qui n’est plus un sujet réellement d’actualité.
Par ailleurs, l’effet des règles sur le théâtre classique, nous fait quitter la vraisemblance et lui fait perdre cette efficacité à corriger les vices. Les conventions théâtrales entre aussi en jeu, rendant le théâtre surréaliste. Et lorsque ce que l’on regarde n’est pas réaliste, il est difficile d’en décerner le message caché et encore plus de se remettre en question. Cependant cela n’est pas vrai que pour le théâtre classique, le théâtre de l’absurde peut aussi nous détourner du caractère moral. Ce point est mis en avant dans Le roi se meurt de Ionesco par exemple qui est une comédie qui met en avant l’obsession d’un roi sans pourtant faire ressortir aucune réflexion de la part de l’auditeur.
Enfin, la comédie a surtout pour but de distraire et cela peut entraver au caractère moral de celle-ci. En effet il arrive que quelque fois le comique soit tellement bien fait que l’on en oublie la morale. Par exemple le monologue de Argan dans Le Malade Imaginaire de Molière, nous fait oublier la portée morale de ses paroles tellement le comique lui même est efficace. Et sans vouloir opposer le rire à la correction morale, on constate que la dimension morale de la comédie a des limites aussi bien temporelles que comiques. D’autre part, l’excès de caricature sur un personnage peut avoir l’effet contraire car le personnage trop caricaturé va apparaître comme invraisemblable, personne ne peut être aussi avare comme Harpagon ou hypocondriaque comme Argan dans Le Malade imaginaire, et uniquement comique, si bien que le rire prend le pas sur la prise de conscience d’un défaut et donc la remise en cause. Enfin, les enchaînements d’intrigue, propres à la comédie de boulevard par exemple, peuvent être tellement élaborés et bien faits que le spectateur, pris dans un tourbillon de retournements de situation, peut faire abstraction de la dimension morale de ce type de théâtre. Tout cela montre donc que la comédie, de par sa nature propre, peut ne pas toujours permettre une totale correction des mœurs.
Au final on a vu que la comédie peut corriger les mœurs mais que la nature même comique de ce genre théâtral peut constituer une limite à sa dimension morale puisque la première fonction de la comédie est avant tout de faire rire. Dès lors on comprend qu’il serait naïf de croire que Molière ne pensait qu’à améliorer ses spectateurs et que d’autres arts comme le dessin (en particulier la caricature), le cinéma ou même la musique sont tout aussi aptes à corriger les mœurs d’une société tout en proposant d’autres types d’émotions artistiques.
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