Commentaire la tête de Paul Verlaine

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La poésie de Maulpoix est aussi une poésie de l’intime, élégiaque et modeste.

2 Une poésie liée irrémédiablement au passé et à l’intime : plainte et modestie.

Cette poésie lyrique où le « je » présent tout au long du poème nous révèle une émotion personnelle et intense. La poésie est présentée comme élégiaque et mélancolique : la fin évoque la nostalgie, la solitude et la mort. (L29-30 et 36) : le passé est très présent : emploi de l’imparfait itératif pour présenter des souvenirs de repos dominical où « on trempait dans le thé de petits gâteaux secs » (L30-31), d’ailleurs ces petits gâteaux secs trempés dans le thé font écho (encore un intertexte cette fois plus implicite) à la madeleine de Proust. La métaphore de la maison symbolise la poésie qui ne se bâtit que sur des souvenirs : nostalgie d’une vie paisible « Avec vue sur mer […] au bord du bleu » (L29 à 32).

La poésie n’est plus qu’un reste d’autrefois : « vaisselle brisée » (L34). L’activité poétique est présentée comme tourmentée, fragile, hésitante ; « hoquet d’ivrogne » (L24), « je grince » (L27), ou encore « porte qui bat » (L27) : la poésie apparaît à travers l’image d’une maison abandonnée.

La poésie naît aussi d’un travail de deuil, celui de la grand-mère : le poète écrit alors pour combler un manque, l’absence de disparition. Il écrit pour échapper à la solitude : « si seul depuis sa mort » (L35) : registre lyrique, émotion palpable avec l’intensif « si ».

La poésie dès lors devient un besoin pour le poète : « il m’a fallu (terme connotant l’obligation) noircir des monceaux de papier. » (L37) « Personne n’a noté cette absence » (L37), la poésie se fait ici hommage, devoir de mémoire. Peu importe les raisons : dans le dernier verset, Maulpoix écrit une idée et son contraire, en effet « J’écris pour oublier quelqu’un » (L39) s’oppose à « J’écris pour lui être fidèle » (L39). La reprise anaphorique du verbe écrire insiste sur cette nécessité de l’écriture comme moyen d’assumer son deuil, de panser ses blessures. « C’est pareil » d’ « oublier « ou « être fidèle », c’est le moyen de compenser la perte. En effet, l’essentiel est de faire revivre cette personne, les souvenirs, les émotions partagées.

« C’est rire pour ne pas en pleurer », ce chiasme souligne cette prise de distance nécessaire pour assumer l’absence, le deuil et continuer à vivre sans l’être aimé.

Conclusion »

« La tête de Paul Verlaine », texte liminaire de Domaine Public plonge profond dans la vie d’un cœur s’ouvrant aux immenses micros paysages de l’instant pour dit-il, citant Dali, « systématiser la confusion et contribuer au total discrédit du monde réel. » Le poème, dès son début, et jusqu’à sa fin, c’est du lyrisme à l’état pur. Cette écriture est aussi la seule qui permette à l’auteur de revenir sereinement sur son passé, de retourner sur ses propres traces ou vers d’autres plus lointaines, voire imaginaires. A travers cette parole plus intime se cherche donc la possibilité d’une liaison des éléments disparates, d’une réconciliation avec soi-même. La poésie nous dit Jean-Michel Maulpoix implique une crise. Elle répond, la poésie, a un signal d'alarme que le poète doit reconnaitre. Crise personnelle, crise de société, crise du créateur en recherche de sa condition.

A sa manière le poète va nous répondre en nous invitant à cheminer auprès de lui, dans son poème et dans sa tête. Ni raté, ni maudit, mais manque. Il n'est pas bien tendre avec lui-même ni avec les autres poètes qu'il entraine dans sa diatribe. Le récit se construit dans cet instant ressaisi devenu acte poétique, devenu, poème; non seulement grâce aux mots, au papier, au stylo et à I ‘encre qui n'y suffiraient pas, mais grâce, surtout, à l'intensité d'acter au plus sensible des instants de vie. En utilisant la forme du verset, Maulpoix, ici rejoint prose et poésie, il ne renonce donc pas complétement à cette dernière.