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Comment le récit de Francion nourrit-il une réflexion sur le sentiment amoureux et sur la séduction ?

Par   •  13 Novembre 2018  •  1 689 Mots (7 Pages)  •  462 Vues

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aucun enseignement de ses lectures ce qui est fort surprenant pour un « régent » ! Il utilise des « antithèses barbares »l41, il prononce une très longue phrase, l52 à 60, construite autour des verbes antithétiques « perdre » et « gagner », phrase trop longue et sans sens, incompréhensible. Egalement, la répétition de l’adjectif qualificatif « incomparables » aux lignes 55/56 et 60 contribue aussi à produire une lourdeur ridicule. D’ailleurs quand l’adjectif désigne une qualité de Fremonde il s’agit d’un discours ampoulé, et quand l’adjectif est utilisé pour se décrire il révèle la vanité d’Hortensius.

- Notons aussi l’emploi de l’adjectif « orbe » du latin « orbus » qui manifeste encore la volonté d’un discours savant qui, en réalité, se révèle pédant ; on peut aussi s’amuser de l’écart entre le sens « aveugle, obscure, confus » de l’adjectif et le désir d’être lettré.

- Le choix du narrateur de rapporter le discours au style direct est un choix judicieux qui donne à faire entendre sans modification la parole d’Hortensius ; c’est un gage d’objectivité, de vérité, et le lecteur se sent observateur et témoin, non manipulé par une narration indirecte.

- Par conséquent, le lecteur peut s’amuser avec le narrateur de ce personnage incompris de sa belle, « à peine put trouver une réponse à des propos si extravagants »l61. Mais ce comique devient vite satirique, dénonçant le pédantisme et instruisant le lecteur pour qu’il ne commette pas la même erreur, privilégiant un idéal de vérité et de naturel.

3 L’ironie et la présence critique du narrateur :

A Le portrait d’Hortensius inséré dans le récit des mésaventures de Francion : une véritable satire :

- Le narrateur dresse un portrait de son professeur en insistant sur les nombreux défauts de ce dernier: avare, cruel, voleur et menteur, borné, orgueilleux, égoïste : « il ne nous donnait point de bois…l4 ; les livres, il les emporta tous… »l8.

- Ce portrait s’insère dans le récit des mésaventures du narrateur : Hortensius lui a volé ses livres et s’intéresse particulièrement à la littérature sentimentale, ce qui lui donne l’occasion d’évoquer l’histoire d’amour avec Fremonde. Ainsi Francion peut témoigner de la malhonnêteté du régent, mais aussi de son avarice ou encore de sa bêtise.

- Par ailleurs l’anecdote du miroir va permettre de révéler le narcissisme du professeur, mais aussi sa vanité et sa sottise ; on a alors une évocation du mythe de Narcisse exploité par Ovide dans les Métamorphoses ; ici il s’agit d’une figure dégradée du mythe. En effet, piqué par le sentiment amoureux, Hortensius souhaite prendre soin de son image, semble tomber dans l’admiration de lui-même, comme en témoigne la fréquence avec laquelle il s’observe ; « il ne cessait de regarder s’il avait bonne grâce à faire la révérence ou quelques actions ordinaires » l25-27.Cela permet à la fois d’amuser le lecteur (il ne donne pas une belle image de lui avec une moustache ridicule et des vêtements rapiécés) mais aussi de mener une critique, source d’éducation.

- Notons aussi que l’anecdote du miroir permet d’insister sur son caractère d’idiot : il souhaite se voir en train de lire, ce qui n’est pas possible : « il ne pouvait contenter son désir, parce qu’il trouvait que son image qui y était représentée, haussait la tête aussi bien que lui et ne regardait plus dans le livre » l30 à 32. Il s’agit bien d’un Narcisse dégradé, ridicule.

B Ironie et satire :

- Nous pouvons relever dans ce récit et portrait plusieurs marques d’ironie : la figure de style de l’antiphrase permet de révéler la vraie figure du régent et son imbécilité : « prodigalité » pour un miroir bon marché : dénonciation de son avarice, l25 ; « les qualités de son esprit, autant de fautes dont une fruitière du coin des rues l’eût repris », l36/48, pour marquer l’absence de bon sens.

- De même, dans le récit des habitudes vestimentaires d’hortensius, le narrateur relève des incongruités : il veut plaire et pour cela soigne son apparence : « s’habilla plus curieusement » l17/18 ; toutefois c’est la négligence qui domine : « accoutumé de changer le linge que tous les mois, il en changeait tous les quinze jours » l18/19/20. De même il soigne sa moustache avec un objet insolite : « retroussait sa moustache avec le manche d’une petite cuiller à marmite » l20/21 ; l’ustensile de cuisine utilisé rend risible le personnage. Ou encore « mettre des manches neuves à sa soutane…recoudre des pièces en quelques endroits déchirés » l22/23 ; tous ces détails montrent en réalité son manque de goût et le ridiculisent. Cela montre aussi qu’il est ignorant dans l’art de la séduction. Il se révèle finalement peu délicat vis-à-vis de Fremonde. Par ailleurs le narrateur éprouve le besoin de donner beaucoup d’informations pour renforcer sa critique du personnage.

- Le narrateur énonce une maxime en utilisant le présent de vérité générale, ce qui exprime sa volonté de donner une leçon pour tous les pédants : « …l’amour triomphe aussi bien du bonnet carré des pédants que de la couronne des rois » l12/13. De plus l’impératif « notez » interpelle le lecteur et le rend acteur d’une lecture dont il doit tirer un enseignement.

- Ainsi le ton ironique choisi par le narrateur conduit aussi bien à amuser le lecteur qu’à l’instruire sur les mœurs en le mettant en garde contre le pédantisme.

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