Cahier d'un retour au pays natal, incipit, Aimé Césaire
Par Matt • 23 Juin 2018 • 1 023 Mots (5 Pages) • 772 Vues
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maladie (« petite vérole » (v.10)) et « l’alcool » (v.10). En utilisant le verbe « échouées » (v.11) il accuse clairement les français d’avoir condamné à mort la Guadeloupe.
Cependant, Aimé Césaire croit en la guérison de l’île et appelle à la prise de conscience. Il veut que la population réalise qu’elle a été dupée et pour cela il utilise des mots de réseau lexical du mensonge tels que « femme qui ment » (v.3-4),« trompeuse » (v.12) et « vielle vie menteuse et souriante » (v.14). Cette dernière expression atteste de paradoxe de la situation. Bien que la population soit lésée et abandonnée elle continue à sourire. Cette attitude de victime heureuse choque le poète qui dénonce le mutisme de la population avec « silencieusement » (v.16) et « vieux silence » (v.16). Il veut faire changer les chose et désire créer une volonté de révolte chez les martiniquais. Il donne l’exemple avec « je délaçais les montres » (v.5). Il enlève cet objet symbole de la contrainte, et de l’asservissement au temps. C’est une métaphore de la soumission du peuple noir.
De fait, il continue à encourager les habitants de l’île à faire changer les choses en insufflant un souffle d’espoir. Il affirme que tout ceci n’est qu’un cauchemar et les pousse à s’éveiller avec « plage des songes » (v.21) et « l’insensé réveil » (v.21). Il utilise aussi la métaphore de la fin d’une longue nuit avec « Au bout du petit matin » (v.9,12 et 15) symbolisant la fin de l’asservissement de la Martinique. Cette expression répétée trois fois en début de vers rythme le poème et lui donne un aspect de conte. Comme s’il parlait à un enfant, il donne une dimension magique à l’histoire qui prend des allures de prophéties. Cela est renforcé par l’emploi du futur pour décrire la nature déchaînée comme autant de changement dans la dernière strophe : « les volcans éclateront, l’eau nue emportera les tâches […] il ne restera qu’un bouillonnement tiède » (v.19-20).
Pour conclure, nous pouvons affirmer qu’Aimé Césaire dénonce le colonialisme en éveillant la conscience de ses concitoyens et en leur faisant réaliser l’état de décrépitude dans lequel est plongé l’^le. Les français leur ont tout pris, leur passé et leur avenir. Ne reste qu’un présent condamné à une lente agonie. Mais leur île pet guérir ! En armant les martiniquais de colère et d’espoir il les appelle à résister, à sortir de leur torpeur silencieuse dans laquelle l’archipel est plongé. Tout est possible, il veut que la poésie mette fin à cette occidentalisation de la Martinique. Ainsi, suivant les pas de Victor Hugo dans Les Châtiments il choisit de prendre la plume pour défendre une cause, celle des noirs car comme il le dit « la justice écoute aux portes de la beauté » et la poésie est un arme.
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