Aurélien, Louis Aragon

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Derrière la description subjective du portrait de Bérénice, se cache implicitement celui d’Aurélien. On peut croire à un homme qui n’est dominé que par les apparences « il n’aima pas comment elle était habillée ». Il compare Bérénice à d’autres femmes « Une étoffe qu’il avait vu sur plusieurs femmes » laisse peut-être entendre qu’il a déjà eu quelques fréquentations. On en apprend peu car tout cela est quand même assez implicite.

Finalement cet incipit est trouble et laisse des doutes, il n’est pas très clair.

Ce qui caractérise cette scène, c’est la rencontre « amoureuse » (le topos). On ne peut pas vraiment dire que cette première rencontre fait naître chez Aurélien les flammes de l’amour. C’est même l’effet contraire qui a lieu, la première vu de Bérénice provoque en lui un mépris envers elle. C’est l’anti-rencontre amoureuse qui est mise en scène ici.

Malgré cela, ne nombreux indices suggèrent une possible relation amoureuse entre Aurélien et Bérénice. Aragon écrit « la première fois qu’Aurélien vit Bérénice », cela sous-entend une deuxième rencontre ou plus, « il l’a trouva franchement laide », on peut ainsi imaginer que son regard évolue et qu’au final il se peut qu’il ne la trouve plus si laide que ça. De même, quand Aurélien dit "ses cheveux étaient ternes ce jour-là" le ce jour-là, complément circonstanciel de temps, laisse entendre qu’un autre jour elle aurait pu avoir des cheveux brillants.

Malgré les propos négatifs d’Aurélien, implicitement il laisse sous entendre que les deux personnages se sont revus et que l’anti-rencontre amoureuse n’est qu’un prétexte de Louis Aragon pour contrer les règles traditionnelles de l’incipit et briser les académismes qui nuisent à sa force créative.

Ainsi, cet incipit ne correspond pas aux fonctions traditionnelles qui le caractérisent par son côté peu commun et son anti-rencontre amoureuse.