Analyse de phrases
Par Raze • 29 Août 2018 • 1 732 Mots (7 Pages) • 596 Vues
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La structure est du type « si A, B » et elle produit un effet de sens paraphrasable par une assertion au passé composé portant sur le procès B dissocié de « si A ». Du point de vue du sens, on peut interpréter le procès B - on aurait déjà eu cinq meetings 4.2. - comme inaccompli (« on n’a pas déjà eu cinq meetings ») et le cadre hypothétique - Si Sarkozy avait gagné la primaire 4.1. - pas seulement comme non intégré à la réalité du locuteur, mais aussi comme contradictoire avec la réalité du celui-ci (« Sarkozy n’a pas gagné la primaire »). On a à la fois les interprétations « non-A » et « non-B ». Le procès on aurait déjà eu cinq meetings 4.2. est représenté comme imaginé, non intégré à la réalité et comme ne pouvant pas être mis en contraste avec elle.
Tous ces caractéristiques du conditionnel d’hypothèse créent l’effet de sens de « valeur de potentiel », « fiction » ou « imagination » marqué par différents degrés de probabilité (d’une éventualité envisagée dans l’avenir jusqu’au des hypothèses irréalisables). Dans ce cas il s’agit plutôt d’une hypothèse déjà irréalisable.
Conditionnel d’altérité énonciative
- La jeune femme a été mise en examen et écrouée en Martinique. Elle n’a pas nié avoir servi de mule pour transporter la drogue. L’enquête des policiers locaux a pu retrouver la trace de l’homme qui aurait joué les intermédiaires. [5]
On peut observer dans cet exemple l’emploi du conditionnel d’altérité énonciative d’allusion à un locuteur distinct. Ci-dessous on exposera les évidences qui expliquent la classification de cet usage dans cette catégorie.
L’exemple s’adapte aux propriétés générales des assertions au conditionnel d’altérité énonciative. On peut observer ici l’effet de dissociation entre deux points de vue : celui qu’adopte le locuteur - l’homme qui aurait joué les intermédiaires - constitue une version « mise à distance » de celui qui admet la paraphrase, de même polarité, au passé composé (l’homme qui a joué les intermédiaires).
Sur le plan des deux catégories établies dans le conditionnel d’altérité énonciative, on situe cet exemple dans la catégorie de « allusion à un locuteur distinct » puisque le procès admet la paraphrase mentionnée ci-dessus.
La paraphrase « allait + infinitif » est exclue et le conditionnel passé ne commute pas avec le plus-que-parfait du subjonctif : On ne pourrait pas remplacer ici l’homme qui aurait joué les intermédiaires par « l’homme qui eût joué les intermédiaires ». L’inadéquation de ces paraphrases montre qu’il ne peut pas s'agir que du conditionnel d’altérité énonciative.
Tandis que la relative au passé composé (l’homme qui a joué les intermédiaires) serait interprété comme prise en charge par le locuteur, l’emploi du conditionnel d’altérité énonciative fait disparaitre l’effet de sens « prise en charge » et la représentation de l’assertion comme « évidence ». Le locuteur ne prend pas position par rapport à l’assertion exprimée à travers le conditionnel.
- « Pour lui, toutefois, je serais disposé à faire un compromis parce que je veux aider les Québécois à percer dans le sport. En d’autres termes, je suis prêt à ne pas faire... d’argent avec lui. [6]
Dans cet exemple on observe l’emploi du conditionnel d’altérité énonciative de dédoublement du locuteur. Ci-dessous on exposera les évidences qui expliquent la classification de cet usage dans cette catégorie.
Cet exemple n’admet pas la paraphrase « allait + infinitif » du conditionnel temporel et il se distingue des assertions au conditionnel d’hypothèse par l’absence de corrélation à un cadre hypothétique. De la même manière, on ne peut pas substituer je serais disposé à 6.1 par la paraphrase « Je suis, paraît-il, disposé à ». Le procès est présenté comme intégré à la réalité du locuteur et il commute avec leur version au conditionnel. L’usage du conditionnel dans je serais disposé à 6.1 établit une mise à distance de l'assertion « je suis disposé à » au présent. Le dédoublement s'opère entre le « locuteur-en-tant-que-tel » (origine de l’énoncé, l’auteur) et « locuteur-en-tant-qu’être-du-monde » (objet de l’énoncé). Il y a un distancement par rapport aux points de vue que l’auteur introduit.
Sur le plan de la représentation temporelle l’assertion au conditionnel - je serais disposé à 6.1 – représente le procès « moi-être-disposé » comme contemporain du « maintenant » du locuteur. L’effet de « désactualisation » se produit par la dissociation entre deux points de vue : celui de l’assertion au présent est mis à distance de l’énoncé au conditionnel.
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