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Acide sulfurique, Amélie Notnomb, Incipit

Par   •  7 Décembre 2018  •  1 179 Mots (5 Pages)  •  923 Vues

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brutalité (L. 45-49) =paradoxe. Enfin elle se laisse séduire par le prestige des titres, elle devient « la kapo Zdena » ; « le terme militaire lui plut ». Elle fait preuve d’une obéissance militaire (L.50-53) et se réjouit d’avoir à tenir un rôle (celui de sa vie ?) au mépris de la dignité humaine. Elle est l’antithèse de Pannonique, le bourreau, une allégorie du Mal.

Nous allons maintenant analyser les principes de l’émission.

II. Une émission de téléréalité :

1. Organisation et principes de l’émission :

1ère émission, un prototype, une première expérience

Elle naît d’un constat, celui annoncé dans la mise en exergue aux lignes 1 et 2. Cette phrase est un aphorisme (= une pensée, une formule qui résume une théorie, ex. « l’homme est un loup pour l’homme »). Ici le constat est affreux, l’émission existe car il y a une demande du « spectacle » de l’horreur. Référence aux jeux sanguinaires dans les arènes romaines … Soif de mal, de sadisme ou de voyeurisme. Cette demande est anonyme, impersonnelle « ne leur suffit plus ; il leur en fallut … »

Parallélisme de construction « aucune qualification n’était nécessaire pour être arrêté » / « aucune qualification n’était nécessaire pour être organisateur » = cette absence de critères ou de compétences érigée comme principe laisse présager du pire.

Tous les maillons d’une émission de télévision sont présents : des spectateurs ou public qui sont demandeurs de ce genre d’émission : « c’est ce que veulent les gens » ; des candidats ; des organisateurs, des caméras … cf champ lexical des médias, de la TV

Organisateurs divisés en deux groupes, les « chefs » de l’émission (invisibles) + les kapos (à l’écran)

Si les principes de l’émission peuvent heurter, nous allons voir que ce qui dérange davantage est la complaisance des organisateurs dans l’horreur qu’ils proposent.

2. L’horreur portée à son comble :

Une innovation : le spectacle de la souffrance = l’horreur (L. 1-2) + « le chiqué, le mièvre, c’est fini ». L’horreur est le principe N° 1 de cette émission.

Kapo recrutés en fonction de leur physique, il y a un casting : « les chefs faisaient défiler les candidats et retenaient ceux qui avaient les visages les plus significatifs ». » et de leur capacité à violenter les candidats sans problème de conscience. Cf Zdena

Paradoxe de l’émission : elle repose sur l’idée du « respect du public », « aucun spectateur ne mérite notre mépris », dit un « responsable », quitte à mépriser les vies humaines … C’est un paradoxe. De plus si la question de la morale est posée, elle n’est posée qu’au bourreau, qui l’élimine très vite.

Candidats malgré eux, des anonymes, pris par surprise dans des rafles ; là au mauvais moment (en principe pour être candidats on postule) = « le seul critère, être humain »

Brutalité des traitements infligés (champ lexical de la violence et de la souffrance) et indifférence à la torture, voir accumulation et gradation ascendante lignes 20 à 22. Les verbes employés créent un certain malaise. Registre pathétique.

Omniprésence des caméras : «plusieurs caméras les escortaient qui ne perdaient pas une miette de leur angoisse » ; « des caméras de surveillance étaient installées partout » = tout sera livré en pâture à la TV

Importance de la télégénie dans la souffrance et chez les kapos (même laids)

L’horreur est donc érigée en principe, c’est ce qui constitue le moteur de cette émission de téléréalité.

Conclusion :

Cet incipit met donc en place les éléments de l’intrigue du roman d’Amélie Nothomb. L’émission proposée prend pour modèle la déportation pendant la seconde guerre mondiale. Nous découvrons en même temps les protagonistes et le principe abject de ce programme de télévision. Nous voyons d’ores et déjà que Pannonique entre en résistance.

Parviendra-t-elle à s’en sortir ou sera-t-elle broyée par un système bien plus puissant qu’elle ? A. Nothomb ne condamne-t-elle pas ici la bassesse de la nature

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