Les émeutes de la faim sur Haïti en 2008 face aux leçons de gestion appliquées en Argentine.

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Sur cette même lancée, on procéda à la réorientation de l’ensemble du budget national, accordant la priorité aux mesures économiques et sociales visant à alléger la crise au niveau de la population et à faciliter la reprise économique.

Mode d’encadrement de la population

Cette assistance à la population s’est concrétisée de la forme suivante :

· Adoption de mesures de transferts en espèces et en nature à l’adresse des groupes vulnérables avec certaines conditionnalité s et modalités visant notamment à ne pas exclure les bénéficiaires concernés et surtout dans le respect d’un plafond de nature à stimuler les groupes cibles vers la reprise du marché du travail. A ce titre, un transfert monétaire mensuel de 50$ EU fut accordé à toutes les familles ciblées pendant toute la phase critique de la crise.

· Accent mis sur les subventions dans les domaines de la santé et de l’éducation, notamment avec un très large accès aux cantines scolaires.

Les résultats

· Réduction de l’incidence de la pauvreté de 20% entre 200 et 2005

· Reprise de l’économie après les premières années des mesures

· Extension progressive du programme de politique sociale oscillant autour de 20 millions de bénéficiaires en 2003

· Réductions respectives de 11.4 % et 8% du niveau de chômage et du niveau de sous-emploi par rapport a la phase critique.

· En termes de résultat, tout le succès de cette gestion de crise a surtout reposé sur le timing des interventions en termes de délai d’application, en effet, la rapidité des mesures reposant notamment sur la bonne coordination des institutions centrales et locales a été pour beaucoup dans ce qui est désormais considéré comme un succès politique pour l’Argentine

QUELQUES LEÇONS A TIRER :

De par ses antécédents (surévaluation de la monnaie, taux d’endettement élevé, effet domino de la crise du Mexique et du Brésil, dénationalisation et perte de confiance dans l’économie argentine) il demeure que les racines de cette grande crise qui a profondément saccagé l’économie argentine, entre 1998 et 2002, diverge à bien des égards par rapport aux facteurs directs à la base des handicaps structurels et conjoncturels expliquant notre actuelle situation au bord du chaos total. Toutefois, les leçons à tirer de la sortie de crise argentine gardent toute leur importance en termes de stratégies et/ou de modèles de coordination, toute considération faite sur les différences d’échelle, de structure politique et économique en présence.

Et, en dépit des séquelles laissées par la crise en Argentine, cette expérience de gestion de crise (notamment dans sa dimension socio-économique) a permis de voir comment il est possible de redresser la barque d’une économie nationale lorsque les structures étatiques sont déjà en place et fonctionnent de façon coordonnée. A ce propos, il serait assez intéressant d’essayer ce test clé. Il s’agit de savoir, « disposant de la quasi-totalité des structures prévues par la constitution de 1987, Présidence, Primature et Cabinet, Pouvoir législatif, Pouvoir judiciaire, Collectivités territoriales», si l’Haïti de 2008 est en mesure d’expérimenter dans un délai record, l’ensemble des dispositions qui ont été appliquées à travers tout le territoire argentin, qui ont valu tout ce succès politique à un moment précis de leur vie nationale.

En effet, qu’il s’agisse du contexte de crise de l’Argentine en 2001 ou de l’actuelle réalité haïtienne, le défi majeur consiste bien à réussir une sortie victorieuse de la situation conjoncturelle qui doit se transformer en une croissance durable telle qu’il s’est déjà dessiné dans les perspectives du DSNCRP (Document de Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la Pauvreté) pour passer enfin du rêve à la réalité. Sinon, cette nuit sans sommeil risque d’être trop longue et le réveil, assez brutal !

Carl SAINT-AIME