Les politiques de discriminations positives en France et leurs effets spatiaux en France.
Par Plum05 • 26 Mai 2018 • 2 897 Mots (12 Pages) • 637 Vues
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Mais les ZUP vieillissent mal (désaffection, dégradation, agression), dans une chute commune aux grands ensembles locatifs sociaux, mais plus fort pour les ZUP à cause de leur gigantisme. A partir de 1991, l’Etat entame une politique de « dé-périmétrisation », qui vise à cesser le découpage des espaces. L’une des conséquences les plus notables est le développement de la violence des jeunes. Depuis un quart de siècle, la place qu’occupent les jeunes dans le traitement médiatique de la montée des violences urbaines, dans certaines cités de type ZUP n’est plus à démontrer. Les traitements médiatiques des violences urbaines ont surtout lieu à partir de 1979 lors des échauffourées qui se déroulent en région lyonnaise, en particulier dans la cité Olivier-de-Serres à Vaulx-en-Velin. De nombreux travaux sociologiques, à commencer par ceux de François Dubet, ont aussi mis l’accent sur la corrélation existant entre la dégradation de ce type d’habitat social et la « galère » de certains jeunes qui y vivent. Le type d’habitat collectif favoriserait la délinquance juvénile dans la mesure où la jeune population y serait livrée à elle-même et donc tentée de s’adonner à des plaisirs interdits et nuisibles pour la communauté tout entière. Il n’est donc pas surprenant que le lien entre les grands ensembles et le développement de la délinquance juvénile ne devienne une référence quasi obligée à toute analyse sociale se rapportant à ce type d’habitat.[9]
De 1968 à 1972, mille cent trente clubs préfabriqués sont mis en service. Ce nouveau type d’équipement social marque toutefois ses limites. Certains adolescents qui habitent dans les ZUP trouvent en effet l’idée des mille clubs trop artificielle à cause précisément de leur caractère préfabriqué. À Tourcoing par exemple, dans la ZUP de la Bourgogne, le club est incendié seulement quelques mois après sa mise en fonction. Ce fait divers illustre l’incompréhension grandissante entre les opérateurs publics en charge de l’animation des nouveaux quartiers et les jeunes qui, au début des années 1970, ont atteint pour une majorité d’entre eux l’âge de l’adolescence et ne se reconnaissent plus du tout dans les activités qui leur sont proposées. Ces zones deviennent en quelque sorte, au début des années 1960, l’un des symboles d’une certaine forme de brutalisation des rapports sociaux au sein des grands ensembles. Cela d’note d’une inégalité créée entre générations : les jeunes qui sont nés et ont vécus en ZUP, sont dotés d’une « personnalité sociale qui paraît si étrange, si incompréhensible, aux générations anciennes », « ils partagent ce qu’on peut appeler une culture de rue » doublée « d’une culture de la provocation » ; ils « vivent dehors, se rassemblent au bas des blocs, affirment de mille et une manières leur présence sur place… ».[8]
Cependant pour clore cette réflexion, il peut être nécessaire de rappeler que certaines ZUP connaissent une pérennité relativement sereine, comme c’est le cas pour la ZUP d’Epinal que nous avons étudié plus haut. En effet, la commune d’Epinal s’est lancée dans un projet de rénovation urbaine et compte réhabilité sa ZUP de manière à ce qu’elle évolue avec les inégalités nouvelles et réduise celles qu’elle a pu provoquer par le passé. L’objectif premier est d’améliorer l’habitat, se sont plus de 1700 logements qui vont être réhabilités, près de 800 détruits. Le second objectif est d’améliorer l’environnement urbain pour que tout le monde y trouve sa place quelle que soit sa catégorie sociale ou ethnique, ce qui améliorera la cohésion sociale et réduira la distance entre certains groupes qui auraient pu se former. Ensuite, l’objectif suivant est d’améliorer la liaison entre la ZUP et le centre-ville, et supprimer ainsi les inégalités centre-périphérie. Enfin, la création d’une Charte Locale d’Insertion va permettre un renouveau économique et social.
Il apparaît au regard de cette réflexion basée sur l’évolution historique des ZUP que ces dernières ont été mises en place pour répondre à des inégalités nées d’un contexte social différend du notre, comme l’arrivée des travailleurs nord africains, l’explosion démographique post-guerre, et la précarisation des familles de classe moyenne face à la hausse des prix. Aujourd’hui, elles se battent contre de nouvelles inégalités, comme la difficulté de vivre au quotidien éloigné du centre-ville, et en créent ou en exacerbent d’autres notamment générationnelles ou culturelles. Mais il ne faudrait pas que la « discrimination positive » serve d’alibi à l’abandon de politiques plus larges de lutte contre les inégalités sociales et la précarité. Ces politiques générales de réduction des écarts demeurent les moyens les plus efficaces pour favoriser l’intégration et la cohésion sociale.
- Notes
[1] : loi 57-908 article 39
[2] : Histoire du Mouvement Hlm, 30.06.2013, Rédigé par Patrick Kamoun (L’union social pour l’habitat)
[3] : « Qu’est-ce que la discrimination positive » Article extrait d’Alternatives Economiques, janvier 2005.
[4] : Cf. Les immigrés du Maghreb (étude sur l’adaptation en milieu urbain) édition PUF, travaux et documents de l’université de Lyon II et III, Aix-Marseille I et Poitier p. 190
[5] : La dimension spatiale des inégalités, I. Backouche, F. Ripoll, S. Tissot, V. Veschambre
[6] : Ces connotations sociales ont été étudiées par Louisa Plouchart à travers « l’urbanisme en R ».
[7] : http://www.epinal.fr/urbanisme/projet-de-renovation-urbaine.html
[8] : Simon P., « Migrations, intégration, discriminations », Population 3/2004 (Vol. 59) , p. 623-644[9] : Tellier Thibault, « Les jeunes des ZUP : nouvelle catégorie sociale de l'action publique durant les Trente Glorieuses ? », Histoire@Politique 1/2008 (n° 4) , p. 12-12
- Bibliographie
-Violences urbaines
Christian Bachmann et Nicole Leguennec, Violences urbaines. Ascension et chute des classes moyennes à travers cinquante ans de Politique de la Ville, Paris, Albin Michel, 1995.
Beaud Stéphane, Pialoux Michel, Violences urbaines, violences sociales : genèse des nouvelles classes dangereuses, Paris, Fayard, 2003, 426 p. -Travailleurs immigrants
Bernard Philippe, La crème des beurs. De l’immigration à l’intégration, Paris, Éditions du
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