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Les conceptions religieuses des Malgaches

Par   •  14 Juin 2018  •  8 600 Mots (35 Pages)  •  529 Vues

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- Les Ancêtres facteur d’intégration sociale

Dans la tradition malgache, tout défunt doit être ramené tôt ou tard dans son village d’origine. L’appartenance à la société villageoise dont on est originaire, que les membres résident dans le village même ou qu’ils soient dispersés dans les quatre coins du monde.

Les formes et les architectures des tombeaux à Madagascar sont très variées, mais la signification reste la même signe de l’unité définitive des membres du clan. De ce fait, être exclu du tombeau familial est en quelque sorte subir une seconde mort (very faty : corps perdu, perd son corps). D’ où les grands efforts pour et précautions pour ne pas être victime d’un tel sort.

Le retour de défunt dans la tombe des ancêtres renforce pour les membres de son lignage (firazanana) les sentiments d’appartenance à ces diverses catégories sociales.

Appartenir à une telle lignée (taranaka) illustre constitue le comble de l’enracinement social et donc de l’honorabilité : de telles personnes sont reconnues « fototr’olona » (littéralement racines des personnes, ou personnes bien enracinées dans le temps, l’espace et l’histoire).

- Les ancêtres maîtres de la sagesse

Petite révision : l’expression « us et coutumes » se traduit en malgache par « fomba amam-panao » ou « fomban-drazana » ou « manières des Ancêtres ». On désigne par là expressément les coutumes et les rites se rapportant aux grandes circonstances de la vie : naissance, circoncisions, funérailles, sacrifices d’expiation (ala faditra) ou d’une action de grâce (saotra).

Mais on peut inclure aussi dans les « fomban-drazana » tout le contenu de la civilisation héritée des ancêtres : langue, art de parler en prose comme en poésie (par exemple le kabary, le hain-teny); code de politesse (fahalala-pomba), techniques de culture, de construction, lois et coutumes régissant la vie sosio-économique et politique.

On qualifie aussi occasionnellement ou implicitement ces autres contenus de civilisation de « fomban-drazana » ou brièvement de « fomba ».

Le terme « fomba » dans son sens le plus dense, signifie manifestation de l’être profond des êtres.

Par exemple : connaître et respecter les codes de politesse est dit « mahalala fomba » (litt. Connaître les normes ancestrales).

Un autre exemple de « culture traditionnelle », la culture du riz. Lorsqu’il y a quelques années, les techniciens de l’agriculture avaient proposé le procédé de repiquage en ligne du riz (ketsa toratady), puis récemment un autre procédé est proposé : repiquage de jeune plant de riz de 8 jours (ketsa valo andro), à la place de la culture du riz traditionnelle, appelé « kesta saritaka » : repiquage irréguliers, libre). Les paysans, sceptiques d’abord, qualifiaient l’ancien mode de « ketsan-drazana » (repiquage des ancêtres) : c’est dire que la technique traditionnelle de culture du riz est reliée dans le subconscient aux Ancêtres, et toute modification notable est sentie comme contraire aux us et coutumes.

Naturellement, étant donné que ces valeurs, manières d’être, de parler et d’agir des Ancêtres, ont été éprouvées par les expériences des générations successives, elles ne peuvent qu’en être efficaces, et jusqu’à preuve du contraire, les seules efficaces. D’ où le profond scepticisme, d’ailleurs comme à tous les paysans du monde, devant les innovations proposées par des agents du progrès moderne (sous-entendu : étrangers au pays), le dit progrès (fandrosoana) est senti intuitivement comme destructeur des valeurs et des « fomba » que l’on croit fondamentales et sécurisantes.

- Les ancêtres « divins » source de « grâces », de « protection » et de « bénédiction »

Les rites de funérailles ainsi que ceux que l’on dénomme retournement des morts (famadihana) ou secondes funérailles sont fort caractéristiques de la civilisation malgache, et même si le « famadihana » n’a pas lieu chez toutes les populations qui existent dans l’île, en fait, l’intention rituelle est partout profondément la même.

Ces rites autour des morts ont une double finalité :

La conjuration (fandroahana, fanalàna) du mal suprême (maladies mortelles ou mort) que pourrait entraîner un contact non contrôlé avec le cadavre.

La divinisation (fanadratana) du défunt pour qu’il devienne Ancêtre : source de « grâces », de « protection » et de « bénédiction »

Dans sa dévotion quotidienne, le Malgache dote les Ancêtres de puissance « divine » en particuliers quand ces derniers ont été chefs, princes ou rois. Devenus « divins », ces Ancêtres portent davantage encore que lors de leur vie sur terre le souci de leurs descendants en leur accordant « grâces et protection » (fahasoavana sy fitahiana).

Grâces et protection consistent principalement dans les biens quotidiens un peu terre-à-terre du paysan : santé, nombreuse postérité, mariage heureux, succès dans les entreprises commerciales. Dans toutes ces occasions, beaucoup de Malgaches ont l’habitude de faire des vœux (voady) avec promesse de procéder à un peu d’action de grâces (saotra) en cas de réussite.

On peut dire que les Ancêtres sont encore plus présents dans la vie des Malgaches.

Conserver la mémoire des ancêtres (fahatsiarovana)

Se rappeler à quel ancêtre fondateur on appartient est essentiel à l’existence du Malgache, d’où, l’on a vu l’importance de la généalogie.

La mémoire se rapporte aussi et surtout à la fidélité aux fomba ou manières des Ancêtres, selon le sens étendu de ce concept, qui va des codes de politesse jusqu’aux gestes et faits expressifs de l’être profond.

Dans une civilisation où la volonté et la parole des Ancêtres sont encore chargées de sacralité, la transgression des fomba est redoutable, frapper le contrevenant de blâme surnaturel (tsiny), voire de grave danger (loza) : si déjà la parole des parents vivants ressemble, dit-on, un coup de pied de taureau, s’il vous atteint, vous en êtes mort, s’il vous atteint pas, vous avez quand même la vertige (Ny tenin-dray aman-dreny toy ny tsipak’ombalahy, raha mahavoa mahafaty, raha tsy mahavoa mahafanina).

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