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Le contractualisme de Jean-Jacques Rousseau

Par   •  25 Septembre 2018  •  2 967 Mots (12 Pages)  •  576 Vues

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Rousseau eut une grande influence sur la Révolution Française, sans le savoir puisqu’il mourut avant. Il convient donc de s’interroger sur la singularité de son contractualisme qui a tant inspiré Robespierre et Kant, la politique et la philosophie.

Pour ce faire, il faut procéder à un décryptage qui nécessite une structure. Sera donc étudier en premier lieu sa conception de l’Homme, ce pourquoi il est fait, et en second lieu les conséquences sur l’organisation du pouvoir politique.

- Une conception de l’Homme très particulière

Selon Jean-Jacques Rousseau, l’Etat de Nature est précisément ce moment où l’homme est bon et parfait. A l’inverse, la société et la technique le pervertissent.

- L’Etat de Nature Rousseauiste

L’Etat de Nature n’est pas une réalité historique, mais plutôt l’état de l’homme duquel on retranche ce que la société lui a apporté. Rousseau se sert de cette hypothèse pour comprendre l’Homme sans les interférences extérieurs qui l’extraient de son état naturel.

Et selon Rousseau, l’homme dans l’Etat de Nature ne connait pas la Technique. Il ne cherche ni à construire, ni à inventer des stratagèmes pour soi-disant mieux vivre. En total symbiose avec son environnement, libre, il réalise sa pleine nature d’homme en satisfaisant ses désirs les plus immédiats. Jean-Jacques Rousseau compare l’animal avec l’homme et constate que c’est sans évoluer, en restant le même toute sa vie, que l’animal évite le malheur. Tandis que ce dernier devient en quelques mois ce qu’il sera toute sa vie, l’homme développe des compétences, sort de son état primitif pour ensuite plonger au moment de la vieillesse à un niveau plus bas que la bête même. « L’homme seul est sujet à devenir imbécile » écrit-il dans Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1755). Ainsi, ce dernier est appelé à s’extraire de cette condition humaine que la société lui a artificiellement créé pour enfin être heureux et bon. Il doit vivre comme un animal, satisfaire ses besoins les plus immédiats et les plus simples (manger, boire, s’accoupler et dormir) pour s’éviter des soucis inutiles.

Et cet Etat de Nature est inenvisageable à plusieurs. Y inclure autrui, c’est risquer que l’individu ait l’envie de construire, pour soigner une image sociale. C’est risquer qu’il commence à désirer non plus ce qui lui est immédiatement accessible mais aussi le bien de son prochain. Le Mal désigne à la fois l’aliénation, c’est-à-dire l’attention que les hommes portent au regard des autres et la convoitise de celui qui convoite le bien d’autrui. L’homme sans propriété privé et sans vie sociale n’est donc ni tourmenté ni préoccupé. C’est à cette condition de solitude qu’il pourra être vraiment heureux, se tourner enfin vers son soi profond.

On peut donc dire de Rousseau qu’il cultive une pensée individualiste. « L’homme est un tout parfait et solitaire », qui ne connait pas le Mal sans la société pour le lui apporter.

- Le Contrat social

Cependant, l’homme, bien que « la Technique rende ses organes grossiers » à mesure qu’il en fait usage, même s’il ne peut être vraiment heureux qu’en solitaire, sans propriété privée, sans convoitise et sans société, est forcé de signer le contrat social.

En effet, il arrive un moment où chaque individu ne peut plus résister seul face aux autres hommes ou aux obstacles que lui dresse la Nature. Les hommes s’unissent et forment par agrégation une somme de forces, seule capable de l’emporter sur ces menaces envers le genre humain. Ils renoncent à un peu de leur nature humaine pour faire perdurer l’espèce, mais comment engager sa propre force sans mettre en péril sa liberté ? Il faut trouver « une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé […] et reste aussi libre qu’auparavant. » Du Contrat social.

Ainsi, Jean-Jacques Rousseau dédaigne particulièrement ce qu’écrit Thomas Hobbes dans Léviathan. Ce dernier considère en effet que le prix à payer pour qu’un pacte social soit signé entre les hommes pour leur sécurité est l’abandon d’une partie de leur liberté. Or, c’est la liberté, pour Rousseau, qui est la part belle de l’homme. Toujours dans Du Contrat social, il soutient que vie et liberté vont de pair et toujours de pair. D’ailleurs, le pacte social selon lui nécessite un consentement unanime des partis intéressées, chacun devant être parfaitement libre : « D’où cent qui veulent un maître ont-ils le droit de voter pour dix qui n’en veulent point ? » Du Contrat Social.

Il rentre aussi en désaccord avec John Locke. Ce dernier comme Thomas Hobbes soutient que le pacte social rend les individus interdépendants, économiquement en ce qui le concerne. Pour Hobbes, l’interdépendance se rapporte au besoin de sécurité. Or, Rousseau, en plus de son œuvre Du Contrat social, a écrit plusieurs essais dont le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Il y soutient que la pauvreté est dans le monde une affaire d’inégalité, de domination des plus riches sur les plus pauvres. Un système politique fondé sur l’interdépendance économique et sur l’intérêt conduit à l’inégalité, à l’égoïsme et finalement à la société bourgeoise, un terme que notre penseur éclairé est l’un des premiers à utiliser. Il est intéressant de constater le caractère très Marxiste de ce discours, un siècle avant l’écriture du Capital de Karl Marx.

Ainsi, Jean-Jacques Rousseau se distingue particulièrement des autres contractualistes. D’une part, il voit l’Homme comme un animal qui souffre par Nature de posséder, de réfléchir et de désirer, même s’il reste lucide quant à la nécessité pour ce roseau fragile de s’adapter aux obstacles que la Nature lui dresse : il doit accepter de changer pour survivre. D’autre part, le Pacte social qu’il devra signer ne devra en aucun cas se baser sur l’intérêt et l’interdépendance, comme le pensent Thomas Hobbes et John Locke. Il convient donc maintenant de se pencher sur le système politique promut par Jean-Jacques Rousseau dans Du Contrat social.

- Un nouveau système politique

Jean-Jacques Rousseau théorise un nouveau système politique, où il définit une autre Souveraineté et défend une autre conception du Droit.

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