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L'influence des expéditions vikings sur les sociétés scandinaves et européennes

Par   •  8 Juin 2018  •  3 706 Mots (15 Pages)  •  575 Vues

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Au fil du temps, les Vikings commencent à se fixer en territoire ennemi. Ils s’installent d’abord pour un simple hivernage sur les côtes puis à demeure, par exemple dans les îles de la Seine, d’où leurs opérations, qui ne sont ainsi plus strictement saisonnières, deviennent beaucoup plus imprévisibles et redoutables. La vulnérabilité de leurs victimes les encourage à s’installer dans des villes (York, à partir de 876), à en fonder de nouvelles (dès 900, Dublin et les autres villes du littoral irlandais). À partir de petites capitales, de véritables principautés dotées d’institutions monarchiques voient le jour, parfois d’ailleurs avec l’accord des puissances locales acculées par les vikings. C'est ainsi qu'en 911, au traité de Saint-Clair-sur-Epte, le roi de Francia occidentalis, Charles le Simple, donne le comté de Rouen, noyau de la future Normandie, au chef viking Rollon, contre la promesse de son baptême et l'engagement de faire la police en basse Seine sur les autres Vikings. Ainsi peut être engagé, comme d'ailleurs dans le « royaume d'York » ou dans telle ou telle enclave des côtes de Frise ou de Saxe, un véritable processus de fusion entre les peuples d'origine nordique et le peuplement de l'Europe occidentale.

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En Europe orientale, la reconnaissance de nouveaux itinéraires de commerce détermine les Scandinaves à s'aventurer vers l'est. Dans les dernières décennies du IXème siècle, le Norvégien Ottar longe les côtes scandinaves jusqu'au cap Nord et à la mer Blanche pour y imposer des tributs aux Lapons, mais surtout pour y chasser les morses et les baleines, sources de matières premières (ivoire, os, peaux, graisse) très prisées des Européens de l’époque. Les Suédois sont les plus audacieux dans cette quête de nouveaux contacts commerciaux. Dès le début du IXème siècle, ils s'aventurent sur les rivages orientaux de la Baltique, puis, atteignant les cours supérieurs du Dniepr et de la Volga, ils parviennent à la mer d'Azov en 839, et à la mer Caspienne en 864, sur les rives de laquelle ils se heurtent aux musulmans. Bien que l'on signale des attaques de Varègues sur Constantinople en 860 puis en 941, les Suédois s'adonnent surtout à l'exploitation marchande de ces routes. Les Suédois s'installent de préférence dans les bourgades fortifiées (les goroda), Staraïa Ladoga, Novgorod, Kiev, où a commencé de se développer une véritable activité économique. Certains d'entre eux, tel le fameux Riourik, prince de Novgorod mentionné vers 860, y occupent bientôt des postes de pouvoir. Le qualificatif de « russes », qui leur est alors attribué, est même donné aux grandes principautés des plaines slaves de l'Est (la question de l'origine slave ou normande des premières formations étatiques russes reste très disputée entre historiens « normannistes » et historiens « slavisants »). Ils contribuent surtout à établir une connexion directe entre les peuples islamisés des steppes du Sud-Est européen, côtoyés depuis les bords de la mer Noire jusqu'aux rivages de la Caspienne, et ceux des mers de l'Europe du Nord.

L'aventure atlantique, quant à elle, est avant tout l'affaire des Norvégiens. Ceux-ci, ayant utilisé les Shetland et les Orcades comme autant de bases en direction de la Grande-Bretagne, sont, dès l'aube du IXème siècle, attirés vers les îles Féroé, puis, aux environs de 860, vers l'Islande. Les premières colonies de peuplement y sont établies à partir de 870. C'est d’Islande qu'Erik le Rouge part en direction du Groenland, atteint en 981, et où s'installent bientôt quelques communautés ; de là encore que Leif Eriksson embarque à la découverte du mythique Vinland : les découvertes archéologiques faites à l'Anse aux Meadows, dans le nord de Terre-Neuve, paraissent confirmer que les Vikings ont été les premiers découvreurs occidentaux de l'Amérique, même si leurs établissements y ont été précaires et éphémères. En revanche, c'est à eux que les archipels du nord de l'Écosse, les îles Féroé et surtout l'Islande, doivent l'essentiel de leur peuplement. Cette dernière, qui, suivant le Landnámabók, ou Livre de la colonisation, compilé à la fin du XIIème siècle, reçoit peut-être une vingtaine de milliers d'immigrants au cours du siècle qui suit sa découverte par les Norvégiens, devient un des plus vivants foyers de la culture scandinave du Moyen Âge.

Ce qui a permis aux Vikings de mener d’aussi nombreuses et grandes expéditions vers le Vieux Continent est leur grande maîtrise de la navigation et donc, leurs bateaux.

II – Les navires, symbole de la supériorité Viking.

L’examen minutieux des bateaux vikings tels que ceux d’Oseberg et de Gokstad, exposés au musée des Bateaux vikings d’Oslo, permet de mieux comprendre la suprématie des Vikings en tant que peuple marin sur des sociétés solidement établies comme celles qui occupent l’Angleterre, la France et l’Irlande de 800 à 1050, et témoigne du génie des charpentiers scandinaves.

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Bateau d’Oseberg, musée des bateaux vikings d’Oslo

Les bateaux vikings sont légers et résistants, grâce à la technique de la construction à clin : les planches du bordé se chevauchant à la manière des tuiles d'un toit, il suffit, pour les faire tenir les unes avec les autres, de les clouer ou de les riveter solidement sur toute leur longueur, sans qu'une charpente intérieure lourde et rigide n’ait besoin d’assurer la cohésion de l'ensemble. D'autre part, le fond plat est pourvu d'une simple planche de quille : l'embarcation, au profil transversal en accolade, offre à la fois stabilité et résistance à la dérive.

Sur cette structure commune, des variantes peuvent intervenir selon que le bateau est destiné à la guerre, au commerce, au cabotage ou aux expéditions lointaines. Le vocabulaire des inscriptions runiques et des sagas rend compte de ces différents usages : il est question de knörr pour le gros navire de commerce, de langskip et de snekkja pour les navires de guerre – en tout cas, jamais de drakkar à proprement parler (ce mot, signifiant « dragon », étant improprement attribué aux navires vikings dont la proue était dotée d’une figuration de cet animal fabuleux). Leurs navires de guerre sont rapides, équipés d’un mât central et d’une voile carrée, ce qui permet à l’équipage de ramer même lorsque la voile

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