L'eau source renouvelable mais menacée
Par Orhan • 2 Octobre 2017 • 5 959 Mots (24 Pages) • 645 Vues
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- Les conflits géopolitiques liés à l’eau bénéficient, comme les autres conflits, de l’arbitrage des institutions internationales telles que l’ONU, la CPA de La Haye. Mais devant l’augmentation des conflits, un Conseil mondial de l’eau (World Water Council) a été créé en 1994 pour unifier les efforts dans le domaine de la gestion de l’eau à l’échelle mondiale.
- A défaut d’accords internationaux sur l’usage des fleuves (sauf si ils sont navigables, convention de Barcelone de 1921), seuls des accords volontaires peuvent avoir de l’effet. Un projet s’appuyant sur une utilisation « raisonnable et équitable » des eaux a bien été présenté à l’ONU en 1992, approuvé en 1997, mais il est toujours en attente de ratification.
- Se multiplient alors les comités de bassin qui instituent une coopération entre les Etats riverains.
- Le Rhin : La Commission internationale pour la protection du Rhin (CIPR), créé en 1950, accords pour limiter la pollution chimique. La catastrophe industrielle près de Bâle en 1986 et ses conséquences écologiques accélèrent la coopération.
- Brésil/Paraguay : L’accord d’Itaipu en 1973, entre le Brésil et le Paraguay, met un terme à un siècle de conflit frontalier et décide la construction conjointe d’un barrage hydroélectrique géant sur le Paraná. L’usine est exploitée par une société binationale, couvre ¼ de la consommation électrique du Brésil et excède les besoins énergétiques du Paraguay.
B) Vers une gestion durable de l’eau
1) Préserver la qualité et la diversité des zones humides
- Les zones humides constituent un patrimoine faunistique et floristique inestimable. Elles couvrent 600M d’ha. En Europe, les zones humides ont longtemps été drainées ou bien asséchées. Mais rôle important de filtre naturel, de régulateur des rythmes hydrologiques. La protection de ces espaces date de la Convention internationale Ramsar de 1971. Les pays signataires s’y engagent à protéger 1.822 sites de zones humides, c'est-à-dire y réglementer l’urbanisme et limiter l’artificialisation des berges. En Europe, dispositif été renforcé par le programme Natura 2000.
2) Limiter les risques naturels et sanitaires liés à l’eau
- Les principaux risques hydrologiques dépendent d’aléas naturels. Les dégâts matériels et humains sont sans comparaison entre les pays du Nord (prévention efficace des risques) et les pays du Sud (population prise au dépourvue). Les territoires les plus vulnérables sont les régions arides ou semi-arides. Les territoires exposés aux crues, en particulier en zone tropicale et dans les régions affectées par la mousson, sont également concernés.
Un des principaux moyens de limiter ces risques est la construction de barrages qui permettent de régulariser le débit des fleuves. Ces barrages écrêtent les crues et servent de réservoir, et produisent également de l’hydroélectricité. Mais de plus en plus critiqués :
- Le coût exorbitant, peu de retombées locales
- L’efficacité en cause. On estime à 100 ans la durée de comblement du barrage d’Assouan sur le Nil. L’inconvénient est double : le barrage perd en efficacité et les terres agricoles situées en aval sont privées de l’apport des fertilisants naturels que constituent les sédiments.
- Le préjudice symbolique : La construction du barrage des Trois Gorges en Chine a entraîné le départ de 1,8M de personnes. Selon un rapport de la Commission mondiale des barrages, la construction de barrages a été à l’origine du déplacement de 40 à 80M de personnes au cours du siècle dernier.
- Les risques hydrologiques dépendent aussi d’aléas sanitaires. Les maladies telles que le choléra, la typhoïde ou la dysenterie ont aujourd’hui été éradiquées des pays développés, mais des épidémies localisées dans les pays du Sud atteignent régulièrement des centaines de milliers de personnes. Le PNUD rappelle que plus de 3.000 enfants meurent chaque jour de diarrhées liées à la consommation d’une eau de mauvaise qualité.
Les mesures pour limiter ces risques consistent en la généralisation de l’accès à l’eau potable, mais aussi l’assainissement des eaux usées et polluées. Ces mesures constituent un des objectifs du Millénaire pour développement fixés en 2000 par les Nations unies. Elles sont au cœur de l’initiative de la Décennie internationale pour l’eau (2005-2015) décrétée par l’ONU. Or si des efforts sont faits en faveur de l’adduction d’eau, ceux pour l’assainissement sont moins soutenus. Or le PNUD le souligne dans son rapport mondial, l’un ne devrait pas aller sans l’autre.
3) Lutter contre le réchauffement climatique pour enrayer l’aggravation des risques hydrologiques
- Selon le GIEC, le réchauffement climatique actuel entraîne une élévation de la température, mais modifie également le rythme et l’intensité des précipitations à l’échelle mondiale. Trois conséquences du réchauffement climatique font consensus :
- Une amplification des dynamiques pluviales : hautes latitudes et régions comme Afrique de l’Ouest ou l’Inde verront leurs précipitations augmenter ; des régions arides ou semi-arides comme le bassin méditerranéen ou l’Australie les verront diminuer.
- Un accroissement de la variabilité des précipitations : le cycle des sècheresse pourraient s’allonger dans certaines régions, tandis que les risques d’inondation pourraient s’aggraver dans d’autres.
- Une élévation générale du niveau de la mer qui devrait faire diminuer les nappes d’eau douce des petites îles et des terres situées au niveau de la mer.
- Lutter contre ces risques passe certes par des dispositifs locaux tels que les transferts d’eau pour alimenter les régions les plus sèches, l’endiguement des cours d’eau susceptibles d’entrer en crue ou l’enrochement des côtes basses pour limiter leur érosion. Mais cela passe surtout par une diminution mondiale drastique des gaz à effet de serre qui sont à l’origine du réchauffement climatique.
IV- Demain, les guerres pour l’eau ? Les conflits de l’eau dans le monde
Dans un ouvrage au titre évocateur, La ruée vers l’eau, Roger Cans prédit que l’eau sera une ressource de plus en plus convoitée dans le monde et que des pénuries graves pourront dresser les populations les unes contre
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