L'Espagne et sa géographie.
Par Junecooper • 8 Novembre 2017 • 2 310 Mots (10 Pages) • 454 Vues
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la gestion exclusive aux dépens de l’État central. Il en résulte des clivages territoriaux entre régions d’une part, et d’autre part entre régions et gouvernement qui ne reproduisent pas les clivages politiques traditionnels. Une nouvelle loi sur l’eau, en cours d’élaboration, s’inspire en partie de l’expérience de la France en ce domaine (application des principes « pollueurs-payeurs » et « l’eau paie l’eau ».
La distribution territoriale des richesses et des hommes
La population de la péninsule Ibérique est plus dense sur les façades maritimes que dans les régions intérieures. À l’exception de Madrid et, dans une moindre mesure, de Saragosse et de Valladolid, les grandes villes espagnoles sont localisées dans les régions littorales. On ne saurait y voir la seule influence du relief ou de la forme massive de la péninsule, puisque cette disposition n’était guère sensible jusqu’au XVIe siècle. La Vieille-Castille, par exemple, était une région parmi les plus peuplées et les plus actives de toute la péninsule. Il s’agirait donc d’un phénomène historique – le déclin du pays à l’époque moderne a moins touché les régions périphériques – auquel est venu s’ajouter, depuis la seconde moitié du XXe siècle principalement, l’attrait exercé par les régions littorales.
De plus, il n’y a pas de corrélation entre la distribution de la population sur le territoire et celle des revenus moyens per capita puisqu’il existe d’importantes disparités parmi les régions de la périphérie littorale : par exemple, entre la Galice et le Pays basque sur la côte Cantabrique, ou entre la Catalogne et Murcie sur la côte méditerranéenne.
• Le découpage du territoire et l’évolution démographique
Deux phénomènes majeurs ont contribué à modifier profondément le visage de l’Espagne au cours du dernier quart du XXe siècle : une nouvelle forme d’organisation politique proche de celle d’un État fédéral, et une forte augmentation de la population sous l’effet d’une immigration en plein essor.
Le régime des autonomies régionales
L’union des couronnes de Castille et d’Aragon par le mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand d’Aragon en 1469, suivie de la prise du royaume nasride de Grenade en 1492 puis de la conquête du royaume de Navarre en 1512 assurèrent l’unité de l’Espagne au début des Temps modernes. Par la suite, ni les rois, ni les révolutions ne jouèrent en Espagne un rôle unificateur comme en France, et le régionalisme déboucha même, au XIXe siècle, sur la constitution de « nations », parmi lesquelles se distinguèrent la Catalogne et le Pays basque et, à un moindre degré, la Galice. Pour chacune de ces régions, une langue originale constitua le vecteur du nationalisme. Si la seconde République (1931-1936) accorda une autonomie à ces trois peuples, le régime autoritaire et centralisateur du général Francisco Franco (1936-1975) en prit le contre-pied. À la mort du dictateur, le rétablissement de ces trois autonomies régionales devenait une exigence démocratique parmi d’autres. Toutefois, le maintien de l’appareil d’État franquiste en rendait la réalisation difficile et risquée et faisait craindre le déclenchement d’une nouvelle guerre civile. La recherche d’un compromis accordant aux dix-sept régions historiques formant l’Espagne un statut d’autonomie devait créer la fiction d’un traitement égal pour toutes, sans paraître avantager les trois région-nations. La Constitution qui établissait ce régime, dit « des autonomies », fut ratifiée en 1978. Elle ouvrait des perspectives d’élargissement des domaines de souveraineté des régions, lequel s’est d’ailleurs poursuivi par la suite sous l’impulsion notamment de la Catalogne. Le choix des limites régionales ne posa guère de problèmes et, à quelques rares aménagements près, reprit le découpage provincial qui, effectué en 1833, n’avait pas fait disparaître les régions historiques demeurées une réalité vécue. Chaque région disposait d’un statut propre pour exercer son pouvoir, d’un gouvernement, d’un Parlement et même des attributs symboliques de l’identité régionale : armoiries, drapeau, parfois hymne régional. Ce système apporta une solution au délicat problème politique des régionalismes, récurrent en Espagne depuis deux siècles, sans pour autant satisfaire les Basques dont une forte minorité exige toujours l’indépendance. Il assura également une nécessaire décentralisation qui s’est accompagnée de sentiments de responsabilité régionale. Toutefois, après plus d’un quart de siècle de fonctionnement, de vives tensions apparaissent, soit entre régions soit entre le pouvoir régional et le pouvoir central, notamment dans le domaine de la répartition des impôts.
La reprise démographique
En l’espace d’un siècle, entre 1900 et 2010, la population de l’Espagne est passée de 18,6 à 46,9 millions d’habitants. Cette importante augmentation s’est produite au cours d’une transition démographique durant laquelle le taux de natalité, en dépit d’une forte baisse, a diminué moins vite que le taux de mortalité (à l’exception des années de guerre civile). Mais, entre le début des années 1970 et 1986, l’indicateur conjoncturel de fécondité est passé nettement au-dessous du seuil de renouvellement de la population (de 2,8 à 1,3), laissant entrevoir une perspective de stabilisation de la population autour de 40 millions d’habitants au début du XXIe siècle. Or l’Espagne connut, de 2000 à 2008, un taux d’accroissement annuel de 1,2 p. 100. L’évolution du nombre d’étrangers recensés est, à cet égard, significatif. De 61 000 en 1960, leur nombre est passé à 390 000 en 1990 et à 5,7 millions en janvier 2010. Ce renversement insolite de tendance est donc lié à un fort courant d’immigration, jusque-là très limité, l’Espagne ayant été plutôt un pays d’émigration. En effet, à partir du milieu des années 1950, de nombreux Espagnols répondirent à l’appel de main-d’œuvre des chantiers et des usines de l’Europe en plein développement : France, Allemagne, Belgique principalement. Mais à partir du début des années 1980, les retours l’emportèrent sur les départs et ces derniers s’amenuisèrent. Le développement économique de l’Espagne, amorcé dès le début des années 1960, s’accéléra après l’entrée du pays dans la Communauté européenne en 1986. Cet essor en faisait désormais un pays d’accueil pour des immigrants en quête d’emploi provenant de pays pauvres, en particulier
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