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Libéralisme et conservatisme en Espagne au 19e siècle

Par   •  17 Novembre 2018  •  2 973 Mots (12 Pages)  •  448 Vues

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des villes), ce qui est déterminant pour le courant libéral favorable aux réformes. En outre, les harangueurs libéraux présents aux Cortes favorisent également le prêche de la parole libérale. Ainsi de nombreux orateurs de talent émergent à l’instar du comte de Toreno, Argüelles et Quintana ce qui permet de faire passer un message consistant en un panégyrique libéral. De facto, c’est dans ce cadre qu’est proposée la Constitution de 1812 à Cadix. Cette dernière repose dans un idéal libéral promulguant la primauté de la souveraineté nationale qui doit se situer au-dessus du monarque. La nation est alors présentée comme univoque et unanime sans distinctions de classes et d’états. Entre limitation des prérogatives royales et liberté d’impression, il s’agit véritablement de l’avènement d’un libéralisme pur. Pour finir, l’emplacement géographique de Cadix, favorise également cette logique libérale. En effet, en tant que ville côtière, cette dernière est marquée par un libéralisme économique caractérisé par une ouverture sur l’extérieur ainsi qu’un commerce international d’autant plus renforcé par la grande présence de la bourgeoisie dans cette ville. De surcroît, le rassemblement Cortes fait bourgeonner le terme « libéral » en Espagne. Celui-ci se place au centre de l’affrontement entre les partisans des réformes et les opposants à tout changement substantiel ou symbolique. Fortement inspirés du courant français des Lumières - qui a son homologue espagnol, l’Ilustración - les libéraux espagnols puisent dans les acquis révolutionnaires afin de prôner des valeurs de liberté et de démocratie. En définitive, cette Constitution reflète alors l’acmé d’un libéralisme espagnol tant politique qu’économique.

Cependant, bien que considérée comme une référence libérale, la portée de cette constitution n’est pas maximale puisqu’elle est pratiquement ignorée des masses populaires et essentiellement représentative d’une élite espagnole concentrée à Cadix et qui ne communique pas forcément avec le peuple des guérillas. Ainsi, il n’est pas difficile pour le roi Ferdinand VII, rétabli sur le trône une fois la retraite de Napoléon, d’abolir cette même Constitution en 1814.

II) Une résistance conservatrice en faveur de l’Ancien Régime et de la monarchie ou « l’utopie réactionnaire » incarnée par Ferdinand VII (1814-1833)

A) Une période de restauration et de sévère répression

L’année 1814 marque le retour de la monarchie d’Ancien Régime – commune en Europe notamment après le Congrès de Vienne en 1815 - qui fait office de restauration conservatrice d’un modèle répressif à l’encontre des libéraux. En effet, cette dynamique s’impose avec l’abolition de la Constitution libérale de Cadix par Ferdinand VII en 1814. Les milieux libéraux sont alors extrêmement déçus et voient leurs projets virevolter sous le triomphe du monarque absolu. Après cette censure libérale s’en suit une véritable répression envers les libéraux avec des ministres (nommés par le roi) particulièrement hostiles à ces derniers. Une forme de Terreur blanche s’installe alors afin de réprimer les dynamiques révolutionnaires et libérales pour mieux sécuriser la royauté en vigueur. Apparaissent ainsi des « commissions de purification » (juntas de purificaciones). Par exemple, en 1817, le général Lacy y Gautier dirige un mouvement anti-absolutiste en Catalogne qui se soldera par la mort de ce dernier, fusillé le 5 juillet de la même année à Palma de Majorque. En outre la volonté de faire taire le libéralisme politique, celui-ci s’exprime également sur le plan économique car de grands changements de l’organisation des flux commerciaux sont effectués avec, pour conséquence, la crise économique frappant les milieux ruraux mais également les finances publiques à cette période. Il s’agit donc, entre 1814 et 1819, de la première restauration absolutiste qui marque l’abolition de l’œuvre constitutionnelle et une implacable répression visant, plus encore que les afrancesados, les libéraux tenus pour des révolutionnaires et des ennemis du monarque. Cependant après la mise en œuvre d’une réforme fiscale jugée inégale et rencontrant des difficultés, le succès libéral tend à s’imposer à partir de 1820.

B) Les prémisses refoulées d’insurrections à caractère libéral (1820-1823)

La doctrine libérale triomphe ostensiblement entre 1820 et 1823 et fait plier le roi Ferdinand VII, contraint d’accepter un bref interlude constitutionnel. En janvier 1820, le colonel Riego effectue le premier pronunciamiento (= un coup d’État) afin de défendre le libéralisme et de revendiquer un retour à la Constitution déchue de Cadix. Naît alors de ce soulèvement la période de Triennat libéral (Trienio liberal) qui s’accompagne de l’effectivité du programme révolutionnaire : rétablissement des libertés publiques (liberté de la presse par exemple), rétablissement d’une milice nationale ou encore dissolution des ordres religieux réguliers. La période fut aussi riche que brève avec l’effusion de clubs, de journaux et de manifestations ainsi que l’apparition d’un schisme entre libéraux modérés (los moderados) et plus radicaux (los exaltados) qui démontre la diversité des options politiques. Ainsi ces éléments permettent la politisation populaire ainsi que l’inclusion des masses dans une société urbaine et foisonnante d’idées alors désenclavées du monopole élitiste (le libéralisme économique tend à rencourage l’hégémonie politique, sociale, culturelle et économique d’une classe dirigeante). Cependant des répressions à l’encontre des tentatives de soulèvements absolutistes ont également eu lieu et Madrid devient par exemple le théâtre d’un affrontement entre la milice nationale (libéraux) et les troupes absolutistes le 7 juillet 1822. Finalement, c’est avec une aide européenne (apeurée de l’ampleur grandissante de l’idéal libéral) et plus particulièrement française que la menace libérale espagnole est abattue. D’abord avec la prise du Trocadéro, forteresse stratégique pour contrôler l’accès à Cadix, du 31 août 1823. Et c’est notamment avec l’aide du Duc d’Angoulême que le règne de Ferdinand VII est restauré pour la seconde fois. Cette fois-ci la répression est d’autant plus forte que la première : les pendaisons et les fusillades furent omniprésentes, le tribunal de l’Inquisition redoubla ses fureurs tandis que les prisons se remplissaient peu à peu. Durant cette période

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