Histoire de la Tunisie
Par Raze • 15 Octobre 2018 • 6 387 Mots (26 Pages) • 557 Vues
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II-Les institutions municipales
La province d’Afrique comptait un grand nombre de villes qui existaient avant l’ère romaine. Le pouvoir municipal était exercé par des magistrats élus qui avaient une autorité sur la ville et son territoire rural. Hormis les sept villes libres susmentionnées, toutes les autres étaient pérégrines, c’est-à-dire habitées par des populations puniques ou berbères, considérées comme étrangères par les Romains. Elles devaient payer un impôt appelé le stipendium. Ces villes gardaient leurs institutions carthaginoises en élisant tous les ans un conseil de notables à leur tête deux magistrats (suffètes).
Les habitants pérégrins ont aspiré à la citoyenneté romaine qui ne pouvait être obtenue qu’avec la promotion du statut de leur ville comme municipe ou colonie. Cette promotion ne pouvait être obtenue que suite à une romanisation avancée de la ville, la construction d’édifices romains tels que les temples, les édifices de loisirs (théâtre, amphithéâtre..), l’adoption de la langue latine, des dieux romains…
Le statut de municipe conférait aux habitants qui étaient de condition libre un statut intermédiaire entre celui de citoyen et celui d’étranger. La ville pouvait garder ses institutions locales ou adopter la constitution romaine.
Le statut de colonie obligeait la ville à adopter la constitution romaine. C’était le degré le plus élevé dans la hiérarchie municipale.
Le statut de citoyen romain permettait beaucoup de nouveaux droits aux autochtones, tels la garantie des biens de toute expropriation dont pouvaient être l’objet les peuples conquis, l’enrôlement dans la légion, le mariage avec des Romains, la promotion politique aux classes équestres et sénatoriales et l’obtention de fonctions conséquentes à l’échelle de l’Empire.
Les élections du sénat local étaient annuelles et se tenaient à la grande place publique (forum). Les candidats devaient disposer d’une fortune suffisante car ils étaient tenus, une fois élus, de payer une somme spécifiée par la loi (summa legitima). La concurrence était telle entre les candidats, qu’ils devaient surenchérir et payer une somme supplémentaire (summa adjecta) qui venait sous forme de monuments publics (arcs de triomphe, thermes, théâtres, marchés, temples, portiques,…) ou festins (spectacles, banquets publics). Les candidats devaient respecter leurs promesses pour pouvoir continuer leur vie politique et gravir des échelons plus importants au niveau de l’Empire, avantages qui étaient importants pour leur descendance. La famille du candidat était tenue, en cas de décès de ce dernier, de réaliser ces promesses. Le sénat local comptait généralement une centaine de membres appelés décurions à la tête desquels il y avait deux ou quatre magistrats (duumvirs, quattuorvirs) qui avaient déjà exercé d’autres magistratures municipales, anciens édiles (responsables des constructions) et questeurs (responsables des finances). Au bas le l’échelle du sénat municipal, il y avait les simples décurions qui n’avaient revêtu encore aucune dignité municipale. Ces magistratures étaient annuelles et collégiales.
Les jeunes magistrats devaient gagner la popularité par leur prodigalité. Ces donations favorisaient la carrière du jeune décurion qui devait d’abord briguer la questure. Cette charge en faisait le gérant de la caisse municipale, alors que l’édilité lui donnait la direction des travaux publics et des marchés. La charge suprême était partagée entre les duumvirs ou les quattuorvirs qui ordonnançaient les dépenses, jugeaient les petites affaires ; ils étaient aussi responsables de l’ordre public et étaient chargés de l’exécution des lois et ordonnances du pouvoir central. Il leur appartenait aussi d’assurer la levée des impôts. Pour ce faire, on dressait tous les cinq ans le cens, c’est-à-dire qu’on déterminait la fortune de chaque citoyen et son rang dans la hiérarchie sociale. On appelait quinquennales les duumvirs ou quattuorvirs élus pour l’année du recensement.
III- La ville romaine
Les villes romaines de Tunisie ont souvent continué des villes préromaines puniques ou numides. Assez souvent elles ont un plan irrégulier. Dougga en est un exemple. Son plan irrégulier est dû à la topographie accidentée de la colline sur laquelle elle a été bâtie et son histoire. Les nouvelles créations romaines (Carthage, Sbeitla,…) ont adopté un plan en échiquier comme celui d’un camp militaire. Le tracé des artères y est régulier Est-Ouest et Nord-Sud. L’artère principale Est-Ouest est appelée Decumanus Maximus. L’artère principale Nord-Sud est appelée Cardo Maximus. Ces deux artères passent à côté du forum (Sbeitla) ou y aboutissent sans le traverser (Carthage). Parallèlement au decumanus maximus, on va tracer des rues (pl. decumani) qui vont recevoir des numéros selon leur proximité et leur position par rapport à l’artère principale : decumanus I, II, III, IV, Nord, decumanus I, II, III, IV, Sud, etc. Il en est de même des cardines : Cardo I, II, III, Est, I, II, III, Ouest… Les espaces obtenus entre les cardines et les decumani sont appelés insulae (au singulier insula) qui étaient des pavés ou blocs comprenant les constructions.
IV- Le forum
Le forum, place publique officielle, doit occuper autant que possible le centre de la cité. Les axes principaux - cardo maximus et decumanus maximus- aboutissent ainsi au forum sans le traverser. C’est une place dallée, interdite aux charrettes et aux animaux. Une enceinte l’isole fréquemment des constructions limitrophes. Elle était surélevée par rapport aux rues voisines de quelques marches pour empêcher l’accès aux charrois.
Héritée de l’agora grecque, cette place romaine avait une forme rectangulaire et des dimensions proportionnées à l’importance de la ville. Elle était dallée et bordée de portiques surélevées d’une ou plusieurs marches qui offraient un abri contre la pluie et le soleil. Entre la colonnade de la galerie, comme sur la place même, se dressaient des piédestaux qui portaient les statues des empereurs, des personnages illustres de la cité. Elle était aussi décorée de statues d’empereurs et des magistrats célèbres. Ces galeries couvertes donnaient accès à des bâtiments publics comme la curie (siège du sénat municipal) et la basilique(cour de justice), à des boutiques, des chapelles. L’un de ses côtés était occupé par le capitole, temple dédié à la triade Jupiter, Junon et Minerve. C’est
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