Histoire : Le rapport des sociétés à leur passé
Par Plum05 • 14 Novembre 2018 • 2 666 Mots (11 Pages) • 505 Vues
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En vérité, l'Occupation allemande et le régime de Vichy ont fracturé la société française. Si quelques uns, dès le 18 juin, choisissent de résister, un bon nombre de Français voient en Pétain, le "sauveur de Verdun". Le Maréchal Pétain choisit de satisfaire, voire d'anticiper les demandes allemandes, afin d'assurer à la France une place de choix dans le nouvel ordre européen nazi. Le 24 octobre 1940, il rencontre Hitler à Montoire et lui serre la main pour marquer qu'il s'engage dans la collaboration.
À cette Collaboration d'État qui entraîne le versement de réparations de guerre à l'Allemagne nazie, la mise au service des Allemands de l'administration française, la mise au service de l'Allemagne des jeunes du STO (service du travail obligatoire), et la rédaction par Pétain d'un statut des Juifs français avant que les Allemands ne le lui aient demandé, s'ajoutent d'autres types de collaborations:
- Le collaborationnisme, c'est à dire l'adhésion idéologique de Français à l'idéologie nazie (miliciens, soldats de la LVF -Légion des volontaires français-, journalistes comme Brasillac, écrivains comme Drieu La Rochelle).
- La collaboration économique qui entraîne la livraison de nourriture, de camions,d 'avions...
- La collaboration "sentimentale" des femmes qui tombent sous le charme de soldats allemands (comme l'actrice Arletty).
- La délation: dénonciations de Résistants, de Juifs...ou de voisins gênants souvent anonymes, sauf lorsqu'une prime est promise par les autorités allemandes.
- L'aryanisation des biens juifs, facilitée par l'élimination de leurs propriétaires grâce aux lois édictées par Vichy en un premier temps, puis aux déportations massives décrétées dans le cadre de la solution finale.
Face au régime de Vichy et aux Allemands, se sont constitués des mouvements de résistance intérieure de différentes obédiences: gaullistes, communistes, nationalistes , qui mènent différentes actions, du renseignement aux sabotages en passant par l'édition de journaux clandestins, la distribution de tracts...À partir de 1943, ils sont unifiés par Jean Moulin, envoyé par le général de Gaulle. On les qualifie de FFI (Forces Françaises de l'Intérieur). Leurs dirigeants forment "le conseil de la Résistance" et rédigent un programme que devra mettre en application le chef du futur gouvernement provisoire, c'est à dire de Gaulle.
C'est à de Gaulle qu'obéit la Résistance extérieure, les FFL (Forces Françaises Libres).
Qui d'autre contrevient aux lois de Vichy et de l'occupant? Les "Justes" qui protègent des Juifs. Une part non négligeable de la population qui en veut également aux Allemands et au régime de Vichy pour le rationnement auquel ils sont contraints. Ceux qui sont pourchassés (outre les Résistants, déjà évoqués, les prisonniers de guerre évadés des Stalags, les jeunes qui fuient le STO, les Juifs, les Tziganes...)
Discours de l’Hôtel de Ville, 25 août 1944
Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions l'émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez nous, dans Paris debout pour se libérer et qui a su le faire de ses mains.
Non ! nous ne dissimulerons pas cette émotion profonde et sacrée. Il y a là des minutes qui dépassent chacune de nos pauvres vies.
Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! libéré par lui-même,libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France tout entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle.
Eh bien ! puisque l'ennemi qui tenait Paris a capitulé dans nos mains, la France rentre à Paris, chez elle. Elle y rentre sanglante, mais bien résolue. Elle y rentre, éclairée par l'immense leçon, mais plus certaine que jamais, de ses devoirs et de ses droits.
Je dis d'abord de ses devoirs, et je les résumerai tous en disant que, pour le moment, il s'agit de devoirs de guerre. L'ennemi chancelle mais il n'est pas encore battu. Il reste sur notre sol. Il ne suffira même pas que nous l'ayons, avec le concours de nos chers et admirables alliés, chassé de chez nous pour que nous nous tenions pour satisfaits après ce qui s'est passé. Nous voulons entrer sur son territoire comme il se doit, en vainqueurs.
C'est pour cela que l'avant-garde française est entrée à Paris à coups de canon.
C'est pour cela que la grande armée française d'Italie a débarqué dans le Midi ! et remonte rapidement la vallée du Rhône.
C'est pour cela que nos braves et chères forces de l'intérieur vont s'armer d'armes modernes.
C'est pour cette revanche, cette vengeance et cette justice, que nous continuerons de nous battre jusqu'au dernier jour, jusqu'au jour de la victoire totale et complète.
Ce devoir de guerre, tous les hommes qui sont ici et tous ceux qui nous entendent en France savent qu'il exige l'unité nationale. Nous autres, qui aurons vécu les plus grandes heures de notre Histoire, nous n'avons pas à vouloir autre chose que de nous montrer, jusqu'à la fin, dignes de la France. Vive la France !
I- Mémoire officielle et mémoires oubliées (1945-1970)
A- L'épuration:
A la libération, l’épuration s’abat sur les collaborateurs et les miliciens jugés responsables des malheurs des Français pendant la guerre. C’est en quelque sorte un moment de vengeance nationale contre ceux qui ont soutenu Vichy ou les nazis. L’épuration a un statut assez ambigu, d'abord encouragée pour solder les comptes, puis canalisée. A l’été 1944, 9000 personnes sont fusillées sommairement par les résistants.
Dans certains départements on assiste à une véritable guerre civile à partir de 1943: les Résistants de Haute Savoie s'opposent aux miliciens et aux autres collaborateurs. Les résistants communistes (FTP) sont plus visés par la répression du fait de leur idéologie que ceux de l'AS (Armée Secrète). En
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