Fiche de lecture: Antomie de la bataille - KEEGAN John
Par Andrea • 19 Avril 2018 • 2 627 Mots (11 Pages) • 695 Vues
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Keegan se demande quelles attitudes un combattant va-t-il adopter en face de son ennemi ? Keegan nous explique que sur un champ de bataille, un soldat ne se demande pas forcément qui va perdre ou gagner, mais plutôt s’il va survivre. Son instinct de survie le pousse à ne plus obéir aux ordres militaires. Le stress auquel est ajouté un temps de réflexion minimal en est la cause.
Ce que nous dit l’auteur, c’est qu’il y a une différence entre la pratique et la théorie. Sur le terrain, les soldats ne se comportent pas comme on leur a enseigné à l’école militaire. De son point de vue, si une bataille est perdue, ce n’est pas par rapport au manque de moyens ou d’effectifs, mais plutôt à cause de l’instinct de survie qui a poussé les soldats à s’enfuir.
L’étude à faire ici est celle de l’individu au combat, celle de l’homme au combat, face à ses ennemis. Les choix qu’il fait, les décisions qu’il prend.
-La première analyse que nous propose l’auteur est celle de la bataille d’Azincourt. Cet affrontement ne correspond pas à la définition contemporaine de la bataille que ce soit du point de vue psychologique que tactique. Les combattants côtoient la mort qui est omniprésente dans cette société, et n’ont aucune idée de ce qu’est un commandement centralisé.
Il existe cependant une forme de discipline collective, mais ce ne sont pas des dynamiques que l’on retrouve dans les armées modernes. Cependant il existe une organisation, un réseau de commandement qui, comme chez les archers anglais, se révèle très efficace.
Les organisations ne sont pas très bien connues comme nous le dit John Keegan : qui donne les ordres ? Comment ces ordres sont-ils relayés ? On ne peut qu’émettre des hypothèses.
Au sein de chaque armée, les lignes s’intimident et cherchent à s’impressionner mutuellement, même si cela n’est pas le cas chez les Anglais à Azincourt.
« Il ne s’agit d’un affrontement à proprement parler, mais d’un processus d’intimidation qui fait que les plus forts, les plus braves, s’arrogent cette position aux dépens des plus faibles. » (p.88)
Keegan nous parle ensuite de l’organisation des combats dans différents exemples ; « Infanterie contre cavalerie », « archers contre infanterie et cavalerie ». L’idée principale ici est que aussi longtemps que les deux camps résistent et ne cèdent pas, les dommages sont considérés comme dérisoires.
Cependant si un des deux camps cède, ce qui est généralement provoqué par une désorganisation, le combat se transforme alors en un véritable carnage. Les deux premières lignes s’effondrent et les hommes en armure deviennent la proie de cavaliers légers qui peuvent les surprendre. La bataille d’Azincourt est alors une guerre de classe entre l’aristocratie française mal organisée et les anglais qui vont profiter du désordre afin de massacrer les soldats tombés au sol.
Comment les combattants vont-ils au combat ?
« Il est probable qu’ils festoient avant la bataille » p88.
John Keegan nous explique que pour que les hommes aillent au combat, ils se seraient, d’une manière ou d’une autre, enivrés. De plus, la religion occupait une place importante et était primordiale d’un point de vue individuel autant que collectif.
Il est également question du traitement des prisonniers. Pour Keegan, le roi Henri V a ordonné le massacre des troupes françaises capturées, afin de semer le chaos sur le champ de bataille. Mais en réalité, ce fut à chaque soldat de décider du sort de son prisonnier : le tuer pour s’emparer de ses armes et de son armure, ou alors le mettre à rançon.
Les Français furent massacrés car les Anglais étaient trop occupés au combat. En effet, on imagine que le massacre n’était pas aussi lucratif que rançonner les prisonniers.
De plus il n’y a « aucune gloire» à tuer un adversaire désarmé. C’est ce que l’on apprend dès l’adolescence «au contraire, le risque d’y perdre son honneur est considérable » p.112. Mais on nous dit aussi que les archers sont étrangers au système chevaleresque..
A l’époque médiévale, le taux de mortalité était élevé, et la mort au combat n’était pas une si triste mort. En effet elle permettait à l’individu d’améliorer le sort de sa lignée et plus important, sa position dans les trois ordres médiévaux.
-La seconde bataille analysée par Keegan est Waterloo. Cette bataille est différente sur plusieurs points de celle d’Azincourt. Déjà ici les motivations sont différentes et collectives. Il y a un objectif commun, celui de défendre la nation, et non plus un objectif individuel. Le duc de Wellington se méfie des troupes hollandaises et belges, nombreuses dans son armée. Il les juge peu fiables « parce qu’elles préfèrent Napoléon à leur prince d’Orange »p.129, selon une « rumeur ».
On a ce phénomène de nationalisation de l’armée, et les tactiques et techniques militaires qui contribuent à neutraliser les stratégies militaires.
D’abord par rapport au champ de bataille, Waterloo était envahi d’une épaisse fumée noire de poudre. Les combattants aveuglés devaient donc suivre machinalement les ordres de leurs officiers. A cela on ajoute le bruit des canons et de la fusillade, qui empêche alors toute forme de communication.
« Si la fumée est une épreuve pour les sens, on peut dire que le bruit, lui atteint le combattant au plus profond » p.151
Le champ de bataille reste cependant assez restreint, mais à la différence d’Azincourt, le spectateur ne peut plus distinguer le champ de bataille dans son ensemble. Une autre différence par rapport à la bataille d’Azincourt vient du fait que les armées ne sont pas ancrées dans la religion. Du côté français nous avons des soldats inscrits dans une tradition laïque révolutionnaire, et du côté anglais, il n’y a pas de pratique religieuse importante.
Les armes, le bruit, la faim, le froid … tous ces éléments créent une dynamique collective, pas comme à Azincourt, ou les actions de chacun pouvaient créer le chaos, mais dans un ordre donné et par groupe.
Les troupes à Azincourt sont dirigées par des officiers qui commandent, sans que les hommes sachent réellement ou ils vont.
Lors d’une rencontre, par reflexe de survie, les troupes combattent pour leur défense personnelle. Cette
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