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Compte rendu, Tabac au Canada début 20e siècle

Par   •  20 Novembre 2018  •  1 671 Mots (7 Pages)  •  343 Vues

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qui valorisent le produit, recherchent le tabac de meilleure qualité (celui de Cuba est l’un des plus prisés) et vont dénigrer la consommation faite d’une autre manière qu’avec le cigare. Le paysan québécois est donc perçu comme inférieur étant donné qu’il fume majoritairement la pipe. Il se crée alors, dans ce milieu déjà très fermé, une hiérarchisation des individus et de prestige social qui passe par le tabac consommé et dont les critères de sélection sont principalement basés sur une construction d’idéologies raciales. Pour démontrer cette affirmation, la qualité supérieure du tabac provenant de Cuba est expliquée par l’Encyclopaedia Britanica en considérant que les connaissances de cette population proviennent des blancs durant la période d’esclavage, et une autre explication mentionne que les Cubains sont simplement biologiquement supérieurs pour la production de cigares. Cette perception se retrouve aussi le dénigrement du tabac produit par les habitants des campagnes «le tabac canadien». La hiérarchisation du tabac qui s’effectue dans la période de la fin du 19e siècle permet d’appliquer celle-ci aux individus, non seulement par la méthode de consommation, mais aussi par la provenance du produit. S’ajoute à cette hiérarchie de nombreux critères, dont la validité est bien souvent douteuse, dans la culture entourant le tabac et où la bourgeoisie montréalaise se plaît à dénigrer les habitants des campagnes. Il n’en reste pas moins que cette vision n’est pas homogène et que le tabac canadien avec son prix bas offre une grande compétition au tabac produit industriellement. Cette construction culturelle de catégories de tabac et l’influence de ce produit sur la perception d’une personne en font, durant le tournant de ce siècle, un outil politique puissant. Les politiciens vont fumer le tabac canadien pour montrer leur allégeance à la campagne et le tabac en vient à prendre une grande importance dans le milieu politique.

Les dangers que peut entraîner le tabac sur la santé ne sont pas inconnus à cette époque, mais il est considéré néfaste seulement dans le cas d’excès ou de consommation à un trop jeune âge, et fait avec modération, il est considéré comme un remède à plusieurs maux. Le tournant du siècle apporte toutefois de nombreux questionnements sur la consommation de tabac et amène le WCTU2 à faire pression dans le but d’instaurer une prohibition sur le tabac ou la création d’un âge minimal. Ces démarches connaissent en grande partie du succès dans les provinces du Canada, mais font face à un échec à Montréal principalement à cause de la barrière linguistique dans les tentatives de prévention. Sur ce point, les documents distribués par l’organisme sont principalement en anglais et très peu sont traduits en français et les journaux francophones s’opposent à l’âge minimal ainsi qu’à une prohibition. De plus, le WTCU ne reçoit pas le soutien des deux grandes organisations religieuses, l’Église anglicane et de l’Église catholique romaine, dont la prise de position s’oppose à des restrictions législatives et prône plutôt la modération. Ces caractéristiques spécifiques à Montréal expliquent la raison pour laquelle le mouvement de réglementation qui est appliqué dans de nombreuses provinces canadiennes n’y trouve pas la même réussite. L’organisme fait aussi face à un rejet de ses propositions dans la politique, où, l’on considère que la prohibition est une attaque aux libertés individuelles (mâles) et n’arrive pas à faire face à la forte pensée libérale encore présente.

Avec l’arrivée de la production de masse à l’aube de la Grande Guerre, le tabac et sa représentation culturelle, se transforment. La cigarette amène un standard de goût qui vient progressivement faire disparaître le tabac canadien et vient établir une nouvelle transformation, où l’association entre le produit et le prestige social lié au tabac perd de son importance dans la culture. De plus en plus, l’image de la cigarette devient masculine, et cela, surtout à la suite de la Première Guerre mondiale et avec l’aide de la publicité. C’est aussi après cette guerre, que les femmes commencent progressivement à acquérir le droit de fumer sans que leur féminité soit remise en cause. Cette acceptation de femmes dans cet espace social, autrefois exclusivement masculin, représente une partie d’une transformation importante dans le rôle des sexes. Avec ce nouveau consommateur, la publicité commence à cibler les femmes et cela marque une évolution de la culture entourant le tabac. Ainsi, suite aux années 20, la femme qui fume ne porte plus la connotation négative qu’elle avait auparavant et fait le lien entre celle-ci et la femme moderne, la femme de la classe moyenne, celle qui prend sa place dans le monde et permet d’atteindre un statut social plus élevé.

Le livre porte donc sur l’importance qu’a eue le tabac à la fin du 19e et au début du 20e siècle dans la construction de la société et sur la transformation des valeurs durant les changements qui s’installent au courant période. Le tabac n’est pas la cause de la transformation qui se produit, mais plutôt une très bonne représentation du changement culturel et social, au Canada et surtout à Montréal.

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